Questions de société
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« "L'effet enseignant" , la nouvelle doctrine qui nous vient d'outre-atlantique » (Le Mammouth déchaîné- 15/07/11)

Publié le par Bérenger Boulay

Le Mammouth déchaîné

http://le-mammouth-dechaine.fr/ 

Stratégie 15/07/11

Une petite bombe issue des services du premier ministre, en plein été. Vous dormiez ?

* « L'effet enseignant », la nouvelle doctrine qui nous vient d'outre-atlantique.

Après les nouveaux pédagogues, voici l'ère des nouveaux stratèges de l'EN. Et leur vocabulaire préféré : performance, résultats, mérite, essai, efficacité pédagogique... et celui qui n'est pas employé : concurrence, précarisation, repousser la stabilisation des enseignants, moduler le salaire, autonomie poussée...
bref une autre façon de dire (et faire passer) ce que l'on veut nous faire croire depuis 15 ans (au moins)...

Le Centre d'analyse stratégique qui comme son nom l'indique est une pièce maîtresse de la nouvelle gouvernance LOLFienne qu'on a, vient de publier une étude sur "l'effet enseignant" qui rapporte « un ensemble de recherches menées dans le domaine de l'éducation », recherches qui ont «  pu confirmer l'intuition de nombreux parents : les progrès de leurs enfants dépendent de manière significative du talent et des compétences de leurs professeurs ».

Si la recherche désormais sert à confirmer les intuitions, on peut avoir l'intuition que bientôt il n'y aura plus de recherche.

D'autant plus qu'il ne s'agit que d'un recyclage de recherches américaines... dont celui financé par la Bill and Melinda Gates Foundation, et dirigé par des spécialistes reconnus issus des grandes universités américaines, le projet MET (Measures of Effective Teaching), a été lancé aux États-Unis à l'automne 2009. Il vise à améliorer l'information disponible pour évaluer l'efficacité des enseignants et donc à se doter d'un outil de mesure performant pour identifier les enseignants et les pratiques éducatives efficaces.
Ou encore le projet STAR (Student Teacher Achievement Ratio) fut initialement un projet de recherche expérimentale visant à tester l'effet d'une réduction de la taille des classes. L'expérience a eu lieu dans 79 écoles du Tennessee entre 1985 et 1989. Comparaison n'est pas raison.

Bref, il faut montrer à tout prix que les (mauvais) résultats des élèves sont le seul produit du (mauvais) travail des profs. Exit les considérations culturelles et sociales, c'est sans doute trop de gauche.

L'étude qui trouve ce qu'elle cherche, recommande (bien sûr) d'explorer tous les moyens d'encourager les enseignants à améliorer leur "performance" : embauche à l'essai, salaire au mérite, coaching..., le tout pour affirmer que 10 % à 15 % des écarts de résultats constatés en fin d'année entre élèves peuvent s'expliquer par l'enseignant auquel l'enfant a été confié".

Autre belle analyse : »l'ampleur de l'"effet enseignant" est supérieure à celle de l'"effet établissement" : le professeur a davantage de poids sur la progression des élèves au cours d'une année donnée que l'établissement dans lequel ces derniers sont scolarisés. La portée d'une augmentation de l'efficacité pédagogique d'un enseignant est aussi potentiellement supérieure à celle d'une diminution de la taille des classes » .

Dans cette situation, il devient indispensable d'augmenter l'efficacité du travail enseignant.

Les auteurs proposent alors de durcir les conditions de la titularisation, attribuée aujourd'hui quasi systématiquement après deux ou trois ans d'expérience en tant qu'enseignant certifié. « Le quart des enseignants certifiés ayant démontré la moins grande valeur ajoutée durant leurs deux premières années d'enseignement se la verrait refuser". le rapport estime que cette mesure entrainerait "une amélioration des résultats moyens des élèves de 14% ».

Le mammouth vous donne l'intégralité du document : 2011-07-12-effetenseignant-na-qsociales-232