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Appels à contributions
L'autre voix de la littérature écrite

L'autre voix de la littérature écrite

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Cahiers de littérature orale)

L'autre voix de la liitérature écrite

Les œuvres littéraires les plus classiques ont pris en compte l'existence des mondes de l'oralité bien avant que l'ethnographie ne cartographie ces univers sans écriture. Toutefois, la littérature orale en tant que telle n'a été inventée que tardivement par les sociétés occidentales. La question fait toujours polémique d'ailleurs : la littérature orale ne se disqualifierait-elle pas comme une aberration lexicale sinon sémantique en conjoignant deux référents antinomiques : la lettre et la parole ? Il reste que des écrivains modernes ont pu être comme fascinés par ces systèmes culturels et symboliques oraux, encore de pleine voix ou déjà mis en sourdine par l'Histoire. Il s'agit parfois de réminiscences d'enfance, parfois aussi d'une découverte plus tardive et fortuite. Celle-ci se vit souvent comme une ouverture dont la nature peut rester énigmatique, mais qui s'impose : une trouée obscure ou lumineuse, un passage vers un univers insoupçonné. Ces expériences humaines et langagières d'une altérité culturelle proche ou lointaine sont parfois la matière même de l'exercice de la littérature chez des gens de lettres et de papier. A la recherche d'un effet de réel, en quête d'une oralité perdue, à la croisée d'une interrogation esthétique et d'une question anthropologique ? A l'instar peut-être de J. M. Le Clézio qui, écoutant une conteuse, acquiert "la certitude que la littérature pouvait exister".

Notre numéro se propose de retrouver cette oralité du monde chez des écrivains qui témoignent d'une façon ou d'une autre que cette expérience culturelle et personnelle, fortuite ou recherchée, subliminale ou presque objectivée, est une matrice de leur écriture littéraire. Ce serait, par exemple, l'aventure de Jean Paulhan dont l'expérience exotique des proverbes malgaches fut au principe de sa réflexion sur le langage voire son écriture ; ce serait encore l'aventure de Garcia Lorca qui recueillit dans "toutes les contrées d'Espagne" des berceuses dont l'émotion poétique le retint vivement ; ce serait enfin l'aventure scripturale d'un Flaubert quand il décrit dans ses brouillons les mœurs champêtres de son héros pour styliser à l'extrême cette prime ethnographie fictionnelle dans le travail de récriture en sa version finale.

Les contributions attendues ici ne visent donc pas la mise en évidence de traits linguistiques d'oralité folklorique ou populaire dans l'écriture littéraire mais l'oralité comme source culturelle et ressource langagière d'imaginaires textuels communément désignés comme littéraires.

Nicole Belmont (belmont@ehess.fr), Manon Brouillet (brouillet@phare.normalesup.org) et Jean-Marie Privat (jean-marie.privat@univ-lorraine.fr

Modalités de soumission

Les propositions seront envoyées avant le 31 janvier 2014, les contributions retenues avant le 30 avril 2014. Elles n'excéderont pas 50000 signes. On se reportera à la note aux uateurs qui figure dans chaque numéro des Cahiers de littérature orale.