Actualité
Appels à contributions
L'autoréflexivité dans le romanesque de L'Astrée au Manuscrit trouvé à Saragosse

L'autoréflexivité dans le romanesque de L'Astrée au Manuscrit trouvé à Saragosse

Publié le par Vincent Ferré (Source : François Rosset)

L'assiette des fictions sous l'Ancien-Régime :
l'autoréflexivité dans le romanesque de L'Astrée au Manuscrit trouvé à Saragosse


Colloque en deux volets : Lausanne, 9-10 février 2007 – Louvain, 8-9 juin 2007


L'un des champs les plus féconds de la recherche sur le roman d'Ancien-Régime ces dernières années consiste dans l'examen des diverses manifestations de l'autoréflexivité qui s'y présentent. Beaucoup de ces fictions, tout en construisant des univers artificiels entre expérience du réel, investigation des possibles et produits de l'imagination, renvoient au lecteur une interrogation pluridimensionnelle sur les constituants, le statut, la motivation, les valeurs poétiques et heuristiques de la fiction elle-même. Plusieurs travaux récents ont permis de mettre en lumière les procédures de mise en scène du discours fictionnel ; l'examen des apparats péritextuels, l'étude de la parodie, du recyclage et des réemplois de formes constituées, ont mis au jour le fonctionnement, en particulier rhétorique, du régime métafictionnel mis en oeuvre dans un si grand nombre de textes de cette époque. Sans doute, l'horizon des études possibles dans cette direction est-il encore très largement ouvert, mais c'est sur une autre dimension du même phénomène que seront concentrés les travaux du double colloque annoncé ici.
Les questions qui y seront débattues relèvent moins de la rhétorique et de la discursivité que de la représentation. Il s'agit, plus précisément, d'examiner, dans le corps textuel des fictions, les unités de sens, plus ou moins élaborées, qui assurent le glissement du niveau narratif où se constitue et se développe avec vigueur la matière romanesque vers une plate-forme de lecture distanciée, indépendante du cours de la narration, où se dessine une représentation de ce corps textuel en tant qu'ancrage de la fiction. Ces unités de sens se manifestent dans une certaine diversité de natures, de propriétés et d'extension :
1. Sous le régime de l'allégorie, on trouve des figures qui incarnent la représentation elle-même, qu'il s'agisse du sujet de l'acte créateur, des objets créés ou de l'idée de création ; ces figures relèvent de traditions mythologiques ou sont inscrites lisiblement dans le patrimoine de la fiction, tels les Pygmalion, Prométhée ou Psyché, les diables, les artisans, les artistes, les enfants trouvés, les errants et nomades.
2. Dans la dimension spatiale des fictions, il y a des scènes ou décors constitués pour servir de cadre à l'expérience des limites du réel : décors d'opéra, petites maisons et cabinets, galeries de peintures, ateliers d'artistes, salles d'auberge, autant de lieux où des instances de réception (visiteurs, spectateurs, lecteurs, voyageurs, etc.), internes ou externes à ce lieu, sont amenées à mesurer le fonctionnement même d'une fiction qui y est produite.
3. Au niveau des enchaînements narratifs, s'imposent des séquences particulièrement aptes à représenter l'expérience subjective de celui qui est confronté à la coprésence ou à la superposition de deux univers (réel et fiction en tant qu'ils sont l'un et l'autre reconnaissables comme tels dans le texte) : toutes occurrences de basculement soudain des conditions de perception, toutes formes de passages, les orages et tempêtes, le réveil, le duel.
4. Quant au domaine des accessoires, il est lui aussi très riche en objets, tels la valise, le carrosse, l'échiquier, le bilboquet, la plume, le miroir, la pièce de monnaie (vraie ou fausse) qui s'imposent, dans l'univers romanesque, comme signaux de fictionalité, du fait qu'ils participent à la mise en place des conditions de possibilité et d'émergence de la fiction.
De l'exposé monographique au parcours transversal, de l'approche comparée à l'examen thématique, de l'étude de cas à l'analyse systématique, toutes les méthodes peuvent a priori servir à la réflexion commune proposée ici autour de ces questions inépuisables qui ne prennent sens qu'au carrefour des multiples réponses qu'elles peuvent susciter : comment s'articulent, dans le roman, l'illusion et la réflexion ? La fiction ne renvoie-t-elle, en dernier ressort, qu'à elle-même ?

Les propositions de communications peuvent être envoyées jusqu'au 1er septembre 2006 à Adrien Paschoud, Université de Lausanne, Section de français de la Faculté des lettres, BFSH2, 1015 Lausanne (Suisse) – adrien.paschoud@unil.ch
Le colloque aura lieu d'abord à Lausanne, les 9 et 10 février 2007, puis à Louvain, les 8 et 9 juin 2007. Les personnes intéressées sont priées de préciser si elles sont disponibles pour l'un et l'autre volet ou seulement pour l'un des deux ; il ne sera toutefois possible, en principe, de présenter une communication qu'à l'une des deux manifestations. Les organisateurs s'efforceront d'établir une complémentarité entre elles en fonction des propositions qui leur seront soumises.
Les frais d'hébergement seront assumés par les organisateurs. En principe, les frais de voyage seront à la charge des participants.
Les actes des deux manifestations seront publiés en un seul volume.

Jan Herman – KU Leuven
Paul Pelckmans – Université d'Anvers
Adrien Paschoud – Université de Lausanne
François Rosset – Université de Lausanne