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L'adaptation dans le cinéma anglophone: De la page blanche aux salles obscures 4 : Premières pages, premiers plans

L'adaptation dans le cinéma anglophone: De la page blanche aux salles obscures 4 : Premières pages, premiers plans

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Delphine Letort)

Colloque « L'adaptation dans le cinéma anglophone: De la page blanche aux salles obscures 4 : Premières pages, premiers plans » - Université du Maine (Le Mans, France) - 21-22 juin 2012

            Présenté sous forme d’un prologue, évoqué à travers le générique, intégré à la première séquence, développé dans un flash-back, occulté dans un fondu au noir, l’incipit d’un roman pose sans doute la première énigme narrative et le premier souci de mise en scène au réalisateur dont le projet filmique se base sur l’adaptation d’une écriture littéraire. Philippe Sohet suggère que la fonction de l’incipit n’est pas stable, qu’elle a changé au « gré des époques, des contextes culturels et des genres discursifs en proposant de multiples modalités expressives aux topos d’ouverture » (Philippe Sohet, Images du récit, Québec, Presses universitaires du Québec, 2007). Ainsi, l’incipit affiche les codes fictionnels qui permettent d’établir le contrat de lecture entre l’auteur et son lecteur ; il participe à la connivence dont le mode autobiographique se nourrit, annonce la transgression des codes dans des œuvres dites « postmodernes ».

            La quatrième édition « De la page blanche aux salles obscures » envisage d’étudier l’adaptation cinématographique à travers le prisme de la première page. La perspective « premières pages - premiers plans » nous invite à interroger les principes du « contrat d’adaptation » illustré dès l’incipit d’un film alors que génériques et premières séquences scellent le contrat de lecture de l’œuvre. Dans son ouvrage pionnier sur l’adaptation filmique, intitulé Rethinking the Novel/Film Debate, Kamilla Elliott attire l’attention sur l’interaction entre le texte et l’image dans l’édition illustrée de Vanity Fair (Thackeray) : l’illustration (souvent intégrée au texte lui-même, entremêlée à la première lettre) confirme-t-elle ou contredit-elle la lecture ? Si l’auteure utilise cet exemple pour souligner que l’image est historiquement liée au roman, et que de manière comparable le film est historiquement lié au texte (sous la forme des intertitres), la juxtaposition du texte et de l’image telle qu’elle est articulée à travers les premières pages d’un livre et les premiers plans d’un film ouvre une piste de recherches innovantes et prometteuses. Si l’incipit précise la nature de l'écrit, permet un classement du genre, quelles stratégies sont déployées à l’écran pour faciliter ou non l’entrée dans le récit ? Quelles répercussions ces choix ont-ils sur la structure narrative et dramatique de l’adaptation ? 

            Quelques pistes de réflexions (non exhaustives) :

  • les génériques d’ouverture comme textes à lire et textes à voir (ex : Bladerunner et l’écran noir du générique sur lequel défile un long texte expliquant l'existence des replicants ; images qui suppléent le texte dans le générique de Farenheit 451)
  • l’effet d’amorce dans les séquences d’ouverture et les incipit littéraires (plans de situations qui rappellent les premières phrases dans l’adaptation BBC de Pride and Prejudice ; une silhouette masculine qui marche avec des béquilles vue en contre-jour au début de Double Indemnity)
  • la question de la signature et de la paternité de l’œuvre (ex : la voix de l'auteur qui traverse l'adaptation de Henry V de Branagh, où il fait entonner les vers de Shakespeare à Derek Jacobi pour se différencer de la version d'Olivier ; la place du scénariste écrivain associé à la réalisation dans Smoke)
  • le mode de l’appropriation dans les remakes (ex :les remakes de The Postman Always Rings Twice où la référence filmique se mêle à la référence littéraire)
  • le conflit entre générique, premières séquences, texte source (ex : le générique de Soylent Green évacue d’emblée les éléments politiques du roman Make Room! Make Room!)
  • les stratégies d’entrée dans la fiction (selon les genres, les époques, les sources)
  • les marqueurs de l’adaptation culturelle, narrative, commerciale (etc) d’œuvres écrites en langue étrangère.

Les propositions (250 mots) sont à envoyer à Shannon Wells-Lassagne swellslassagne@9online.fr et à Delphine Letort delphine.letort@univ-lemans.fr avant le 15 novembre 2011. Les communications peuvent être en français ou en anglais.