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L’adaptation comique

L’adaptation comique

Publié le par Camille Esmein (Source : Céline Bohnert)

L'équipe jeunes chercheurs du LISAA (Littérature, Savoirs et Arts EA 4120) organise une journée d'étude le samedi 7 février 2009 sur le thème :

L'adaptation comique

 - De la référence à l'irrévérence -

Parmi les moyens de transmission de la création artistique, la référence aux chefs d'oeuvres du passé est l'un des phénomènes les plus aisément identifiables. Se référer à l'oeuvre d'un autre, c'est revendiquer un héritage, c'est rendre hommage à une oeuvre séminale. Le créateur reconnaît une influence, une source d'inspiration. Ce phénomène, au-delà de la simple citation, peut devenir la clef de construction d'une oeuvre. Par le biais de l'adaptation, un artiste donne naissance à une oeuvre parfaitement neuve et pourtant complètement tournée vers une autre. L'adaptation est à la fois un geste créateur et un processus de mise en rapport.

Dans le cas de l'adaptation comique, les rapports entre la source et l'oeuvre nouvelle posent des problèmes spécifiques : de prime abord, il semble paradoxal que l'hommage rendu passe par le rire. Le comique implique une prise de distance. Attaque-t-il alors le prestige de l'oeuvre séminale ? Cette question ouvre plusieurs perspectives :

w         le choix d'une source : oeuvre canonique, oeuvre mineure, fait réel…

w         les moyens et les instruments de l'adaptation, notamment le changement de medium ou de langue

w         les instances en jeu dans l'adaptation : source, adaptateur, oeuvre nouvelle, public

w         la cible du rire

w         la transformation du regard du public sur l'oeuvre source

Le rapport du créateur à la source

Le créateur, lorsqu'il adapte une oeuvre de référence, cherche-t-il à en pointer les faiblesses ? S'élève-t-il contre la suprématie de canons devenus incontournables, étouffant l'essor de nouvelles oeuvres ? L'auteur constate-t-il la difficulté de la création, comme si tout ce qu'il pouvait dire avait déjà été dit ? L'auteur d'une adaptation cherche-t-il encore à acquérir un prestige, en surpassant un auteur reconnu, soit qu'il le dévalue, soit qu'il crée une oeuvre supérieure ? Mais le comique n'est pas toujours incisif. La transposition comique peut constituer en soi un processus créateur qui réinvestit le prestige de la source, sans irrévérence, comme dans le Virgile Travesti de Scarron.

La fabrique du rire

On peut s'interroger sur la potentialité comique de la source. Est-elle elle-même comique, ou contient-elle des éléments que l'adaptateur choisit de mettre en lumière ? Le comique naît-il plutôt d'un geste qui consiste à renverser le prestige d'une oeuvre et à faire naître le rire là où il n'avait aucune place à l'origine ? La Gazza ladra de Rossini est par exemple l'adaptation comique d'un fait divers tragique.

Les formes de l'adaptation comique peuvent être diverses, voire problématiques. Un pastiche est-il en soi comique ? S'il fait appel à la culture du lecteur, il suscite sans doute une certaine forme de plaisir, de sourire intellectuel. La variation stylistique dénote un rapport ludique à l'écriture, qui peut, peut-être, se rattacher à la question de l'adaptation comique. Que dire de la parodie, du tragi-comique, du burlesque ?

Les cibles du rire

Si l'auteur ou l'oeuvre source ne sont pas visés, le comique peut-il porter sur le sujet traité dans l'oeuvre d'origine ? La source est-elle le prétexte à une satire d'un monde, d'un système politique, d'une religion, d'un ordre social ?

Le statut de l'oeuvre

Enfin, l'adaptation est une oeuvre d'un statut original ; elle est une création à part entière, et pourtant elle ne se conçoit que dans un perpétuel va-et-vient de son public entre elle-même et sa source. Quelle autorité l'auteur d'une adaptation a-t-il sur son oeuvre ? En partage-t-il la paternité avec l'auteur-référence ? Existe-t-il le cas de figure d'une auto-adaptation comique ?

La réception

L'adaptation comique interroge aussi bien notre rapport à la source qu'à l'oeuvre nouvelle. L'adaptateur peut jouer moins avec l'oeuvre qu'avec le regard fétichiste qu'un public porte sur elle : pensons à la Joconde de Marcel Duchamp.

Y a-t-il des périodes plus propices que d'autres à l'adaptation comique, des contextes qui suscitent ce type de création ?

Enfin, le seul fait de changer de contexte peut-il être en soi source de rire ? Une oeuvre peut se révéler comique du seul fait du relativisme culturel et social.

Merci d'envoyer vos propositions d'une page maximum aux trois adresses mail suivantes avant le 30 septembre 2008.

Céline Bohnert (celinebohnert@yahoo.fr)

Adélaïde Jacquemard (adelaide.jacquemard@gmail.com)

Maud Pérez-Simon (maudsimon@neuf.fr)

LISAA (Littérature, Savoirs et Arts, EA 4120)

Université Paris-Est Marne-la-Vallée

  • Responsable :
    Céline Bohnert
  • Adresse :
    Université Paris-Est Marne-la-Vallée