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L'incivilité et ses récits, XVIIe-XVIIIe s. (Toulouse)

L'incivilité et ses récits, XVIIe-XVIIIe s. (Toulouse)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Fabrice Chassot)

L'incivilité et ses récits, XVIIe-XVIIIe siècles

Journée d'études organisée par Fabrice Chassot

Laboratoire PLH ( Patrimoine, Littérature, Histoire) ELH (Equipe Littérature et herméneutique)

25 novembre 2019, Université Toulouse Jean-Jaurès,

Maison de la recherche, salle D 31

 

Selon Norbert Elias, la maîtrise de l'agressivité, le contrôle du corps et des émotions se seraient développés peu à peu à partir de la Renaissance. La France, au XVIIe siècle, relaie cette nouvelle urbanité dessinée par Il Cortegiano et autres Galatée. La littérature, conçue comme « institution de l'homme », joua un rôle important dans la diffusion de ces modèles de civilisation. Les romans, ces « précepteurs muets », trouvèrent une légitimité comme préparation à la vie mondaine. Ce rôle éducatif supposait de civiliser la littérature elle-même. Au théâtre s'estompent, à partir de 1630, la brutalité, l'obscène et le malséant.

La civilité a fait l'objet d'études renouvelées ces dernières années, mais l'incivilité n'a été étudiée que par des biais comme le mauvais goût ou l'obscénité, alors qu'elle emporte des émotions bien singulières. Hors norme plus que transgressive, elle trouble et méduse. Rupture de l'harmonie sociale, interprétée comme laideur agressive, elle peut inspirer rire méprisant, dégoût irrépressible, méditation anthropologique, inquiétude plus ou moins réprobatrice. Sujet de choix, son traitement littéraire n'en est pas moins délicat. Est-elle seulement ridiculisée ? Quelle place trouve-t-elle dans une esthétique classique supposément raffinée et civilisatrice ? N'en interroge-t-elle pas les normes, les ambitions et les contours ?

Les captations esthétiques de l'incivilité nous renvoient à son interprétation. Depuis les années 1990, la notion d'« incivilités », mise en avant par la criminologie américaine, a connu une fortune certaine dans le discours social et politique. Pour la théorie de « la vitre cassée », les comportements incivils accroissent le sentiment d'insécurité, favorisent la criminalité et la défiance vis-à-vis des institutions. La visibilité et l'apparente gratuité des incivilités peuvent expliquer qu'elles soient perçues, malgré leur relative bénignité, comme une menace envers l'ordre social. Concevant autrement l'espace public, mais intensément sociable, l'âge classique a-t-il réprouvé l'incivilité ? Il n'est pas sûr qu'il ait confondu incivilité et incivisme. Il est possible qu'il ait attribué à l'incivilité une fonction sociale. La civilité peut être incivile, autant que l'incivilité civile.

On se propose de nuancer une lecture idéalisée de la politesse d'Ancien Régime. Journaux, caractères, anecdotes, mémoires, romans, oraisons funèbres : cette littérature moins codifiée et plus marginale permet d'éprouver l'idée d'une civilisation des mœurs.

 

Programme

9 h 30 Accueil des participants

Présidence de séance : Philippe Chométy

9 h 45 Fabrice Chassot, Introduction de la Journée

10 h Delphine Amstutz (Sorbonne Université), Humilier le prince. Les incivilités curiales dans les récits factuels du premier XVIIe siècle

10 h 30 Frédéric Briot (Université Lille 3), Quelques réflexions autour de l’incivilité érotique dans l’œuvre de Mlle de Scudéry

11 h 15 Françoise Poulet (Université Bordeaux – Montaigne), Être incivil à force d’être civil. Le cas du compliment dans les romans et traités de civilité au XVIIe siècle

11 h 45 Discussion

12 h 30 Repas

Présidence de séance : Bénédicte Louvat

14 h 30 Jean-Philippe Grosperrin (Toulouse – Jean Jaurès), Éloges de la rudesse. Le duc de Montausier comme figure dans les oraisons funèbres et les biographies (1690-1781)

15 h 00 Christophe Martin (Sorbonne Université), Paroles ingénues, babillardes et cyniques. Trois discours de l’incivilité dans les journaux et romans de Marivaux

15 h 30 Damien Crelier (Lycée Faidherbe, Lille), L'étiquette déchirée ? De quelques cas d'incivilité dans les Mémoires de Saint-Simon

16 h Discussion et pause

Présidence de séance : Stéphane Pujol

17 h Violaine Géraud (Lyon 3), La civilité incivile chez Crébillon

17 h 30 Michel Delon (Sorbonne Université), Incivilité et « incivilisation »

18 h Discussion et clôture de la journée

18 h 45 Fin