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L'écriture à l'épreuve d'elle-même

L'écriture à l'épreuve d'elle-même

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Hichem Ismail)

Ve COLLOQUE INTERNATIONAL DE L'ERCILIS

Équipe de Recherche en Civilisation et Littérature de Sfax – Université de Sfax

L’ÉCRITURE A L’EPREUVE D’ELLE-MÊME

EN COLLABORATION AVEC CLARE-LAPRIL DE L’UNIVERSITE DE BORDEAUX3

4-6 octobre 2012  Sfax-Iles Kerkennah

APPEL A COMMUNICATION

Dans le cadre du projet « Transformation de soi, dynamiques sociales et constructions identitaires » initié par l’équipe de Bordeaux 3, l’ERCILIS associée au projet, organise en collaboration avec CLARE-LAPRIL un colloque portant sur l’Écriture à l’épreuve d’elle-même. Cette question vise à explorer un des aspects  de la problématique générale du projet.

L’écriture n’est-elle pas quelque part une trace de soi ? N’est-elle pas à même d’opérer une révélation de soi à soi et, partant, d’opérer une transformation de soi ? Dans une approche onto-historique de la notion d’identité, l’acte d’écrire ou celui de créer de manière plus générale, n’est-il pas en effet un acte de construction de soi ? En quoi l’acte d’écrire permet-il d’insuffler des dynamiques sociales directes ou latentes et comment peut-il contribuer à initier diverses formes de constructions identitaires individuelles et collectives ? L’écriture et la création artistique ne constituent-elles pas des conditions de possibilité du passage de la constance de soi à la constance pour soi?

L’acte d’écriture pourrait s’apparenter métaphoriquement à l’épreuve du feu. En effet, l’écriture n’est-elle pas pour bon nombre d’écrivains une épreuve de tous les dangers qui peut faire couler à pic autant qu’elle peut ressusciter celui qui s’y adonne. Dans sa correspondance célèbre, Flaubert a insisté sur la difficulté de parvenir à la prose rêvée en insistant sur le caractère hautement physique du combat contre la page blanche. Dans Sodome et Gomorrhe, Proust est allé jusqu’à représenter cet être de solitude au souffle court qui s’échine à finir sa Recherche laissant s’immiscer subrepticement sur la page l’ombre encombrante du « je » narrant.

La question serait certainement de savoir quelle place le roman « achevé » des 20 et 21ème  siècles accorde à la restitution de l’expérience souffrante et/ou furieuse de l’acte d’écriture. En examinant de façon privilégiée les écritures narratives de langue française, n’est-on pas en mesure de déceler le double langage de l’oeuvre qui raconte en même temps qu’elle se raconte ? D’évidence, la figure de l’écrivain trouvera une place de choix dans le champ de l’interrogation. Que l’on pense à Dany Laferrière dans Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer ou à l’écrivain québécois Hubert Aquin dans Prochain épisode le surgissement de cette présence mi tutélaire / mi fantomatique fait partie intégrante du discours de l’oeuvre qui tend paradoxalement autant vers la fin de l’histoire que vers sa genèse.

Les douleurs d’écrire comme celles qui assaillent Virginia Woolf trouvent naturellement leur expression dans le Journal intime de l’écrivain. Néanmoins dans sa propension à investir tous les genres, le roman a très souvent annexé le « Journal » s’autorisant une écriture bipolaire qui se focalise plus ou moins alternativement sur le « je » narré et le « je » narrant. Le romancier contemporain en serait-il venu à réinterpréter le fameux vers de Baudelaire, « Sois sage, ô ma douleur et tiens toi plus tranquille » ? Au lieu d’étouffer l’expression de sa douleur d’écrire, ne tend-il pas à lui lâcher la bride, habité par la conviction symbolique qu’il n’est plus temps simplement de raconter des histoires mais aussi et surtout d’exposer aux yeux du lecteur le sens et le prix même de l’écriture ?

Ecriture et Douleur sont également des notions qui traversent l’oeuvre de Marguerite Duras et qui en recoupent deux titres. Ecrire, pose la création littéraire comme un acte d’empêchement et en même temps comme un espace somme de la réflexion de l’auteur sur son oeuvre, sur les conditions matérielles de sa gestation et sur les engagements mutuels qui en découlent entre l’écrivain et sa création. « Écrire. Je ne peux pas. Personne ne peut. Il faut le dire, on ne peut pas. Et on écrit. C’est l’inconnu qu’on porte en soi écrire, c’est ça qui est atteint. C’est ça ou rien. On peut parler d’une maladie de l’écrit.»

Le colloque, « L’écriture à l’épreuve d’elle-même » se propose d’appréhender le caractère digressif de certaines oeuvres narratives contemporaines de langue française afin d’observer quelles images de l’écrivain en train d’écrire elles mettent en perspective et de dessiner en creux par voie de convergence la silhouette de l’écrivain en situation. La mode de l’autofiction qui comporte des poches de réflexion de l’auteur sur les processus de l’écriture en gestation et sur ses propres procédés de création littéraire est à même de nous renseigner de manière intime sur la mise de l’écriture « à l’épreuve d’elle-même », voire, de la mise en crise de l’écriture, à la manière de Camille Laurens par exemple. La question sera enfin de savoir si ce méta-langage de l’oeuvre narrative accroît son degré de littérarité ou si, à l’inverse, elle finit par la parasiter.

Principales échéances

-  15 juillet 2012 : rentrée des propositions de communications.

- 31 juillet 2012 : notification de la liste des communications acceptées.

- 1er septembre 2012 : publication du programme.

Les collègues désireux de participer à ce colloque sont priés d'envoyer un résumé accompagné d'une notice bio-bibliographique au plus tard le 30 juin 2012. Les propositions sont à adresser à 

 

M. Hichem Ismail  (Université de Sfax)     ismail_hichem@yahoo.fr

M. Antony Soron (Université de Bordeaux)  asoron@wanadoo.fr

 

Comité scientifique 

Lassâad Jammoussi (ERCILIS, Université de Sfax), Antony Soron (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Habib Mejdoub (ERCILIS, Université de Sfax ), Gérard Peylet (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Danièle James Raoul (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Abdeljélil Elimam (ERCILIS, Université de Sfax),  Arbi Dhifaoui (Université de Kairouan), Jean-Michel Devésa (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Hélène Sorbé (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Abdelkrim Oubella (Université Ibn Zohr, Maroc), Mohamed Wahbi (Université Ibn Zohr, Maroc),  Kamel Skander (ERCILIS, Université de Sfax), Hélène Camarade (CLARE-LAPRIL, Université Michel de Montaigne, Bordeaux3), Hichem Ismail  (ERCILIS, Université de Sfax).

 

Comité d'organisation

Wafa Nasri (ERCILIS, Université de Sfax), Chedlia Kechaou (ERCILIS, Université de Sfax), Mariem Bellaâj (ERCILIS, Université de Sfax), Mounir Hajji (ERCILIS, Université de Sfax),  Injazette Bouraoui  (ERCILIS, Université de Sfax).

Coordinateur : Hichem Ismail

Responsables scientifiques : Lassaâd Jammoussi et Antony Soron

Url de référence :
http://www.ercilis.org

Adresse : EQUIPE DE RECHERCHE EN CIVILISATION ET LITTERATURE DE SFAX FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES B. P1168 SFAX 3000.