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Appels à contributions
Kitsch et théâtre

Kitsch et théâtre

Publié le par Marielle Macé (Source : Isabelle Barbéris, Marie Pecorari)

Journées d'étude « Kitsch et théâtre »

INHA Institut National d'Histoire de l'Art, Paris, France

4 et 5 juin 2009

Phénomène moderne et postmoderne sur lequel se sont entre autres penchés Clément Greenberg, Adorno, Hermann Broch, Susan Sontag, Milan Kundera, le kitsch envahit simultanément, depuis au moins un siècle, les représentations qui nous entourent et la perception que nous en avons. C'est bien dans l'articulation entre objet et sujet que se situe la définition du kitsch, qui relève autant, de ce point de vue, de l'analyse de la production de signes, que d'une phénoménologie de la lecture et du regard qui tendrait à multiplier les degrés de réception. Phénomène idiosyncrasique renvoyant à une impossible « objectivité de l'objet », le kitsch est une sensibilité dominante, une manifestation de la relativisation  des valeurs et de leur subjectivation.

 Etant donné l'ampleur du phénomène, ces journées d'étude tenteront dans un premier temps de cerner les enjeux du kitsch dans le champ des arts de la scène. Il faudra insister sur les dimensions et les questionnements spécifiques de ce champ, en particulier les questions de la théâtralité de l'objet kitsch, des problèmes que pose sa réception (dont on peut a priori dire qu'elle est divisée) et du jeu de l'acteur qui « joue avec les signes ». 

Le kitsch procède par masquage : qu'il soit tentative de se faire passer pour autre (selon une des ses étymologies présumées, le terme désignerait le fait de « déguiser » des meubles neufs pour leur donner la patine de l'ancien) ou mise en valeur de l'accessoire, du rebut au détriment de l'essentiel (autre étymologie possible : verkitschen, vendre à bas prix, ou ramasser des objets abandonnés), la stratégie kitsch entretient avec le théâtre une relation de type analogique. Le jeu de rôles grâce auquel le kitsch communique avec son spectateur a lieu selon certaines modalités codifiées, qu'il s'agira de porter au jour. La tromperie comme convention, qui apparaît comme le dénominateur commun de l'esthétique kitsch et de la forme dramatique, interroge au plus haut point la formation du consensus, et les phénomènes d'attraction-répulsion qui lui sont antérieurs. 

On s'intéressera tout particulièrement :

 
- Aux manifestations et stratégies du kitsch en scène : scénographie, décors, costumes, dramaturgie, mise en scène, jeu

- A la réception et aux réactions qu'il produit - dialectique retorse d'un art qui à différents degrés fait violence et recherche le consensus ou la connivence.

- Au Camp, pratique de l'« entre guillemets » (Susan Sontag) et du second degré ; comment se manifeste sur scène ce phénomène qui est déjà par essence théâtralisé ? On étudiera ses modalités : hyperthéâtralité, déplacement ou neutralisation de la théâtralité.

 
Ces quelques pistes sont des suggestions non exclusives.

 
Les chercheurs et doctorants sont invités à présenter une communication d'une vingtaine de minutes sur ce thème, dans le contexte des études théâtrales européennes et nord-américaines après 1945.

 
Les propositions de contribution d'environ 200 mots sont à envoyer à l'adresse suivante avant le 12 janvier 2009 : journeeskitsch@gmail.com

 
Organisation : Isabelle Barbéris et Marie Pecorari. 
 

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Kitsch and theatre seminar

INHA Institut National d'Histoire de l'Art, Paris, France

June 4-5, 2009 

A modern and postmodern phenomenon theorized by, among others, Clement Greenberg, Th. W. Adorno, Hermann Broch, Susan Sontag and Milan Kundera, kitsch has for a century pervaded simultaneously the representations around us and our perception of them. The definition of kitsch lies in the interplay between object and subject, which pertains as much of the analysis of sign production as of a phenomenology of reading and the gaze, which tends to multiply the degrees of reception.

An idiosyncratic phenomenon referring to the impossible « objectivity of the object », kitsch is a dominant sensibility, a manifestation of the relativisation of values and of the latter's subjectivisation. 

Taking into account the scope of the phenomenon, this seminar will attempt to narrow down the

topics at stake in the field of the performing arts. We shall insist upon the dimensions and interrogations specific to the field, and in particular the questions of the theatricality of the kitsch object, the problems posed by its reception (which can be deemed essentially divided), and acting, when it comes to « playing around with signs ».  

Kitsch, by definition, operates by masking : be it an attempt to pass for what it is not (according to one of its presumed etymologies, the term refers to masquerading new furniture to give it the patina of antiques) or be it the valorisation of the accessory, of refuse at the expense of the essential (another possible etymology : verkitschen, to sell at rock-bottom prices, or to pick up abandoned goods), the kitsch strategy enjoys an analogical relation to theatre. The role-playing thanks to which kitsch communicates with its spectators occurs along specific, codified modalities, which we will attempt to unveil. Because the kitsch deception is itself a convention, and as such often perceived as immediately artificial, it is highly prone to unmasking. 

We shall focus especially upon:

- The manifestations and strategies of kitsch on stage : scenography, sets, costumes, dramaturgy, directing, acting…

- The reception and reactions it fosters - in other words, the dialectic of an art which, in various degrees, is both offensive and consensus-seeking.

- Camp, the practice of « inverted commas » (Susan Sontag), of the second-degree ; how does kitsch, an inherently theatrical phenomenon, manifest itself on stage ? We will pay particular attention to its modalities of occurrence: reinforcement, displacement, the proliferation of theatrical signs… 

These are mere suggestions and by no means exclusive.  

Faculty, researchers and graduate students are encouraged to submit a proposal in French or English, in the context of post-war European and North American theatre studies. Presentations should be held to twenty-five minutes. 

The deadline for submission is January 12, 2009. 

Proposals (approximately 200 words) should be sent to the following address : journeeskitsch@gmail.com  

Seminar organisers : Isabelle Barbéris and Marie Pecorari