Essai
Nouvelle parution
K. Grierson, Discours d'Auschwitz. Littérarité, représentation, symbolisation.

K. Grierson, Discours d'Auschwitz. Littérarité, représentation, symbolisation.

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)

Karla Grierson, DISCOURS D'AUSCHWITZ. Littérarité, représentation, symbolisation, Champion, 2003, 526 p. 45 euros.

Jusqu'aux années 1990, les écrits autobiographiques de la déportation et du génocide hitlériens furent en grande mesure l'objetd'une mise au ban intellectuel en Europe : les travaux savants évoquaient les événements d'"Auschwitz" tout en se référant trèspeu, voire pas du tout, aux personnes qui les avaient connus, sous prétexte qu'il fallait maintenir un "silence" respectueux. Ce bilan demeure d'actualité, car si "l'indicible" des événements extrêmes est moins facilement accepté aujourd'hui qu'il y a quelques années, il apparaît encore sous des formes subtiles, dont la surfocalisation sur quelques acteurs et auteurs est peut-être, paradoxalement, l'un des axes majeurs. (Les études européennes récentes sur les textes de la déportation portent souvent sur un e poignée d'écrivains déjà connus : Primo Levi, Robert Antelme, Charlotte Delbo , comme cela fut le cas pour Elie Wiesel en Amérique du nord il y a dix à vingt ans.)C'est dans ce contexte que s'inscrit l'étude systématique des schémas d'écriture d'une cinquantaine de récits de vie (langues française, anglaise, allemande et italienne) de personnes ayant survécu à la déportation au complexe d'Auschwitz. L'examen de la représentation et, à un niveau supérieur, des vocationssymboliques de l'écriture, étayé par des références à de nombreux autres récits, et confronté aux discours critiques de toutes les disciplines, suggère que les revendications du "silence" ou de "l'indicible" viendraient, non de l'angoisse des déportés, mai s de celle des commentateurs, qui refait surface dans les vocations commémoratives (symbolisation culturelle).

Livre en attente de rédacteur pour Acta Fabula.