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Journée de formation : Des héros venus d’ailleurs. Comment traduire pour l’enfance et la jeunesse ?

Journée de formation : Des héros venus d’ailleurs. Comment traduire pour l’enfance et la jeunesse ?

Publié le par Vincent Ferré (Source : Virginie Douglas)

Journée de formation

Des héros venus d’ailleurs : Comment traduire pour l’enfance et la jeunesse ?

Vendredi 11 mars 2016, dans les locaux de l’IICP, Hôtel de Mézières, Eaubonne (95)

On croit connaître les classiques de l’enfance. Mais sait-on que les membres du Club des cinq d’Enid Blyton ne sont pas les Claude/Claudine, François, Michel/Mick, Annie et le chien Dagobert familiers des lecteurs français, mais les jeunes Britanniques George/Georgina, Julian, Dick, Anne et le chien Timmy, dont le terrain d’aventures est l’espace fictif du comté et de l’île de Kirrin et non la baie de Kernach en Bretagne ? Qu’il a fallu attendre plus de trois quarts de siècle pour que toutes les Histoires comme ça de Kipling soient traduites en français, grâce à l’idée géniale de Pierre Gripari, célèbre auteur des Contes de la rue Broca, pour traduire le jeu de mots central de « Comment le chameau acquit sa bosse », que les traducteurs d’origine n’avaient pas réussi à rendre en français ? Qu’un chapitre entier de Charlie et la chocolaterie, « Les bonbons carrés qui ont l’air d’être ronds », reste incompréhensible au lecteur français car il repose sur un jeu de mots intraduisible ? Que les Quatre filles du Docteur March, de protestantes et filles de pasteur, sont devenues catholiques et filles de médecin lors de leur traversée de l’Atlantique ? Que seule une retraduction, réclamée avec insistance par certains universitaires, a su rendre justice au caractère effronté, subversif, voire anarchique de l’original suédois de Fifi Brindacier… qui n’aurait sans doute jamais pu garder dans l’Hexagone son prénom initial, Pippi ? Que non seulement l’héroïne Alice de la Bibliothèque verte se prénommait au départ Nancy mais aussi que l’éditeur, dont le rôle est presque aussi important que celui du traducteur dans ce processus de translation, est allé, dans ce cas extrême, jusqu’à modifier le nom de l’auteur (en l’occurrence celui d’un syndicat d’auteurs), la Carolyn Keene américaine s’étant francisée en Caroline Quine ?

Ces exemples spectaculaires le montrent : ce que l’on connaît, en oubliant volontiers l’étape invisible du processus de traduction, ce sont en fait les contreparties françaises, plus ou moins adaptées et transformées, de ces classiques et de ces personnages patrimoniaux, résultats de l’intervention sur le texte d’autres acteurs que l’auteur d’origine. Or, ce travail caché du traducteur importe d’autant plus que l’enfant est par excellence le lecteur qui ne peut se passer de traduction pour accéder à un livre étranger. Et quand on sait qu’en France près d’un livre pour la jeunesse sur quatre est une traduction, on prend conscience de l’importance des enjeux liés aux choix et aux stratégies adoptés pour parvenir au texte d’arrivée.

Cette journée, qui ne demande pas de compétences linguistiques particulières, se penchera sur ces problématiques, qui retiennent de plus en plus l’attention des spécialistes de littérature de jeunesse et des traducteurs de ce corpus eux-mêmes. Qu’est-ce qui change lorsqu’on traduit pour un enfant ? Les contraintes de la traduction sont-elles d’autant plus nombreuses que le lecteur est jeune ? De façon globale, la traduction pour la jeunesse a-t-elle évolué depuis l’émergence de cette littérature ? Et si oui, en quoi ces mutations révèlent-elles une perception changeante, sans doute valorisée aujourd’hui, non seulement des livres pour la jeunesse mais également de leurs destinataires, les enfants, eux-mêmes ? Comment peut-on interpréter le phénomène récent mais massif de la retraduction des classiques enfantins en France ? Manifeste-t-il un respect plus grand de l’original ou une confiance accrue dans la capacité du jeune lecteur à accepter la part d’étranger dans le texte traduit ?

Les différents points abordés :

  • historique de la traduction pour la jeunesse
  • les grandes tendances et les différentes écoles de la traduction pour la jeunesse
  • traduction du roman vs traduction de l’album et du rapport texte-image
  • le cas particulier des mangas
  • la frontière ténue entre voix de l’auteur et voix du traducteur
  • pourquoi retraduire pour la jeunesse ?

Intervenants :

  • Anne Chassagnol, Université Paris 8 (spécialiste de la traduction pour la jeunesse, domaine anglophone),
  • Virginie Douglas, Université de Rouen (spécialiste de la traduction pour la jeunesse, domaine anglophone),
  • Patrick Honnoré, traducteur du japonais (notamment des mangas),
  • Mathilde Lévêque, Université Paris 13 (spécialiste de la traduction pour la jeunesse, domaine germanophone)
  • Catherine Renaud, traductrice des langues scandinaves (notamment des albums classiques de Tove Jansson)

Renseignements et inscription sur le site de l'IICP : http://www.institutperrault.org