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Le comique, les intellectuels et la politique

Le comique, les intellectuels et la politique

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Marie Duret-Pujol)

Journée d'Etudes

"Le comique, les intellectuels et la politique"

 

Dans une conférence prononcée en décembre 1999 à Chicago, « Pour un savoir engagé », Pierre Bourdieu définissait l'intellectuel(le) comme « quelqu'un qui engage dans un combat politique sa compétence et son autorité spécifiques, et les valeurs associées à l'exercice de sa profession, comme les valeurs de vérité ou de désintéressement, ou, en d'autres termes, quelqu'un qui va sur le terrain de la politique mais sans abandonner ses exigences et ses compétences de chercheur ». L'engagement qu'il dessine est alors résolument critique puisqu'il faut dénoncer « l'usage de l'autorité intellectuelle comme arme politique ». Plus fondamentalement, il s'agit de permettre aux dominé(e)s d'assurer leur défense contre la domination symbolique en proposant une triple critique, logique – elle vise l'argumentation, le lexique et les métaphores –, sociologique – s'intéressant à la sociologie des producteurs de discours dominants – et scientifique – appliquée aux évidences proférées par les dominants, avant d'envisager une invention politique. Si dans cette dernière tâche, les savants doivent avoir le premier rôle en raison de la place accordée à la science dans la doxa, les écrivains et les artistes n'en ont pas moins une place déterminante. « Les écrivains et les artistes pourraient, dans la nouvelle division du travail politique, ou, plus exactement, dans la nouvelle manière de faire la politique qu'il s'agit d'inventer, jouer un rôle tout à fait irremplaçable : donner de la force symbolique, par les moyens de l'art, aux idées, aux analyses critiques ».

Le comique peut-il s'intégrer dans cette perspective ? N'échappe-t-il pas, par nature, parce qu'il n'est pas sérieux, à toute possibilité critique autre que grotesque et, par la suite, à toute ambition politique ? La récurrence des « affaires » mettant aux prises des artistes comiques avec des responsables politiques suggère pourtant la possibilité d'un comique de dévoilement d'une autre vérité du monde social. Dès lors, les discours dénonçant l'invasion du comique et du “rigolo” dans le champ médiatique s’envisageraient comme des rappels à l'ordre, n'exprimant que la prétention des dominants à conserver le monopole de la légitimité de la production des vérités sur le monde social. Loin d'être l'affaire du seul temps présent, ces interrogations seront également envisagées depuis l'Ancienne Comédie grecque, notamment celle d'Aristophane, un détour réflexif permettant de préciser les effets du comique sur la politique.

Telle est la perspective dans laquelle s'inscrit cette journée d'études qui mobilise des chercheurs d'histoire, d'études théâtrales, de littérature, de sciences sociales et d'information-communication. Cette journée d’études conclut le séminaire de recherche « Comique et Politique », qui s’est tenu en 2013-2014, séminaire intégré à l’axe de recherche prioritaire de l’université de Bordeaux 3, « Ecrire, représenter, traduire », et financé par l’université de Bordeaux 3, l’EA CLARE/ Artes et l’UMR Ausonius.

 

Programme

Matinée : Amphi Papy

 

9h30-10h : Accueil

10h-10h30 : Marie Duret-Pujol (MCF d’Études Théâtrales, Bordeaux Montaigne), Christophe Pébarthe (MCF d’Histoire ancienne, Bordeaux Montaigne) : « Intellectuels et comiques, entre raison et déraison ».

10h30-11h15 : Arnaud Mercier (PR de Sciences de l’Information et de la communication, Université de Lorraine) : « Coluche & Desproges : deux rapports au politique distincts ? »

11h15-11h30 : Pause.

11h30-12h15 : Christophe Pébarthe : « Mourir de rire à Athènes. Aristophane et le procès de Socrate ».

12h15-13h : Laetitia Dumont-Lewi (Doctorante d’Études Théâtrales, Université Paris Ouest) : « Des clous dans la tête. Critique de la raison comique chez Dario Fo ».

13h-14h30 : Déjeuner

Après-midi : Amphi Lefèvre

 

14h30-15h15 : Anaïs Bonnier (Enseignant-Chercheur d’Études Théâtrales, Université Paris 3) : « Quand l’humour met la religion sur la sellette : le comique, un parangon de la laïcité ? ».

15h15-16h : Noémie Villacèque (MCF d’Histoire ancienne, Reims) : « “Et les Athéniens furent pris de quelque hilarité...” Délibération démocratique et comédie à l'époque classique ».

16h-16h15 : Pause

16h15-17h00 : Conclusion et discussion générale.

17h15-17h30 : Lecture de chroniques de Sophia Aram.

17h30 : Table-ronde avec Sophia Aram et Benoit Cambillard : « Le comique, entre champ intellectuel et champ politique : les comiques sont-ils des intellectuels comme les autres ? »

(en partenariat avec le Service Culturel de l’université Bordeaux Montaigne)