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George Sand et la mélancolie

George Sand et la mélancolie

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Stéphanie McCarthy)

 

Appel à communication                                                                  

 

Journée d’études des Doctoriales sandiennes

 

George Sand et la mélancolie

 

Université Paris-Diderot (Paris 7)

12 septembre 2014

 

 

Si l’écriture de l’idéal selon George Sand a fait couler beaucoup d’encre, on s’est moins intéressé jusqu’ici aux manifestations sandiennes de la mélancolie. Ce sont d’autres figures du siècle de la romancière ou de la fin du précédent qui ont attiré la critique soucieuse de fournir une réflexion sur la mélancolie des romantiques : Musset et Baudelaire, Chateaubriand et madame de Staël. On soulignera toutefois le travail d’Isabelle Naginski, qui a principalement construit son discours sur la figure de Lélia, ainsi que le récent colloque organisé par Damien Zanone à l’Université de Louvain, qui, en faisant bilan sur l’idéal sandien, convoquait indirectement la mélancolie de la romancière – pour déplorer le manque de travail systématique sur la question.

Une pensée d’ensemble de l’expression de la mélancolie dans l’œuvre de Sand reste donc à produire. On connaît la vérité théorique qui voudrait que les deux pôles de l’idéal et de la mélancolie fonctionnent en miroir ; Sand semble l’attester, qui, sous les dehors d’un fulgurant « miroir d’encre »[1], en livrait cette formulation à Emmanuel Arago en 1850 : « d’abord, et entre nous, je suis toujours en dedans un être mélancolique, chagrin […]. Optimiste par nature et misanthrope par expérience […]. Voilà mon caractère »[2].

 

Quel est l’objet de cette mélancolie sandienne ? Est-ce le signe d’une aspiration déçue à l’idéal ? S’agit-il d’ « un autre mal du siècle »[3], d’une déception sociale ? Doit-on parler, à propos de George Sand, de mal du siècle ou de mélancolie, de spleen ou de misanthropie ? Par ailleurs, quelle est la forme, l’expression littéraire de cette mélancolie ?

 

Les communications, sans s’y limiter, pourront notamment interroger les axes suivants :

 

1) La déception des révolutions françaises : les révolutions apparaissent dans les romans  de George Sand comme symbole d’illusions perdues et étalons de référence pour tout discours sur l’histoire. L’héroïne d’Antonia (1863) évoque avec nostalgie « cette époque unique dans l’histoire pour les illusions grandioses en attendant les révolutions formidables »[4].

 

2) Le « mal du siècle sandien » ou le spleen d’une génération décrit à partir d’un intérieur féminin : celle qui, à l’adolescence, fut touchée par le romantisme au point de déclarer ensuite dans son autobiographie « il me sembla que René, c’était moi », en donne dans Lélia (1833-1839) une version féminine. Justement, y a-t-il une spécificité féminine dans le mode d’expression de la mélancolie ? Dans cette perspective gender, on constatera que le narrateur des romans de G. Sand est souvent masculin.

 

3) Le personnage mélancolique : traversent les romans sandiens une suite de personnages (mais aussi des décors, paysages et lieux), surannés et solitaires, figés dans un passé politique et/ou artistique. « Je m’étonne », dit Émile au marquis de Boisguibault, « que vous ne vous aperceviez pas de ce que votre solitude, votre gravité, et j’oserai dire aussi votre mélancolie, ont de frappant et de solennel pour un enfant comme moi »[5] ; Albert de Rudolstadt se caractérise par sa « constante mélancolie et [s]a réserve absolue »[6] ; Laure de Larnac, la désolée, attire tous les regards par son « air intelligent, mélancolique, attentif »[7].

 

Bibliographie sélective :

 

Bertrand-Jennings, Chantal, Un autre mal du siècle. Le romantisme des romancières 1800-1846, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2005.

 

Naginski, Isabelle, L’Écriture ou la vie, trad. N. Dormoy, Paris, Honoré Champion, 1999.

 

Oehler, Dolf, Le Spleen contre l’oubli, juin 1848 : Baudelaire, Flaubert, Heine, Herzen, Paris, Payot, 1996.

 

Pasco, Alan, Sick Heroes. French Society and Literature in the Romantic Age, 1750-1850, Exeter, University of Exeter Press, 1997.

 

Powell, David et Laporte, Dominique, « Née romancier je fais des romans… : George Sand et ses personnages 1804-2004 », Études littéraires, vol.35, n°2-3, 2003.

 

Roulin, Jean-Marie, « L’âge de la mélancolie. Un débat littéraire au seuil de la modernité », Bulletin de la Société Chateaubriand, XLIII, 2000, pp.14-23.

 

Starobinksi, Jean, L’Encre de la mélancolie, Paris, Seuil, 2012.

 

Szabó, Anna, Le Personnage sandien. Constantes et variations, Studia Romanica de Debrecen, vol.16, 1991.

 

Waller, Margaret, The Male Malady. Fictions of Impotence in the French Romantic Novel, New Brunswick, NJ, Rutgers University Press, 1993.

 

Zanone, Damien,  « Romanesque et mélancolie : l`imminence du romantisme dans Delphine de Germaine de Staël », Cahiers Staëliens, n°56, 2005 (Delphine, roman dangereux ?).

 

Les Lettres d’un voyageur de George Sand. Une poétique romantique, Actes du colloque de juin 2004, textes réunis et présentés par Damien Zanone, Ellug n°70, 2007, « Recherche & Travaux ». http://recherchestravaux.revues.org/64

 

Écrire l’idéal : la recherche de George Sand, colloque organisé par Damien Zanone à l’Université catholique de Louvain les 20-22 juin 2013 [actes en cours de publication].

 

 

Comité organisateur et scientifique :

Gheorghe Derbac (Université Blaise Pascal – Clermont II)

Laetitia Hanin (Université de Louvain – FNRS)

Stéphanie McCarthy (Université Paris-Sorbonne/Paris IV)

 

Les propositions (environ 300 mots), ainsi qu’une notice biographique, sont à envoyer à l’adresse suivante : doctoriales.sand@gmail.com, avant le 20 juin 2014.

 

Lieu : Université Paris-Diderot (Paris 7), Grands Moulins, 5-7, rue Thomas Mann, 75013 Paris (Métro Bibliothèque François Mitterand). Salle à confirmer.