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Journée d'étude: opéra et biographie

Journée d'étude: opéra et biographie

Publié le par Sophie Rabau (Source : Pierre Degott)

Appel à comunications : opéra et biographie

Université Paul Verlaine – Metz

Centre de recherche Écritures (EA 3943 - directeur : Pierre Halen)

Axe 4 : « Réception, réécritures »

(responsable : Jean-Frédéric Chevalier)

Séminaires-tables rondes : « Théâtre et biographie »

(2008-2010)

2ème journée : vendredi 29 mai 2009 (10h-17h)

« Fragmentation biographique et construction d'un personnage d'opéra »

(organisateur : Pierre Degott)

Parallèlement aux travaux déjà engagés par l'axe 4 sur le biographique appliqué au roman, une série de quatre journées d'étude (séminaires-tables rondes) sur « théâtre et biographie » sera mise en place en 2009 et 2010, selon une périodicité semestrielle. Chaque journée comprendra en moyenne six communications suivies d'un débat. Les actes des quatre journées seront publiés en un même volume.

La deuxième journée sera consacrée à l'opéra, et notamment à la problématique de la construction du personnage à partir des sources biographiques retenues par le librettiste et, le cas échéant, par le compositeur. Le corpus pour cette séance pourra couvrir une période allant du XVIIe au XXIe siècle.

Si l'on entend par « théâtre biographique » un théâtre, ou en l'occurrence un opéra, fondé sur la vie de personnages célèbres, vaste est le champ d'investigation. Le projet biographique implique une réécriture du réel, selon des modalités analysées par François Dosse dans Le pari biographique (2005). Porter à la scène des personnages célèbres suppose leur réinvention à travers une sélection, une transposition, une réécriture de sources biographiques. À titre d'exemple, on pourra citer dans le domaine théâtral la biographie psychanalytique de Martin Luther par Erik H. Erikson, qui a inspiré le Luther de John Osborne (1963), ou la biographie de Lawrence d'Arabie par Richard Aldington, ouvrage qui fit scandale et sur lequel Terence Rattigan s'est appuyé pour écrire Ross (1960). Dans le domaine de l'opéra, l'ouvrage de Donizetti Maria Stuarda (1834) est également une relecture de sa source principale, la pièce de Schiller Maria Stuart (1800), elle-même influencée par la lecture des textes de George Buchanan, William Camden, Brantôme, Rapin de Thoyras, William Robertson, Hume, etc. La version anglaise de l'ouvrage italien, celle représentée à Londres dans les années 1970 et 1980 et influencée par d'autres sources et d'autres contextes politiques et culturels, propose une présentation considérablement réorientée de l'héroïne de l'opéra. Pour certains grands personnages historiques (Alexandre le Grand, Cyrus, Jules César, Cléopâtre, Jeanne d'Arc, Lucrèce Borgia, Guillaume Tell, Henry VIII, Elisabeth I, Boris Godounov…), les sources relèvent en effet autant de la documentation historique que de l'hypotexte littéraire ayant inspiré l'oeuvre lyrique. Pour des personnages contemporains liés à l'actualité ou à des événements politiques (Richard Nixon, Mao Tsê-Toung, Henry Kissinger, Jackie Onassis, Maria Callas, Leon Klinghoffer…), les sources peuvent être constituées de coupures de presse, d'interviews, voire d'extraits de films. Dans le cas d'ouvrages consacrés à une personnalité artistique ou scientifique (Boccace, Hans Sachs, Palestrina, Mozart, Salieri, André Chénier, Goya, Einstein…) elles peuvent également puiser dans l'oeuvre des personnages représentés, qu'il s'agisse de littérature, de peinture et de musique, mais aussi de découvertes scientifiques.

Le personnage ainsi réécrit, réinventé en fonction des sources, fera l'objet de la réflexion de cette deuxième journée. Il s'agira essentiellement d'examiner le travail de fragmentation biographique effectué à partir des différents hypotextes et d'étudier les critères ayant conduit à telle ou telle sélection. Les sources biographiques peuvent en effet être fragmentées, accolées, recollées et reconstituées, afin de servir une intrigue dramatique visant à reconsidérer le personnage, à le dégager de l'emprise de sa légende, à en mesurer la dimension héroïque et exceptionnelle, à en renforcer le mythe, à l'insérer dans le flux de l'Histoire ou, au contraire, à le réduire à son humanité moyenne, à ses conflits ordinaires. Les libertés prises avec la réalité historique dans certains ouvrages romantiques contribuent-elles à discréditer les ouvrages en question ou bien leur confèrent-elles une nouvelle grandeur ? Les quelques jours passés par Nixon en Chine suffisent-ils à la construction d'un personnage dans Nixon in China (1987) de John Adams ? La présentation du grand savant dans Einstein on the Beach (1976) de Philip Glass entretient-elle encore un lien avec la réalité ?

L'étude d'exemples marquants (on peut citer, sans exclusive, la représentation des orientations sexuelles de Gustave III de Suède dans les opéras d'Auber et de Verdi, le traitement des choix politiques, religieux et conjugaux de Henry VIII dans les opéras de Saint-Saëns et Donizetti, le poids de la figure d'Elisabeth I chez Rossini, Donizetti et Britten…) permettra d'aborder les questions essentielles. Peut-on écrire un opéra à partir d'hypotextes biographiques ? Quels sont les enjeux de la reconstruction du personnage ? L'observation de la collaboration entre le musicien et son librettiste, prise dans une dynamique de recréation d'un personnage et dans un processus de réécriture, constituera en définitive l'élément moteur et fédérateur de la réflexion.

Les personnages retenus pour les communications peuvent avoir un statut historique (les grandes figures de l'Antiquité, les têtes couronnées, les illustres maîtresses royales, les hommes politiques…), s'être illustrés en tant qu'artistes (Benvenuto Cellini, Adrienne Lecouvreur, Sophie Arnould, David Garrick, Maria Malibran, Samuel Pepys, John Milton…) ou scientifiques (Albert Einstein), ou avoir, d'une manière ou d'une autre, défrayé la chronique (Jackie Onassis, Leon Klinghoffer…). Ces exemples ne sont en rien limitatifs.

Préparation de la journée :

Pour le 15 mai au plus tard, les intervenants enverront par courriel le texte de leur communication (il s'agira d'un document de travail développé et rédigé, mais non d'une version définitive) ;

Ces textes seront aussitôt transmis à tous les participants inscrits à la journée d'étude, de façon à ce que chacun puisse intervenir dans les discussions ;

Le 29 mai, chaque intervenant fera une synthèse de la communication qu'il aura envoyée (20 mn). Sans la relire, il s'efforcera d'en dégager les points importants en rapport avec la problématique de la journée. L'intervention sera suivie d'une discussion (25 mn environ).

Merci d'adresser vos projets (200-250 mots) à Pierre Degott (degott@univ-metz.fr) pour le 16 janvier 2009.