Les courants de pensée dominants depuis la Libération ont rendu difficilement perceptible une certaine critique d'avant-guerre, non pas la critique conservatrice, qui nous intéressera peu ici, mais celle qui, liée aux engagements socialistes et "populaires", fascistes ou monarchistes de ses représentants, se pensait comme courant avant-gardiste et qui domina l'espace littéraire de 1890 à 1945. L'importance de l'influence maurrassienne, la direction de la NRF par Drieu la Rochelle, les oscillations de ce dernier entre communisme et fascisme, les engagements de Giono, de Morand et de Montherlant, les écrits de Blanchot dans la presse d'extrême droite jusqu'en 1938, la revendication d'une filiation qui irait de Maistre à Maurras en passant par Péguy "national populaire", nous invitent à nous intéresser, à la suite des historiens, à cette critique, à ses frontières et à sa réception. Que signifient, replacées dans leur contexte, les oppositions entre rationalisme et anti-rationalisme, intellectualisme et anti-intellectualisme?
Cette critique uniformément anti-intellectuelle est-elle a-conceptuelle? Y a-t-il une forme et un style critiques propres à cette idéologie?
Nous tenterons de répondre à ces questions en suivant deux voies : la première envisagera la critique de droite à travers l'ancrage institutionnel de l'Action Française. La seconde examinera trois cas nettement individualisés qui, de Péguy à Blanchot, couvriront les deux avant-guerres.
Programme
9h30 Accueil
10h00 Michel Murat : « Introduction »
10h30 Antoine Compagnon : « Maurras critique littéraire »
11h15 François-Xavier Hervouët : « Léon Daudet, décadence et avant-garde »
12h00 Marie Gil : « Brasillach, critique dualiste »
13h00 Buffet au Club des enseignants
14h00 Pauline Bernon : « Péguy : le tragique et son envers »
15h00 Nadia Amara : « Blanchot ou l'introduction du chromatisme dans la critique française »
16h00 Marielle Macé : « Les lenteurs de l'histoire littéraire de Montherlant »