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Jeux et enjeux des « théâtres classiques » au XIXe et au XXe siècles

Jeux et enjeux des « théâtres classiques » au XIXe et au XXe siècles

Publié le par Alexandre Gefen

Le Centre de recherche sur lHistoire du Théâtre de lUniversité de Paris-Sorbonne organise les 2 et 3 mars 2001 un colloque international sur le thème suivant :
Jeux et enjeux des « théâtres classiques » au XIXe et au XXe siècles
dont les Actes seront publiés par la revue Littératures classiques au printemps 2003.
La durée du colloque sera de quatre demi-journées.

Dans le cadre de ce thème de rencontre, quatre axes de recherche ont été définis, et, pour chacun deux, un certain nombre dorientations ont été proposées. Cest en fonction de ces orientations que nous souhaiterions voir les participants organiser leur réflexion étant entendu que les questions posées ci-dessous sont des commodités de formulation et nappellent pas autant de réponses précises quil y a de questions



I. Penser les notions de classique et de classicisme au théâtre (XIXe et XXe siècles)
- quel usage les romantiques et leurs adversaires ont-ils fait des notions de classique et de néo-classique, les uns pour attaquer (en se référant aux vrais classiques grecs ) les autres pour défendre les auteurs du Grand Siècle ; dautres encore pour attaquer (en se référant aux vrais classiques français , cette fois) Voltaire et ses successeurs qualifiés de néo-classiques
- Quel rôle ont joué les critiques dramatiques tout au long du XIXe siècle (de quelle nature sont chez eux les connotations péjoratives qui entachent la notion de classique ?) et quel rôle ont joué, lors du basculement du XIXe au XXe siècle, les maîtres de la critique (Lemaître, Brunetière, Faguet) ?
- comment les enjeux impliqués par ces notions se sont-ils déplacés au XXe siècle ; lintroduction du concept de baroque a-t-il modifié ces enjeux ?
- comment et à quel moment sest fait jour lidée quon puisse parler de « classiques étrangers » ? comment devient-on un classique en France lorsquon est un auteur étranger ? Par exemple, pour prendre le cas le plus célèbre, à quel moment un Shakespeare est-il « devenu classique », et par quel processus a-t-il été « classicisé » ?
- y a-t-il pour les critiques français des « classiques étrangers » autre que Shakespeare ? (Goethe ? Schiller ?)
- les classiques français vu de létranger.


II. Écrire en fonction du rapport à un modèle classique
- le cas des divers auteurs qui au XIXe siècle acceptent le modèle classique : leurs approches sont-elles voisines ? les différences relèvent-elles de choix propres à chaque auteur, propres à la partie du siècle durant laquelle ils écrivent ? Quelles différences, par exemple, entre un Népomucène Lemercier et un Casimir Delavigne ? et plus tard un Edmond Rostand ?
- le cas des auteurs qui au XXe siècle sinspirent de sujets ou de thèmes classiques : quels sont leurs modèles ou leurs anti-modèles ? à quels classiques se réfèrent-ils (gréco-latins ? français du XVIIe siècle ? espagnols du siècle dor ? élizabéthains ?) ?
- à quelque époque que ce soit, accepter le modèle classique revient-il à créer un théâtre classique ?



III. Voir les classiques : la question du public et de lépoque
À chaque époque, ceux qui sintéressent au théâtre lassocient étroitement à la cité, comme à lhorizon dattente du public. Dès lors :
- pour les romantiques, les condamnations du théâtre classique comportent une dimension idéologique qui interfère avec les considérations dramaturgiques. Temps et murs ont changé : quel théâtre après les exactions révolutionnaires ? Peut-on encore intéresser par des spectacles qui étaient en prise directe sur un système monarchique et sur une société de cour radicalement révolus ?
- cest le XIXe siècle qui « redécouvre » les tragiques grecs : quel est le statut de ce théâtre lors de cette redécouverte et quel usage en fait-on ? À partir de quel moment et pourquoi songe-t-on à le représenter ?
- pour les hommes de laprès deuxième guerre mondiale, le théâtre classique semble-t-il posséder une vocation particulière ? Comment expliquer que lors de la naissance du TNP, certains auteurs classiques ont été vus comme le fondement dune culture populaire de lénergie nationale ? Et pourquoi certains et pas dautres ?
- à toutes les époques, lune des causes et des conséquences du processus de « classicisation » des auteurs de théâtre français et étrangers est le concept de « répertoire » lié à certaines institutions, en particulier la Comédie-Française : dès lors, comment juge-t-on les « auteurs du répertoire », comment fait-on entrer un auteur parmi ceux-ci ? enfin, et peut-être surtout, y a-t-il forcément un rapport entre pièce au répertoire et pièce classique ?
- lors de linvention des « théâtres de la décentralisation » en France, la programmation de ceux-ci sest-elle faite largement en fonction du répertoire traditionnel, cest-à-dire largement contre : si oui, pourquoi et comment ?


IV. Représenter les classiques
Comment à chaque période s'est posé le problème de la représentation des classiques
- dans le cadre du débat qui oppose les romantiques aux classiques, les acteurs eux-mêmes sinterrogent. À la suite des théoriciens et des acteurs du XVIIIe siècle (siècle durant lequel sest fait jour la distinction entre la déclamation et le « jeu »), Talma réfléchit sur la déclamation, sinterroge sur la pertinence du « naturel » dans la diction, Rachel surprend et envoûte par une diction nouvelle, qui favorise le retour en force des classiques à la scène.
La question est donc de savoir comment a été pensé, mis en uvre et jugé (chez les acteurs, chez les auteurs eux-mêmes, dans la critique) le rapport complexe entre lidée dune tradition classique à la scène et les techniques de représentation.
- Lorientation ci-dessus vaut évidemment aussi pour le théâtre étranger (on songe inévitablement à Shakespeare)
- et, mutatis mutandis, pour les problèmes de représentation posés par les classiques aujourdhui
- Quelle est lattitude du public durant chacune des périodes ? on sait quil sest souvent moins intéressé à la pièce quaux performances dacteur ; peut-être le phénomène découlait-il de la conception que lon se faisait de lart de la déclamation ; pour autant, il nest pas nécessairement moins marquant aujourdhui, et la question se pose de savoir si cela ne dépend pas aussi de la nature de la pièce.
- Enfin, une réflexion sur les mises en scène étrangères de classiques français (par ex. les mises en scène de Molière par les Meininger à la fin du XIXe siècle) serait la bienvenue.


Les propositions de communication sont à envoyer avant le 30 septembre 2000 à ladresse suivante :

M. Georges Forestier
Centre de Recherches sur lHistoire du Théâtre
Université Paris-Sorbonne
1, rue Victor-Cousin
75005 PARIS


AG (source : G. Forestier)

  • Adresse :
    Paris IV