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Jean Vauthier : un poète à la scène

Jean Vauthier : un poète à la scène

Publié le par Florian Pennanech (Source : Université de Provence Division de la Recherche)

« JEAN VAUTHIER : UN POÈTE A LA SCÈNE »

Colloque

31mars et 1er avril 2010

Théâtre National de Marseille La Criée

Appel à communication

Le CentreInterdisciplinaire d'Etude des Littératures d'Aix-Marseille (CIELAM –Université Aix-Marseille I) et l'Association Jean Vauthier, enpartenariat avec la Bibliothèque de la SACD (Paris 9e)et avec la participation du Centre Dramatique National des Tréteaux deFrance (Compagnie Marcel Maréchal), organisent au théâtre de La Criée,les 31 mars et 1er avril 2010, à l'occasion du Centenaire dela naissance de Jean Vauthier, le colloque « Jean Vauthier : unpoète à la scène ».

Le théâtre deJean Vauthier (1910-1992) s'inscrit dans la révolution théâtrale des années1950 et illustre son versant poétique, aux côtés d'auteurs tels que GeorgesNeveux, Henri Pichette, Georges Schehadé ou Jean Genet. Comme Audiberti,Vauthier a été qualifié de « baroque » en raison de l'exubérance desa langue, du mélange du sublime et du bouffon, de l'architecture de ses piècesétrangères à la rigueur classique.

Si, dans lesannées 1950, c'est à des metteurs en scène tels qu'André Reybaz, Jean-LouisBarrault, Georges Vitaly ou Claude Régy que l'on doit les premières créations,c'est ensuite, des années 1960 aux années 2000, Marcel Maréchal, Jean-LouisThamin, ou plus récemment encore Laurent Rogero, qui ont servi son théâtre,lequel été joué par les plus grands acteurs (Gérard Philippe, Jeanne Moreau,Daniel Sorano, Georges Wilson, Roger Planchon, Michel Piccoli, Maria Casarès,Luce Mélite, Judith Magre, Emmanuelle Riva, etc.).

Vauthierpousse loin ses recherches sur la parole poétique et sur le langagedramatique : il élargit ses expériences au geste, à la mimique, au cri,faisant de son texte une véritable partition musicale et de son théâtre unspectacle total.

D'une part, ses pièces sontd'inspiration personnelle : écrite dès 1949, Capitaine Bada (1952), est considérée par Genet comme « laseule pièce du théâtre contemporain » ; Barrault crée Le Personnage combattant (1956), oeuvrenovatrice dans sa forme car constituée presque en totalité d'un seul et longmonologue, annonçant l'une des tendances du théâtre contemporain. A l'instar deBada, le héros écrivain y est aux prises avec la création poétique, tented'accéder à l'absolu mais rencontre l'échec, dans une confrontation entre lesrêves de son passé et les désillusions de son présent. Suivent Le Rêveur (1961), Badadesques (1965), LesProdiges (1971).

D'autre part, Vauthierdonne des adaptations et des réécritures car son rêve est notamment de« souder » son siècle à celui d'Elisabeth. Délaissant les modèles duclassicisme comme ceux de la comédie de Marivaux ou de Beaumarchais, il voueune grande admiration à Sénèque et aux Elisabéthains dont il se rapproche parla puissance de sa création verbale et « par la somptuosité des efflorescencesformelles »[1] (R. Abirached). Il pratiqueainsi trois modes d'écriture différents : les « versions françaisespour la scène » de Shakespeare (Roméoet Juliette (1971), Othello(1974), Roi Lear (1984)) quis'apparentent à des traductions ; les adaptations de Machiavel (La Nouvelle Mandragore (1952)), deSénèque (Medea (1967)) ou de Marlowe(Le Massacre à Paris (1972)), etc. ;enfin, les réécritures de pièces composées par des contemporains de Shakespeare : La Tragédie du Vengeur de CyrilTourneur et le drame anonyme Arden ofFaversham, respectivement sous le titre du Sang (1970) et de Ton nomdans le feu des nuées, Elisabeth(1976).

Le lyrisme dela langue vauthiéresque retrouve « la respiration et l'infaillibilitélangagière » de la poésie élisabéthaine, en préserve le « mouvementle plus secret, [fait] jaillir dans une paradoxale virginité le flux complexede ses images ». L'auteur « agite dans son oeuvre les mêmescomposantes que Shakespeare ou Marlowe, en les ramenant du plan de l'histoireau rythme quotidien de la vie ; il charrie comme eux des torrents delyrisme et de bouffonnerie, il aborde les choses avec la même violenteingénuité, il agrandit les données du jeu dramatique avec une ambition aussidémesurée. »[2]

A partir del'axe d'étude principal sur le théâtre poétique, les communications pourronts'intéresser à l'écriture (la genèse des oeuvres à travers l'analyse desmanuscrits (« fonds Jean Vauthier », Bibliothèque de la SACD) ; lelyrisme ; le baroquisme ; les modèles de Vauthier (Sénèque, Adam dela Halle, Machiavel, Marlowe, Shakespeare, etc.) ; les « versionsfrançaises pour la scène », les adaptations, les réécritures ; lehéros poète ; le grotesque et le sublime ; etc.), à la dramaturgie (traitementde l'espace, de la temporalité ; réalisme des objets scéniques,etc.) ainsi qu'à l'évolution des mises en scène.

Au-delà de cesorientations, dont la liste n'est pas exhaustive, on pourra aussi s'interrogersur : convergences et divergences entre écriture théâtrale et écriturecinématographique (Les Abysses) ; Vauthier et les autres« poètes de la scène » : Claudel, Audiberti, etc. ;Vauthier et Artaud ; Vauthier et les arts ; etc. 

Lescommunications intègreront une table ronde de metteurs en scène et d'acteursqui ont monté et joué les pièces de Vauthier.

Le colloque setiendra en journée dans la Grande Salle du Théâtre National de Marseille LaCriée qui accueillera deux spectacles en soirée :

- lecture par Marcel Maréchal du Personnagecombattant

- projection du film Les Abysses

Les propositions de communication (une quinzaine de lignes),accompagnées d'un bref curriculum vitae, sont à envoyer avant le 15octobre 2009 à Corinne Flicker : corinneflicker@yahoo.fr.

L'annoncedu colloque figurera sur le programme de la saison théâtrale 2009-2010 duThéâtre National de Marseille La Criée.

Les actes ducolloque seront publiés et l'enregistrement audiovisuel de la table ronde seramis en ligne.


[1] RobertAbirached, Jean Vauthier, Seghers,1973, p. 10.

[2] Jean Vauthier, L'Othellode Shakespeare, « version française pour la scène », préface deRobert Abirached, Gallimard, 1980, p. 8.