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Appels à contributions
Jean Tardieu, l'

Jean Tardieu, l'"humoreux"

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Anne-Christine Royère)

Jean Tardieu

Appel à communications

Date limite : 30 novembre 2009

Journée d'étude « Jean Tardieu, l' ‘humoreux' », mercredi 17 mars 2010

Organisée par l'Association Jean Tardieu et le Centre d'études poétiques de l'École Normale Supérieure

ENS Lettres et Sciences Humaines

15 parvis René Descartes

69342 Lyon Cedex 07

L'édition 2009 du Printemps des poètes a mis à l'honneur Jean Tardieu et le rire. L'occasion a été belle de redécouvrir, au gré des lectures et des spectacles, les textes de Monsieur Monsieur (1951), d'Un mot pour un autre (1951) et du Professeur Froeppel (1978), deux recueils présentant la vie et l'oeuvre de l'illustre savant, mais aussi les pièces de théâtre et radiophoniques rassemblées dans Théâtre de chambre (1955), Poèmes à jouer (1960) et Une soirée en Provence (1975).

Jean Tardieu, un poète amusant ? Certains propos qui émaillent l' « Argument » de Monsieur Monsieur, où il est question de « burlesque », de « théâtre de marionnettes », de « parodie » ou encore de « pantomimes » et d' « accents grotesques », le laissent volontiers croire. Pourtant, comme l'a souligné le Bulletin n° 7 de l'Association Jean Tardieu, la réception critique de ce recueil n'a cessé de buter sur la définition d'un humour aussi insaisissable que reconnaissable : ironie, chansonnette, humour triste ou métaphysique, le rire chez Tardieu est fondamentalement protéiforme, à la fois révélateur et masque de la poésie. C'est cette évidence fuyante que se propose d'aborder cette journée d'étude.

Partie prenante dans l'élaboration d'un théâtre à venir (celui de l'absurde), le rire est pour Tardieu l'instrument des « formes à détruire » (Obscurité du jour, 1974) et intéresse autant le genre poétique que théâtral, comme le suggère le titre de l'ouvrage de Paul Vernois, La Dramaturgie poétique de Jean Tardieu (Klincksieck, 1981). Mais le rire est aussi celui de la « comédie du langage » (Le Professeur Froeppel) qui révèle la vacuité des mots au travers de jeux sur les modalités de la phrase, les phonèmes, les catégories grammaticales, les antonymes, et ce dès Monsieur Monsieur jusqu'à Formeries (1976) en passant par Un mot pour un autre et les poèmes de « Digression III » d'Obscurité du jour. Destructeur ou révélateur, le rire est aussi du domaine de la brillante connivence dans une écriture allusive, au fonctionnement proche du jeu de mots dans des textes comme « Une page d'histoire », « Devoirs de poésie », « Problèmes d'histoire de l'art » (Un mot pour un autre) et « Petits problèmes et travaux pratiques » (Le Professeur Froeppel). Sourire entendu également que celui du pastiche (objet de réflexion du poète dans la section « Parodie, traduction, rythme » du recueil Margeries – 1986) qui, pour être avant tout plaisant, n'en imite pas moins des formes sérieuses, celle de la « Metaphysical poetry » (Monsieur Monsieur) ou celle du « tombeau » par exemple, pratiquée aussi bien pour les personnages éponymes des recueils Monsieur Monsieur et Le Professeur Froeppel que pour des poètes bien réels : « Le Tombeau de Hölderlin » dans Une voix sans personne et les « Trois tombeaux » de Valéry, Supervielle et Follain dans Formeries.

Ces quelques pistes de recherche non exhaustives invitent à dépasser la dichotomie sclérosante opposant le rire au sérieux pour révéler les échos secrets qui se tissent de l'un à l'autre. Recherche de la rupture esthétique, expérimentation d'une non-coïncidence des mots aux choses ou d'une distance par rapport à l'autre ou à soi, le rire est toujours, semble-t-il, une propédeutique au sérieux.

Les propositions de communication (titre et argumentaire d'une dizaine de lignes) doivent être envoyées par courriel avant fin novembre 2009 à Anne-Christine Royère (anne-christine.royere@univ-reims.fr) et Serge Gaubert (serge.gaubert@numericable.fr).

Responsables scientifiques : Serge Gaubert, Anne-Christine Royère.