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Jean Paulhan et l'idée de littérature (1913-1968)

Jean Paulhan et l'idée de littérature (1913-1968)

Publié le par Marion Moreau (Source : Thierry ROGER)

Projet ANR / Paris IV « HIDIL »

« Jean Paulhan et l'idée de littérature (1913-1968) »

19 et 20 mai 2011, IMEC, Abbaye d'Ardenne, CAEN

La place cruciale que Jean Paulhan occupe dans l'histoire de la littérature au xxème siècle tient autant à son travail d'éditeur, qu'à une réflexion constante sur la littérature qu'il mena conjointement dans son activité critique, dans ses recherches théoriques et dans ses correspondances avec les écrivains. Cette réflexion prit la forme d'un questionnement « appliqué », sans cesse recommencé, sur ce qu'est la littérature et sur les moyens de la comprendre, questionnement méthodique à travers lequel se dessina une idée personnelle, originale de la littérature, et qui eut une réelle et profonde influence sur ses contemporains.

La liberté et la communauté furent deux grands principes qui régirent l'idée que Paulhan se faisait de la littérature, à l'heure d'une défiance à l'égard du langage de plus en plus revendiquée par les « spécialistes » des Lettres, d'un développement des discours critiques savants, des esthétiques radicales, et des ambitions politiques. Paulhan, proche des avant-gardes et ami de leurs représentants, puis chef de file de la résistance littéraire, fut toujours et avant tout le défenseur d'une littérature appartenant à tous, et pensa la littérature comme un bien commun à protéger de toute appropriation, de tout détournement. Il se fit également le défenseur d'une littérature qui ne se satisfait pas de la rupture pour elle-même, ni du déni de ce qui la constitue communément.

La conception que Jean Paulhan se faisait de la littérature résiste à la catégorisation. Elle s'est enrichie d'un questionnement continuel sur la nature du langage littéraire et sa pragmatique, et parallèlement de la lecture curieuse de tous les manuscrits qui lui arrivaient. Elle s'est déployée en marge des cadres de sélection socialement déterminés, s'est nourrie de l'expérience étrangère que fut la découverte de la poésie malgache, de l'intérêt pour les littératures orientales, d'une approche anthropologique de la pratique littéraire, d'une confiance dans la littérature jeune, ou imparfaite.

Son idée de la littérature s'apparenta enfin à une quête intellectuelle faisant du doute et du paradoxe les moyens de traquer les illusions polymorphes des littérateurs sur les rapports entre la pensée créatrice et la rhétorique. Jean Paulhan voyait dans la littérature un « événement », à la portée de chacun ; la forme théorique que prit cette idée, notamment dans Les Fleurs de Tarbes, Clef de la poésie, et Le Don des langues, engage une relecture de l'histoire de la littérature, une redéfinition du rôle de la critique, et une réflexion sur le secret d'un langage que l'événement littéraire, précisément, métamorphose.

On prendra pour point de départ la publication en volume, à la veille de la guerre, des Hain-tenys malgaches, traduits et présentés par Jean Paulhan, et l'on étendra l'étude à la période de l'après-guerre – ce qui permettra d'intégrer à la réflexion, notamment, la crise du Comité National des Écrivains, les Cahiers de la Pléiade, le dialogue avec Blanchot. On privilégiera le questionnement de sa démarche critique et de ses fondements (philosophique, anthropologique, linguistique), son positionnement dans le champ littéraire et son dialogue avec les autres discours critiques, et l'on tentera de soulever les enjeux, intellectuel, spirituel et éthique, à l'oeuvre dans sa réflexion sur la littérature.

Les problématiques suivantes pourront servir de base à la réflexion :

- Une conception de la littérature.

Quelles sont les sources de sa réflexion sur la littérature ? Comment Paulhan pense-t-il la création littéraire ? Sa conception de la littérature est-elle porteuse d'un humanisme ?

- Jean Paulhan et la critique.

Quel rôle attribue-t-il au critique, aux revues littéraires ? Quel critique fut-il ? Présente-t-il une méthode ?

- Jean Paulhan dans le champ littéraire.

Quel lien établissait-il entre son rôle à La Nouvelle Revue Française et sa conception intime de la littérature ? Peut-on parler d'une conception commune, voire populaire, de la littérature, par opposition à une conception élitiste, « spécialiste » ? Quels furent ses rapports à l'institution ? Comment ses contemporains ont-ils lu Paulhan ?

- Paulhan et l'histoire de la littérature.

Selon quelle temporalité pense-t-il la littérature ? Sous quelles autorités se place-t-il ? Comment situer Paulhan dans le XXème siècle littéraire ?

Les propositions d'intervention sont à envoyer avant le 31 octobre 2010 à Clarisse Barthélémy, à l'adresse suivante :

clarisse.barthelemy@gmail.com