Édition
Nouvelle parution
Jean José Marchand, Écrits critiques 1941-2011 (5 vol.)

Jean José Marchand, Écrits critiques 1941-2011 (5 vol.)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Claire Paulhan)

Référence bibliographique :  Jean José Marchand, Écrits critiques 1941-2011 (5 volumes sous coffret), Co-édition Le Félin / Claire Paulhan, collection "Les Marches du temps" dirigée par Bernard Condominas, 2012. EAN13 : 9782866457730.

édition des Écrits critiques 1941-2011 de Jean José Marchand (1920-2011), édition établie, présentée et annotée par Guillaume Louet, avec la collaboration de Claire Paulhan et Olivier Bourreau, et le soutien des « Amis des Archives du XXe siècle ».

Jean José Marchand (1920-2011) comptait parmi les plus grands érudits de son époque, de notre époque. Après sa disparition, son complice Maurice Nadeau rappelait qu'il avait été " toujours un peu hors normes, franc-tireur, doué de trop d'humour et de curiosité pour ne pas déplaire à ceux qui font l'opinion ". Les Ecrits critiques de Jean José Marchand font penser, par leur savoir et leur clarté, à l'oeuvre d'Albert Thibaudet ou de son ami Pascal Pia, mais il est avant tout " un homme à sa propre hauteur ", qui s'est intéressé très jeune au mystère de la littérature : " C'est parce que, à l'âge de 13 ans, j'ai découvert dans la bibliothèque de mon père une édition (d'ailleurs imparfaite) des Fleurs du mal que ma passion - bien antérieure - pour la lecture s'est transformée en passion littéraire.
J'ai lu et relu ce livre, jusqu'à ce que je l'aie su par coeur, d'un bout à l'autre; j'ai entrevu ce qu'est la littérature. A vingt ans, j'ai commencé à collaborer aux revues littéraires (et non politiques) Poésie 41 et Confluences; en 1944, j'ai rencontré à la rédaction de Combat, sortant du bureau de Pascal Pia et Roger Grenier, Maurice Nadeau, qui partageait avec moi une passion pour l'histoire du surréalisme.
Donc c'est tout naturellement qu'ensuite j'ai donné quelques "papiers" aux Lettres Nouvelles et à La Quinzaine." Somme d'érudition, d'honnêteté (et de malice), les Ecrits critiques de Jean José Marchand traitent de littérature, de philosophie, d'histoire, mais aussi de cinéma, d'art, de sociologie, de politique. Pendant les sept décennies où il exerça généreusement son infatigable regard de lecteur, ses chroniques, articles, recensions, enquêtes et préfaces donnèrent, non sans une saine distance - fruit d'innombrables lectures, de recherches, d'efforts permanents de synthèse -, son sentiment profond qu'il n'a jamais trahi.

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L’oeuvre critique de Jean José Marchand fait parfois penser à celle d’Albert Thibaudet, parfois à celle de son ami Pascal Pia, mais il est avant tout « un homme à sa propre hauteur »  : « Je conçois le travail de critique comme une réaction en profondeur à ce que j’ai lu. Ceci n’empêche pas l’érudition, si elle n’est pas intempestive, si elle aide à mieux comprendre le texte. » (La Quinzaine littéraire n°1000, 1er octobre 2009). La grandeur à laquelle atteignent les Écrits critiques de Jean José Marchand est le produit magique de la saine distance (fruit d’innombrables lectures, méditations, recherches dans le détail et efforts permanents de synthèse) et de son sentiment profond qu’il n’a jamais trahi.

Chef d’oeuvre d’érudition – de près de 3000 pages – qui a trait principalement à la littérature, mais aussi au cinéma, à l’art, à la philosophie, à l’histoire, ces Écrits critiques offrent un panorama gigantesque de l’histoire littéraire et intellectuelle française du XXe siècle.

Pour établir cette édition, Guillaume Louet, en accord avec Jean José Marchand, a adopté l’ordre chronologique et distingué quatre périodes qui suivent sa vie professionnelle, et forment quatre volumes, réunis sous coffret :

• Le Volume I (1941-1948) comporte trois sections : littérature, cinéma, art. Jean José Marchand a commencé sa carrière de critique littéraire à vingt ans, sous l’Occupation, dans les revues Poésie de Pierre Seghers, Toutes Aures, Les Cahiers du Sud, et surtout Confluences, dirigée par René Tavernier. Après la Libération, il poursuit sa carrière de critique littéraire dans Franc-tireur dirigé par Georges Altman et donne des textes d’une très grande qualité à la revue de Kléber Haedens, Le Magasin du Spectacle. De décembre 1944 à 1947, il est aussi critique de cinéma et publie des chroniques hebdomadaires dans les journaux Volontés de ceux de la Résistance et Climats. Puis à partir de 1947, il écrit des « Tours d’exposition » et des critiques d’art pour Combat, dirigé par ses amis Pascal Pia et Albert Camus, puis, d’une manière plus étoffée, dans Paru qu’anime Aimé Patri.

• Le Volume II (1948-1958) est placé sous le signe de l’engagement politique : après le Discours de Strasbourg en avril 1947, Jean José Marchand s’engage dans le RPF du général De Gaulle et devient délégué national à la diffusion de l’organe de ce mouvement, Le Rassemblement qui, sous la direction d’Albert Ollivier, réunit les plumes d’André Malraux, Pascal Pia, Roger Nimier (avant qu’il devienne anti-gaulliste). Dans ce journal de belle tenue, il écrit de 1948 à 1954 quelques centaines d’articles. Parallèlement il collabore à Liberté de l’esprit dirigé par Claude Mauriac, revue où écrivent des intellectuels liés au RPF tel que Raymond Aron avec lequel Jean José Marchand partage bien des analyses politiques. Nous avons réparti les articles couvrant cette période en trois sections : Idées et société, Littérature, Arts. De 1954, fin du Rassemblement, jusqu’en 1957, Jean José Marchand écrit dans Arts. Il effectue notamment pour cet hebdomadaire dirigé par Jacques Laurent de très roboratives enquêtes sur les Ciné-clubs, l’Avant-garde musicale, etc. Enfin il collabore jusqu’en avril 1958 à la revue qui incarne, selon l’expression du sociologue Pierre Grémion, « l’intelligence de l’anticommunisme » : Preuves…

• Le Volume III (1958-1982) s’ouvre sur des chroniques pour le Journal du Parlement (dans lequel différentes tendances politiques étaient représentées, Jean José Marchand incarnant pour sa part la tendance gaulliste). Une première section regroupe les comptes rendus de livres qu’il donna à ce journal et celles publiées à partir de 1960 dans l’hebdomadaire gaulliste, Le Courrier républicain. Une deuxième section rassemble ses articles politiques dans le Journal du Parlement, qui nous conduit ensuite aux quelques articles qu’il donna à La Nation française de Pierre Boutang, à Arguments et à Évidences, revue soutenue par l’American Jewish Comittee. Mais, étant de plus en plus accaparé par ses fonctions de chef du service cinéma à l’ORTF (il crée alors la fameuse série des Archives du XXe siècle), il suspend son activité de critique de 1962 à 1975, à l’exception de quelques contributions notables à La Quinzaine littéraire en 1970, où il fait part de ses minutieuses et passionnantes recherches sur un méconnu, précurseur de la science-fiction, Charlemagne-Ischir Defontenay, d’une préface aux souvenirs de Willy de Spens, et de participations à des catalogues d’exposition. De 1975 à 1981, Jean José Marchand rédige d’excellents articles (sur Philippe Ariès par exemple, dont il était un « fanatique », ainsi qu’il le disait) dans la revue anti-communiste Contrepoint que dirige le gendre de Jules Supervielle, Ricardo Paseyro. Il écrit aussi sur Henry de Montherlant, Roger Caillois, Pascal Pia.

• Le Volume IV (1982-2011) : Jean José Marchand qui, après l’éclatement de l’ORTF, était devenu conseiller à la SFP, prend sa retraite en 1982. À partir de ce moment, il se consacre entièrement à son activité critique. Et quelle activité ! Par les « Journaux de lectures » qu’il donne à La Quinzaine littéraire, avec une très grande fréquence, ses chroniques à La Nouvelle Revue de Paris (dirigée par Michel Bulteau) ou dans la Revue des deux mondes, et ses comptes rendus très réguliers au Bulletin critique du livre français, sans oublier ses préfaces (à René Boylesve par exemple), il devient alors évident que Jean José Marchand est l’un de nos plus grands érudits, et un critique « hors de pair ».

• Un cinquième volume, constitué d’index et de tables, permet au lecteur de circuler avec facilité dans cet ensemble particulièrement dense.

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On peut lire sur le site nonfiction.fr un article sur cet ouvrage:

"Du temps de la critique au temps des passeurs", par C. Ruby.