Revue
Nouvelle parution
Jean Follain : un goût très fin d’éternel (Méthode!, no 4)

Jean Follain : un goût très fin d’éternel (Méthode!, no 4)

Publié le par Marielle Macé (Source : Editions de Vallongues)

Méthode !, revue de littératures française et comparée numéro 4

Numéro spécial Jean Follain : un goût très fin déternel
textes réunis par Jean-Yves Debreuille, Gérard Farasse & Catherine Mayaux aux éditions de vallongues, 33, rue de Galas, 64140 Billère
tél. : 05 59 32 71 90 302 pages ; 19 x 20 cm ; dos carré cousu-collé. 20 euros lexemplaire + 3,48 de port


SOMMAIRE


Introduction par Catherine Mayaux, Jean-Yves Debreuille et Gérard Farasse


Étapes dune vie, cheminement dune âme
Renée Ventresque (Montpellier III) : « Des dessins de Canisy aux photographies de Chef-Lieu »
Gérard Farasse (Université du Littoral) : « Le photographe au voile noir »
Dominique Millet-Gérard (Paris IV) : « Substance et existence : Jean Follain face à la poétique thomiste »
Fabienne Rihard-Diamond (Bordeaux III) : « Rituel et poésie : lefficacité symbolique selon Jean Follain »
Élodie Bouygues (Toulouse-le-Mirail) : « Jean Follain : lieux de sociabilité et champs critiques »
Françoise Rouffiat (Grenoble III) : « Les Agendas de jean Follain : littérarité et vision du monde »
Dominique Carlat (Lyon II) : « Les Agendas : le furtif et le pérenne ou le poète avocat du monde »


Rêveries de Jean Follain
Jean-Claude Mathieu (Paris VIII) : « Les lettres du temps »
Jean Pierrot (Université de Rouen) : « La poussière et linsecte : Jean Follain et lentropie »
Adrien Gür (Université de Berne) : « Domaines dombres et de lueurs : les éclairages poétiques de Jean Follain »
Peter Schnyder (Université de Haute-Alsace) : « "Ces paroles () pour la vie / des corps par le monde" : lintrusion du corps dans le corps du poème »
Sylvie Cain (Nancray) : « "Nudité : la nuit de lêtre" »


Un poète expert en attention
Gil Jouanard (CRL de Montpellier) : « Le présent perpétuel de Jean Follain »
Paule Plouvier (Montpellier III) : « De lenfant à lesprit denfance »
Jean-Yves Debreuille (Lyon II) : « Limpersonnel subjectif : entre lyrisme et épopée »
Serge Gaubert (Lyon II) : « Follain lichenographe »
Évelyne Lloze (Université de St-Etienne) : « Follain : ascèse en pays dhomme »


Usage des hommes, usage des lieux, usage des mots
Christine Van Rogger-Andreucci (Montpellier III) : « Usage des autres »
Christian Doumet (Paris VIII) : « Follain : art et métier »
Daniel Lançon (IUFM Orléans-Tours) : « Un paradoxe urbain : gnose et éthique dans le Paris de Jean Follain»
Christine Dupouy (Université de Metz) : « À propos de deux aspects du Paris de Follain : le rapport à la campagne et à la province »
Fabien Vasseur (Paris) : « La division du travail poétique chez Jean Follain »
Sabrina Parent (Toulouse- le Mirail/ Université Libre de Bruxelles) : « De la poétique de lévénement à léthique du sujet scripteur : le "cas" de la poésie de Jean Follain »


Une poétique du faible écart
Didier Alexandre (Toulouse- le Mirail) : « Jean Follain aux limites du poème »
Jean-Pierre Zubiate (Toulouse- le Mirail) : « De flux et de brisures : Jean Follain et les ambiguïtés du texte fragmenté »
Colette Camelin (Université de Poitiers) : « Follain, "le poète le plus exempt de rhétorique" »
Daniel Guillaume (Paris) : « Rythme et temps. À partir de "léquilibre terrestre" de Jean Follain (Exister, 1947) »
Stéphanie Thonnerieux (Lyon II) : « Les accents ou contre-accents de linsignifiant : du vers au sens dans Exister de Jean Follain »


Accueil et alliances
Jean-Louis Meunier (Université dAix-en-Provence) : « Une douce et profonde lumière »
Bertrand Degott (IUFM de Besançon) : « Follain-Guillevic : "de la terre et du temps" »
Pascale Rougé (Université du Littoral) : « Écritures parallèles »
Jacqueline Michel (Université de Haïfa) : « Une lecture de poèmes de Jean Follain à la lumière de lart de Juan Gris »
Françoise Nicol (Université de Nantes ) : « Choses et gens dans les paysages de Jean Follain, le détour par la peinture »


Introduction


« Faut lire Follain » proclame avec humour le titre du dernier ouvrage
collectif publié sur le poète Jean Follain. Le mot dordre de forme
désinvolte mais aux sonorités choisies a été entendu et suivi si nous
en jugeons par lentrain et la sympathie avec lesquels différents
lecteurs et poètes sont venus proposer leur approche dune uvre qui,
revendiquant modestie et discrétion, se défie des propos savants comme
de toute sacralisation de lart et de lartiste. « Tant de
commentateurs de la poésie sont à la fois pleins de talent et sont
abusifs » écrivait Jean Follain au seuil dune « Causerie » prononcée
le 29 novembre 1960 au Pen-Club de Paris, sinvectivant lui-même tout
autant que son auditoire ou ses critiques à venir : « Il convient donc
dêtre plein dappréhension et, parlant de la poésie, de ne prétendre
quà des approximations parfois hasardeuses, controuvables, de ne
systématiser jamais ». Attentifs à cette mise en garde, mais aussi, la
conjurant, les critiques ont souhaité cependant dépasser cette
simplicité apparente des choses qui peuplent le monde de Follain ; ils
ont tenté de déjouer pour mieux le comprendre cet effacement dun
poète, dont le lyrisme très délicat évite presque toujours la première
personne. Ils ont travaillé à comprendre comment, par quelle magie des
mots, linsignifiant, lanecdotique, le quotidien se vêtent dans le
poème dune touche dinsolite, parfois de solennité, nous amenant,
comme lécrit André Frénaud, à « participer à linstant éternisé ».
Sous la plume du poète comme sous lobjectif du photographe dont
Follain examine les clichés, personnes et objets semblent devenir
étrangers à eux-mêmes, ou même semblent rendus à leur nature
extra-ordinaire, remis dans une perspective presque métaphysique qui
creuse, derrière la finitude de lobjet et la clôture du poème, une
ouverture vers une profondeur incertaine que, faute de mieux, nous
nommons mystère : « Révélation par objet interposé qui préserve le
secret, mais où le mystère tout à coup affleure dans sa solennité
tremblante » écrit André Frénaud, à propos de « la tendre chaleur
humaine des objets » chez Jean Follain, dans la préface à Ordre
terrestre (1943).

Les études rassemblées ici se répartissent en six chapitres. Le
premier, attaché notamment au matériau autobiographique du poète,
permet de dresser, à partir de luvre et à travers elle, quelques
points de repère dans le cheminement personnel, existentiel ou
spirituel, dun homme et dun poète. Le second aborde lexpression de
limaginaire poétique de Jean Follain en sintéressant à différents
motifs (lettres, insectes, lueurs, corps) significatifs dune relation
au monde. Le troisième, qui emprunte son intitulé à une phrase de Jean
Cassou que Jean Follain aimait à citer, examine limplication originale
du sujet dans le poème, distinguant notamment le travail et la qualité
du regard qui révèle ou diffuse un secret sur les choses, transformant
linstantané visuel en fragment dhistoire et présent perpétuel. Les
contributions de la quatrième section dégagent lusage que fait le
poète du monde extérieur : détails, événements anecdotiques ou
historiques, lieux bâtisseurs de mémoire et déthique, ou même hommes
destitués de leur prééminence sur les bêtes ou les choses sont
réinvestis dans une poésie du constat, poésie qui mime lépicerie du
monde dans léconomie du poème, qui associe la simplicité confinant
au laconisme à lémotion. Le cinquième chapitre aborde plus
précisément les formes décriture poétiques follainiennes, formes
précaires et fragmentées, « artisanalement façonné[es] » et rythmées,
pour dire bribes de vie et fragilité du monde. Le dernier chapitre
enfin envisage lécriture poétique de Jean Follain au miroir dautres
écritures, celles de Jacques Réda ou de Guillevic, ou dautres
artistes, des peintres en particulier avec lesquels son art consonne.

Ces travaux sont ceux dun colloque organisé à Besançon en mars 2002
par léquipe du LERTEC de lUniversité de Lyon II (EA 1857), le
Laboratoire « Modalités du fictionnel » de lUniversité du Littoral
Côte dOpale (EA 3600), et le Centre Jacques-Petit de lUniversité de
Franche-Comté (EA 3187), qui ont étroitement collaboré pour réaliser
cette manifestation et célébrer le centenaire de la naissance de Jean
Follain.

Jean-Yves DEBREUILLE [Université de Lyon II]
Gérard FARASSE [Université du Littoral Côte dOpale]
Catherine MAYAUX [Université de Franche-Comté]