Essai
Nouvelle parution
J.-C. Flückiger, Cendrars et le cinéma

J.-C. Flückiger, Cendrars et le cinéma

Publié le par Emilien Sermier (Source : Carole AUROUET)

Jean-Carlo Flückiger

Cendrars et le cinéma

Nouvelles éditions Place, collection "Le cinéma des poètes", 2017.

EAN13 : 9782376280149.

 

« Ça, c'était du cinéma !... » s’exclame Cendrars au terme de ses entretiens avec Michel Manoll, après avoir passé en revue toute sa vie, toute son œuvre. Intervenant dans leur mise en ondes, puis en les réécrivant en vue de leur publication en volume, il se plaît à mimer « le montage cinématographique et ses prodigieuses possibilités ». C’est dire à quel point cinéma et littérature sont intimement, inextricablement liés chez Cendrars. Même si — ou peut-être parce que — son ardent désir de devenir un grand réalisateur — pourquoi pas un « Griffith de France » ? — ne s’est pas réalisé.  

 

Car le poète a tâté du film ! Après un premier moment de découverte fascinée, il va vivre une période d’apprentissage en se frottant aux mille et une facettes du métier de cinéaste. À en croire New York in flaslight (mai 1912), c’est à Manhattan qu’il se familiarise avec le cinématographe, dont il fait aussitôt « son hydrothérapie ». Aperçu pour la première fois en juillet 1915, lors d’une permission, la figure de Charlot marque durablement son imaginaire. La Fin du monde filmée par l’ange N.-D. (1919) et L’ABC du cinéma (1919-1926), deux textes essentiels, ouvrent ensuite à Cendrars la voie des travaux pratiques : figurant dans J’accuse sept ans plus tard, il sera l’assistant d’Abel Gance pour La Roue (1922), dont il réalisera lui-même quelques minutes de coulisses du tournage. Mais la sortie de son propre film La Venere nera, tourné en 1921, dans les studios Rinascimento se solde par un fiasco.

Ainsi, sa carrière de faiseur de films se termine brusquement à Rome. Il écrira encore des ouvrages ayant trait au cinéma : Une nuit dans la forêt (1929), Hollywood. La Mecque du cinéma (1936) pour ne mentionner que ces deux-là. Mais le septième art reste présent dans tous ses livres. Son œil de cinéaste, Cendrars le garde intact. De texte en texte, il en affine la sensibilité, en vivifie l’acuité, dans chaque phrase il en exalte la lumière.

Jean-Carlo Flückiger a dirigé le Centre d’études Blaise Cendrars de l’Université de Berne de1985 à 2009. Il dirige la collection des Cahiers Blaise Cendrars, aux éditions Champion-Paris et collabore à l’édition des Œuvres de Cendrars dans la Bibliothèque de la Pléiade.