Questions de société

"Je gère mon université comme une entreprise" (Le Figaro, 11/09/2009)

Publié le par Bérenger Boulay

«Je gère mon université comme une entreprise»

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Entretien avec Philippe Dulbecco. Propos recueillis par Marie-Estelle Pech. Le Figaro, 11/09/2009 

INTERVIEW - Philippe Dulbecco dirige l'université de Clermont-Ferrand-I. coeur-.gif

LE FIGARO. - Quel bilan tirez-vous du passage à l'autonomie ?
PhilippeDULBECCO. - Une université se gère désormais en partie comme uneentreprise. En termes de management d'établissement, ça change tout. Ila fallu moderniser les procédures de gestion, les ressources humaines,les services financiers. Nous pensons désormais comme des gestionnairesde ressources humaines, ce qui n'était pas le cas avant. Nous initionsnotre propre politique de développement. Avant janvier, notre budgetétait essentiellement affecté par le ministère de l'Enseignementsupérieur, depuis nous avons pu répartir nos 102 millions d'euros defaçon stratégique. Certaines équipes ont pu recevoir des fondsaugmentés, d'autres ont eu moins. Nous avons aussi pour objectif delimiter le nombre d'heures supplémentaires. Lorsqu'un enseignant nous« fait gagner de l'argent » grâce à ses contrats de recherche ou à laformation continue, nous réfléchissons au partage des recettes.

Comment utilisez-vous vos marges de manoeuvre ?
Nousavons décidé d'engager une politique financière plus incitative. Nousélaborons un systèmede prime pour les responsables de formation etd'équipes de recherche, car ce sont eux qui mouillent leur chemise. Ilssont les piliers de l'université. Ils ont droit à une prime deresponsabilité de 4 500 €. C'est très peu au regard d'une entreprise,mais on vient de zéro ! Ces primes sont modulées en fonction desrésultats obtenus. Et, si une formation est très bien notée par lesorganismes évaluateurs, on va doubler la prime du responsable. Nousentendons dégager d'autres marges financières grâce à nos locaux. Nousen avons demandé la propriété et nous nous lançons dans la rénovationde quatre amphithéâtres en plein centre-ville de Clermont-Ferrand.C'est une démarche marketing, on pense les louer.

Qu'a changé l'autonomie pour l'image de l'université ?
J'aidébauché les meilleurs pour constituer mon conseil d'administration, àl'instar du président du holding Limagrain ou du numéro deux deMichelin, car je voulais des compétences fortes. Je suis fier del'effet «club» qu'on a réussi à mettre en place en pleine crise encréant une fondation. Nous avons recueilli 3 millions d'euros et lavingtaine d'entreprises nous soutiennent. Ils s'intéressent à nous, ona envie de travailler ensemble. Si on a une idée, on la finalise vite,car la communication est directe. Grâce à l'argent récolté, de nombreuxprojets vont voir le jour. Avec l'entreprise Limagrain, nous mettonssur pied un pôle de compétences sur les politiques agricoles. Un autreprojet, en collaboration notamment avec des laboratoirespharmaceutiques, consiste à financer des bourses pour faire venir desmédecins de l'Afrique subsaharienne afin qu'ils suivent leur spécialitéen France. Nous allons aussi travailler avec Sanofi sur un programme dereconversion à destination de salariés dont des postes vont êtresupprimés.