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Les visiteurs du soir

Les visiteurs du soir

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L'anecdote a de quoi fasciner : en 1861, dès l’âge de 17 ans, Henry James étudie la peinture avec son frère aîné William dans l’atelier de William Morris Hunt. Troublé par l’intimité que cela implique avec le modèle, il découvre qu’il n’est pas fait pour « une attaque aussi directe de la réalité ». Il décide de « rempocher son crayon », et de traiter la réalité par le roman. Durant toute sa carrière, James n’a cessé de visiter galeries et musées, se liant avec des peintres, et rédigeant des chroniques qui le placent dans la lignée de Baudelaire ou de Zola, en particulier lorsqu’il traite d’artistes français, Daumier ou Delacroix. Jean Pavans nous invite à arpenter Le musée intérieur de Henry James (Seuil), en offrant un choix inédit des textes de James critique d'art, qui forme diptyque avec le récent volume des Carnets publié par A. Duperray (Folio). N. Heinich et Les Impressions nouvelles nous offrent de leur côté un ensemble plus inattendu encore avec le Galilée critique d'art d'Erwin Panofsky et salué naguère par A. Koyré dont le commentaire se trouve ici repris en postface.

C'est une toute autre leçon que fait entendre François Le Lionnais dans La peinture à Dora que rééditent les éditions Othello : arrêté par la Gestapo, incarcéré au camp allemand de Dora, il entreprend de saboter le système de guidage des missiles V2 qu'il est chargé de construire, mais il se livre à une autre activité clandestine : chaque jour, pendant la litanie de l'appel, qui peut durer huit heures, il décrit de mémoire un tableau différent du musée du Louvre, qu'il détaille avec un luxe de précisions extraordinaire.

Signalons encore la parution, au lendemain de l'exposition de Lausanne, des Écrits sur l'art de Strindberg, préfacés par J.-L. Schefer, aux éditions Macula qui annoncent encore la prochaine publication de de ceux de Manzoni.