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James Sacré ou les gestes de la langue

James Sacré ou les gestes de la langue

Publié le par CCIC (Source : Michaël Morel)

DU JEUDI 2 SEPTEMBRE (19 H) AU JEUDI 9 SEPTEMBRE (14 H) 2010

JAMES SACRÉ OU LES GESTES DE LA LANGUE

DIRECTION : Béatrice BONHOMME, Jacques MOULIN

Avec la participationde James SACRÉ

ARGUMENT :

James Sacréest né en Vendée en 1939. Il passe son enfance et son adolescence à la ferme des parents en Vendée. D'abord instituteur puis instituteur itinérant agricole, il part, en 1965, vivre aux Etats-Unis où ilpoursuit des études de lettres (thèse sur la poésie de la fin du XVIe siècle français). Il y enseigne dans une université du Massachusetts (Smith College) tout en faisant de nombreux séjours en France et des voyages en d'autres pays (l'Italie et le Maroc, souvent). Il a publié des livres de poèmes au Seuil (Coeur élégie rouge, 1972), chez Gallimard (Figures qui bougent un peu, 1978) et aux Editions André Dimanche, ainsi que chez denombreux "petits éditeurs". Il vit de nouveau en France, à Montpellier, depuis 2001.

James Sacré prend le parti du prosaïque. Ainsi l'écriture du poème est incessante interrogation de l'acted'écrire, chahuté par une grammaire en mouvement. Pas de vérité définitive quant à unehypothétique essence de la poésie. Elle n'est ni idéalité dont il pourrait y avoir science, ni absolu à vénérer, la poésie est une réalité contingente, énonciation quitire de son peu d'assurance la force de faire jaillir au plus vif l'étrangetédu réel le plus anodin: "Dans ma poésie j'ai tendanceà aller vers les choses plutôt pauvres, mièvres ou maladroites pour défaire ce qui est rutilant ou trop sonore". Le poème chez James Sacré est aussi poème del'émoi, de la tendresse. Pas seulement mais aussi etqu'il maintienne dans l'époque contemporaine la possibilitéd'une veine sentimentale, ce n'est pas rien. L'écrivain chercheun lien entre l'énonciation individuelle et l'énonciation plus générale de toute la communauté humaine,tel qu'il apparaissait dans la poésie baroque du XVIIe siècle. Les mots de James Sacré semblent pris dans le risque, risqued'une parole tremblée, délibérément gauche et comme engourdie, étrange accent d'enfance hors dutemps. Du mal dire aux balbutiements du coeur, l'enfance, est làconvoquée comme évoquée pour installer dansla langue, un lieu, l'enfance, celle de Cougou. Frotter son français à l'allure orale du patois, c'est comme une nouvelle langueoù l'oralité se mêle d'enfance poitevine et paysanne. Chez James Sacré, l'expression s'attache aussi à ce quia été souvent considéré comme le domaine privilégiédu lyrisme: le territoire de l'intime. Est-ce à dire qu'on retombe dans les travers de la poésie effusive exécrée de Ponge? Rien de tel chez James Sacré pour lequel écrire n'est pas donner libre cours à un sentimentalisme niais maisrenouer avec le natal, l'intime demeuré énigme, altérité, cette part d'énigme étant aussi au coeur du rapportpoétique à la langue et alliant d'une certaine façonle lyrique et le littéral. Un poème est une façond'écrire qui met l'accent sur le maniement même des formes de la langue plutôt que sur un sens àdire, il constitue une sorte d'étreinte plus étroite avec la matérialité de la langue. D'où l'importanced'une écriture manuelle où l'on sente la main faire: "Lesgestes d'écrire. ça qui laisse des traces: l'encre qu'onvoit sur le papier. Les mots qu'on veut comme des gestes (les gestesqu'on dirait des mots plus forts)". Le poème par ses gestesde mots se mêle aux gestes du vivant, la langue se frotte auvivant, rencontre "tout un dictionnaire vivant".

Pour toutes ces raisons, qui font de ce poète une figure majeure dela poésie française contemporaine, ce colloque tentera de mettre en lumière les différentes facettes de cette création et de saisir dans cette oeuvre ce presque rien qui bouge, la fuite des choses et du temps, le temps qui fait son oeuvre de poussière mais révèle aussi la résistance tenace des gestes de la langue.

COMMUNICATIONS :

* Gabriel BERGOUNIOUX: Savoir des noms
* Michael BISHOP:L'extrémité visible d'une métaphore
* Béatrice BONHOMME: Portrait du père en pointillés
* Yves CHARNET:Lettre à James Sacré
* Benoît CONORT: Raconter (quoi,comment) une histoire?
* Eric DAZZAN: L'invention du bien vivant dans l'oeuvre de James Sacré
* Alexander DICKOW: James Sacréface au "roman parlant" ou le leurre du style
* Maxime DEL FIOL: "C'est l'intensitéque je cherche à m'expliquer": la rencontre marocaine de James Sacré
* Laurent FOURCAUT: La dimension autoréférentielle de la poésie de James Sacré
* Pierre GROUIX: La chancellerie. Maroc de James Sacré
* Tristan HORDÉ: Les mots meurent sans rien montrer
* Régis LEFORT: Le poème de James Sacré: une langue de terre
* Evelyne LLOZE: Humain, trop humain ou le geste d'humanité chez Sacré
* Serge MARTIN: La relation dans le poème-Sacré:quand l'érotique et le politique s'emmêlent
* Jacques MOULIN: Mettre un bonnet d'âne à la langue pour la faire braire, dans Âneries pour mal braire, et d'autres moments d'ânes
* Alexis PELLETIER: Un semblant de simplicité
* Jean-Claude PINSON: « Mon Sacré » (expérience et poésie)
* Pierre-Yves SOUCY: Le réel, la forme, l'énigme (sur la poésie de James Sacré)
* Catherine SOULIER: Pour découvrir le mécanisme d'un poème (Notes sur "Le goret")
* Nicolas TABUTEAU:James Sacré, paysages du poème
* Wladimira TACQUET: La poésie de James Sacré, un geste spinoziste?
* Renée VENTRESQUE: Les poèmes "américains" de J. S.
* Arnaud VILLANI: James Sacré selon les catégories de Peirce
* Franz Eduard VOELKER: L'arbre, ce grand vivant
* Christophe WALL-ROMANA: Travail et travailleurs, techniques et rythmes du temps

- Lecture du dernier recueil de James Sacré, avec Tristan HORDÉ
- Lecture de textes de James Sacré, avec Régis LEFORT
- Lectures de James SACRÉ

Avec le soutien du Centre de Télé-Enseignement Lettres de l'Université de Provence
et du Centre Transdisciplinaire d'Epistémologie de la Littérature de l'Université de Nice-Sophia Antipolis