Essai
Nouvelle parution
J. Nichet, Le théâtre n'existe pas

J. Nichet, Le théâtre n'existe pas

Publié le par Marc Escola

Le théâtre n'existe pas
Par Jacques Nichet


Paru le: 2 mars 2011
Editeur: Fayard
Collection: Collège de France
ISBN : 978-2-213-66240-4
EAN: 9782213662404
Nb. de pages: 49 pages



Prix éditeur : 10,00€


Nous avons assisté depuis une quarantaine d'années à de singulières métamorphoses théâtrales : elles ont bousculé et renversé hardiment les traditions de l'art dramatique.
Comment s'étonner qu'au milieu de tant de modèles divergents, le public parfois s'égare ? Que voit-il ? Est-ce encore du théâtre ? Il arrive qu'un spectacle fasse événement en divisant le public et la critique. Un camp attaque le réalisateur au nom de l'art assassiné, l'autre l'acclame au nom de l'art régénéré. Zola a donné, il y a plus d'un siècle, un conseil aux artistes : « Chaque fois qu'on voudra vous enfermer dans un code en déclarant : ceci est du théâtre, ceci n'est pas du théâtre, répondez carrément : “Le théâtre n'existe pas.

Il y a des théâtres et je cherche le mien.” »De l'Aquarium (Vincennes) aux Treize Vents (Montpellier), du Théâtre national de Toulouse à la compagnie L'inattendu, Jacques Nichet a dirigé, vécu ou vu depuis près d'un demi-siècle d'innombrables expériences théâtrales. Professeur associé au Collège de France en 2009-2010 dans la chaire de Création artistique, il livre ici ses réflexions sur quelques-unes de celles qui l'ont le plus ému et marqué.

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"C'est en souvenir de la pièce avec laquelle il fit ses «premiers pas de metteur en scène», Les Grenouilles, que Jacques Nichet a choisi d'ouvrir sa leçon inaugurale au Collège de France par cette belle citation d'Aristophane : «Si pour les petits enfants celui qui enseigne est le maître d'école, pour les grands, c'est le poète.» Une phrase qui annonce l'esprit dans lequel se place le metteur en scène. Ce dernier vécut les débuts de la Cartoucherie de Vincennes, dirigea le Théâtre des 13 vents de Montpellier puis le Théâtre de Toulouse (TNT), qu'il a quitté en 2007. Pour autant, Jacques Nichet ne pense pas à lui-même, en tout cas pas seulement, lorsqu'il parle de « poète », et c'est à travers le travail des autres qu'il entraîne le lecteur. De Pina Bausch, qu'il cite plusieurs fois, à l'inoubliable ouverture d'Inferno, spectacle inspiré par Dante à Romeo Castellucci et présenté dans la Cour d'honneur du Palais des papes en 2008, Jacques Nichet se fait spectateur, moins pour dégager l'essence du théâtre que la direction dans laquelle il va. Car, mêlant danse, musique, performances, etc., le théâtre ne se laisse pas définir comme cela. Et Nichet de choisir pour son cours cette négation à la Magritte, empruntée à Émile Zola : «Chaque fois qu'on voudra vous enfermer dans un code en déclarant : ceci est du théâtre, ceci n'est pas du théâtre, répondez carrément : le théâtre n'existe pas. Il y a des théâtres et je cherche le mien.»" (Le Magazine littéraire)