Collectif
Nouvelle parution
J.-N. Illouz (dir.), L'Offrande lyrique

J.-N. Illouz (dir.), L'Offrande lyrique

Publié le par Marc Escola (Source : Jean-Nicolas Illouz)


L'Offrande lyrique.

Sous la direction de Jean-Nicolas Illouz

Paris: Hermann, coll. "Savoir Lettres", 2009.

  • Isbn 13 (ean): 9782705668792
  • 45€

Ce livreinterroge le genre lyrique en faisant porter l'accent sur les fonctions dudestinataire dans le poème, sur les figures de l'adresse, et sur le geste dedon qui accompagne l'oeuvre.

La parolelyrique, invoquante ou désirante, y apparaît comme une parole fondamentalement tutoyante, – tournée vers uninterlocuteur, qui cependant se dérobe, – comme si l'énonciation poétiquene se soutenait que de l'inconnu de sa destination.

Plusieursfigures font poindre cette place, nécessairement vacante, de l'autre dans lepoème. Il peut s'agir sans doute de figures restreintes : une figuregrammaticale (le vocatif), ou des figures rhétoriques (l'apostrophe et sesdivers développements, comme l'hypotypose), elles-mêmes filées ou amplifiéesdans des formes poétiques fixées par la tradition ou disséminées dans lesécritures de la modernité, – comme l'envoi, l'épigramme, l'éloge, l'hommage, lethrène, le toast, ou le tombeau… Mais aucune figure ne suffit à désigner à elleseule la part de l'autre dans la parole. Parce que celle-ci est inassignable,elle est aussi partout dans la langue dès que l'on parle ; si bien quel'apostrophe engage en réalité tout le travail du poème, auquel elle donne sapulsation initiale, et dont elle constitue le rythme fondamental.

En outre,quand la recherche du mot juste engage, au-delà de simples figures du langage,une forme entière d'attention à autrui, la poétique, placée sous le signe del'interlocution, vaut comme une éthique ou une politique. En réfléchissant surles différentes manières dont le don du poème se met en scène dans le texte(par exemple à travers les tours et les détours d'une dédicace, dans lerepliement de l'oeuvre sur elle-même ou au contraire dans son ouverture qui lavoue à une réception imprévisible), ce livre prend donc pour objet lacommunauté qu'instaure le partage du poème, – que cette communauté se pense aumiroir de modèles sociaux existants ou qu'elle joue de sa dissidence, qu'ellese garantisse de quelque grand Autre (qui sacralisait jadis l'offrandepoétique) ou qu'elle se reconnaisse désormais adossée à la solitude d'écrire.

Dix-huitétudes de grande qualité, offertes par des chercheurs reconnus ou plus jeunes,composent cette Offrande lyrique.Elles balisent quelques-uns des moments les plus significatifs (ou les pluscritiques) du lyrisme, dans un champ chronologique qui va de l'Antiquité àl'extrême-contemporain. Le mouvement d'une histoire apparaît, et le sens d'unehistoricité se dégage : du geste d'abord religieux de l'offrande à saprofanation, – où l'on voit cependant en retour la poésie reprendre à la théologie son bien.

Table des matières

Préface par Jean-Nicolas Illouz.

Christian Doumet –– La dédicace et son secret.

Lyrique amoureuse, lyriquefunèbre, lyrique sacrée

Stéphane Rolet –– Inventions et métamorphoses du destinataire dans la poésielyrique gréco-latine.

Gisèle Mathieu-Castellani–– à qui s'adresse le messageamoureux ?

Anne Gourio –– “Je ne suis que parole intentée à l'absence” : les paradoxesde l'adresse funèbre chez Jouve et Bonnefoy.

Gérard Dessons –– Jean dela Croix : donner à entendre.

Jeux d'adresse

Christopher Lucken –– Mirlifiquesoberliques. Charles d'Orléans marchand dechansons.

François Cornilliat ––Poètes lyriques, poètes “leriques”?Sur quelques mutations du « chant » à la Renaissance.

Dominique Rabaté –– Voici des fruits, des fleurs… Remarques sur le poème comme dond'amour.

Anne-Emmanuelle Berger ––Donner sa langue au chien.

Loïc Windels –– Offrande publique et don privé : Baudelaireet le don du poème aux poètes.

Jean-Nicolas Illouz ––Mallarmé, “à une tombe ou à un bonbon” : éthique et poétique du don (àpropos des Loisirs de la poste etautres Récréations postales).

Partage du poème

Alain Génetiot –– Don dupoème dans la poésie mondaine du XVIIe siècle.

Céline Guillot ––“Survivants de la fourmilière 304, regroupez-vous !” : la communautéhumaine et le sujet poétique dans Épreuves,exorcismes de Henri Michaux.

Margot Demarbaix –– “A un jeune homme” : poétiques de l'adresse au jeunepoète (Max Jacob, Jean Genet, Jude Stéfan).

Jasmine Getz –– Poétiquede l'interlocution : Ossip Mandelstam, Paul Celan, André du Bouchet.

Martine Créac'h –– “Objetinvisible” ou “mains tenant le vide” : que peut donner la sculpture ?

Patrick Labarthe –– Yves Bonnefoy et le donde la citation : sur un vers de Ronsard dans Les Planches courbes.

Jean-Claude Mathieu –– Latombe et le passant : l'apostrophe de la mort.


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