Essai
Nouvelle parution
J.-F. Hangouët, R. Gary. À la traversée des frontières.

J.-F. Hangouët, R. Gary. À la traversée des frontières.

Publié le par Marc Escola (Source : Livre reçu)



J.-F. Hangouët,

R. Gary. À la traversée des frontières

Découvertes Gallimard, 2007


128 pages
ISBN : 9782070345946
Code Sodis : A34594
13,50 euros
En librairie
le 27/09/2007

(Livre en attente de rédacteur pour compte rendu dans Acta fabula.)

Roman Kacew/Romain Gary
Wilno/Vilnius 21 mai 1914 – Paris, 2 décembre 1980


Entre ces noms, ces lieux, une immense diversité de parcours et de cultures qui se retrouve dans son oeuvre : dans ses inspirations et aspirations, comme la quantité de livres dans les diverses langues pratiquées (français, anglais, russe, polonais), dans la systématisation des réécritures des romans, dans la variété des pseudonymes (Ajar, Sinibaldi, Shatan Bogatt), ou dans les divers moyens utilisés (roman, théâtre, nouvelle, voyage, article, cinéma, etc.).
Et aussi une vie à plusieurs vitesses : l'arrivée à Nice en 1928, à 14 ans, seul avec sa mère (ce sera la trame de La Promesse de l'aube, en 1960.
La guerre, où il arrive comme caporal, pour déserter dès l'armistice et rejoindre Londres, dans les Forces aériennes libres : entre différentes bases de la France libre sur le continent africain (une expérience qui nourrira Les Racines du ciel en 1956) et les opérations du Groupe Lorraine, Gary trouve le temps d'écrire son premier livre, publié en anglais en 1944 sous le nom de Forest of Anger, qui deviendra Éducation européenne, en 1945. Après-guerre, compagnon de la Libération, commandeur de la Légion d'honneur, Gary devient diplomate, dans des postes modestes d'abord, mais où il côtoie l'histoire, comme à Sofia, quand les communistes investissent le pays. Ensuite ce sera New York, aux Nations Unies (expérience qui donnera un récit édifiant, L'Homme à la colombe, publié sous pseudonyme en 1958), puis La Paz, où il apprend que Les Racines du ciel, publié chez Gallimard, ont reçu le prix Goncourt. Il est enfin consul-général à Los Angeles, où il parachève La Promesse de l'aube, livre d'inspiration autobiographique, centré sur la figure de sa mère.
C'est là aussi que Romain Gary change de vie, pour se consacrer à l'amour – il vient de rencontrer Jean Seberg – et à son oeuvre. À partir de 1961, il n'est plus qu'écrivain, entraîné dans la création, la mémoire, «habité par un ange-démon » qui le pousse à se pencher sur « tout ce que guette déjà le temps avec des yeux de l'oubli », décidé à faire en sorte que « l'humain et l'inhumain rompent enfin leur couple infernal». «L'homme se fera», écrit-il avec confiance. C'est dans un engagement de tous les instants qu'il produit parfois plusieurs livres par an, en titan de la littérature.
1974: trois livres – La nuit sera calme, Les Têtes de Stéphanie, et Gros Câlin –, trois noms – Gary, Bogatt, Ajar – et surtout, trois styles. C'est le début du dédoublement Gary-Ajar, Clair de Femme et les Cerfs volants face à La Vie devant soi, Goncourt 1975, Pseudo et l'Angoisse du roi Salomon. Les critiques crient au génie devant l'oeuvre d'Ajar, et dénigrent le style de Gary.
Le 2 décembre 1980, en fin de journée, dans le calme de sa chambre de la rue du Bac, s'ouvrent les portes d'un calme absolu. «Je me suis enfin exprimé entièrement.» écrit-il dans son dernier message.
En 1981, dans Vie et mort d'Emile Ajar, la vérité sera dévoilée: «Je me suis bien amusé. Au revoir et merci »


L'auteur : Jean-François Hangouët, ingénieur cartographe, est le fondateur, en 1997, de l'association Les Mille Gary (Inventaire et promotion de l'oeuvre de Romain Gary), et le rédacteur en chef de son bulletin Le Plaid. Il a co-organisé avec les universités plusieurs colloques et co-édité plusieurs ouvrages sur Romain Gary (Signé Émile Ajar à La Chasse au Snark, Le Cahier Romain Gary aux éditions de L'Herne) voire de Romain Gary lui-même (L'Affaire homme, en Folio, avec le philosophe Paul Audi). Il a édité récemment la nouvelle version du roman Gros-Câlin d'Émile Ajar - Romain Gary au Mercure de France (2007).