Essai
Nouvelle parution
J. Dubois, Stendhal. Une sociologie romanesque

J. Dubois, Stendhal. Une sociologie romanesque

Publié le par Arnauld Welfringer

Jacques Dubois, Stendhal, une sociologie romanesque
Editions La Découverte, coll. "Textes à l'appui/Lab. Sciences sociales"
252 p.
23 €
ISBN : 978-2-7071-5089-9

« Cet auteur ne cesse pas d’offenser », disait de Stendhal le philosophe Alain. De fait, Stendhal offense, heurtant les opinions convenues et bousculant les modèles reçus de la représentation. Il y va d’une forme d’engagement qui naît à même l’écriture, engagement d’abord littéraire, qui met en jeu le roman dans sa forme et ne craint pas de transgresser les règles implicites qui le gouvernent. Jacques Dubois montre dans ce livre que ce grand écrivain des enchantements amoureux est aussi le romancier le plus authentiquement politique que la France ait connu au XIXe siècle, décrivant sans pitié la glaciation que connut la société française durant la Restauration et la monarchie de Juillet. Tout le problème de Stendhal est en réalité de conjuguer deux mondes apparemment incompatibles, celui de la politique et celui de l’amour. Sa solution : faire de la passion amoureuse le lieu même de l’opposition politique. Or, dans ce jeu complexe, ce sont les femmes qui entraînent des héros moins résolus, tels que Fabrice Del Dongo et Julien Sorel, dans des actes éclatants de profanation symbolique. Plus généralement, la sociologie romanesque de Stendhal décrit chez ses personnages une lutte individuelle et collective pour la reconnaissance, qui met en cause tant le déterminisme des appartenances que les tyrannies du quotidien. Des personnages qui en disent long sur les rapports de société et sur ce que l’évidence de ces rapports dissimule. Au gré de ces épisodes, une science du social se fait jour, une science vagabonde, qui ne se réclame pas d’un programme explicite. Mais la lecture de Jacques Dubois montre aussi à travers quels biais l’auteur du Rouge et le Noir, au-delà de ses ambitions esthétiques, a ouvert la voie aux sciences sociales et les a accompagnées dans leurs développements.

Jacques Dubois est professeur émérite de l’université de Liège, tourné vers les rapports entre littérature et sociologie. Il est l’auteur de Pour Albertine. Proust et le sens du social (Seuil, 1997) et des Romanciers du réel (Seuil, 2000). Il a assuré avec B. Denis l’édition des Romans de Simenon dans la Bibliothèque de la Pléiade (2 vol., 2003).


Table des matières

Avant-propos - Problèmes et méthodes - 1. Le roman politique - La société bloquée - Le coup de pistolet dans le concert - 2.  Le romancier sociologue - Le cercle des primitifs - Dispositions et lutte pour la reconnaissance - 3. La montée des femmes - Contre la domination : l’amour - Contre le déterminisme : l’humour - 4. Armance sans voix - Une classe pétrifiée - L’amour barré - Rêver Armance - 5. Des noirs et des rouges - Tout est social - Un analyseur turbulent - La scène politique - La scène érotique - Un champion du coup de tête - 6. Intense Louise, impétueuse Mathilde - Portraits croisés - Féminités - Moments charnels - Résister, profaner 1 - 7. Un héros du juste milieu - Une écriture de la contingence - Règne de l’argent, temps des fripons - Le cœur à gauche - Tout est politique - Dilettante ou imposteur ? - 8. Entre Bathilde et Augustine - Bathilde n’est pas Mathilde - Augustine maîtresse femme - Partie nulle - 9. Des primitifs et des poudrés - Un héros italien - La scène politique - La lutte des clans - L’emprise des signes - La scène érotique - 10. Insolente gina, intransigeante Clélia - Dispositions et tâtonnements - L’hystérie productive - La patience souveraine - Résister, profaner 2 -11. Lamiel sans fin - La politique au village - Un crescendo terroriste - Aimer Lamiel - Conclusion - Une sociologie romanesque - Bibliographie sélective d’ouvrages et articles sur Stendhal.