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"J'ai tué" : Violence guerrière et fiction.

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Vicky Colin, Université de Gand)

« J'ai tué » Violence guerrière et fiction Colloque international, ENS, Paris 26 et 27 mars 2009

Pour toute information supplémentaire,s'adresser à jaitue@ugent.be

Les conflitscontemporains ont conduit à sensibiliser simultanément les écrivains et legrand public à la thématique de la guerre. Ce colloque réunira, autour desquestions de la représentation de la violence guerrière dans la fiction, desspécialistes de la littérature, du cinéma et des historiens. Il s'efforcera defavoriser des perspectives croisées. La formule célèbre « J'ai tué »de Blaise Cendrars balisera le champ d'étude, qui est celui de la violencedirecte infligée de près, lors du combat ou dans son contexte immédiat. Ilabordera les deux guerres mondiales, les guerres de décolonisation, et quelquesautres grands conflits du XXème siècle.

Les guerres du XXème siècle font l'objet d'uneattention accrue dans nos sociétés civiles « spectatrices ». Lesfictions ont constitué, tout au long du dernier siècle, un champ de réflexionessentiel dans ce domaine. L'impact des romans et du cinéma est d'ailleurssouvent bien plus important auprès du public que celui des travaux deshistoriens, même s'il arrive aux fictions de leur servir de relais.

On observe que, depuis la Grande Guerre au moins, le « bon »roman de guerre est un roman « contre » la guerre. Cette perspectivedominante amène que les fictions regardent la mort au combat surtout du côtédes victimes. La description des souffrances subies entre dans l'horizond'attente de tout lecteur d'un roman ayant pour cadre le champ de bataille. Enlittérature certainement, l'image du soldat en victime est centrale. Mais lavision de la mort au combat ne se limite pas aux figures de victimes, ellecomprend aussi un aspect symétrique, quoique moins souvent souligné :faire la guerre, ce n'est pas seulement mourir, c'est aussi, et peut-être avanttout, tuer. Nous nous proposons de nous interroger précisément sur cet aspect parfoisnégligé, sinon par les créateurs, du moins par la critique. L'acte de tuer, eten particulier tuer de ses propres mains, n'est en effet pas absent des oeuvresde fiction.

Comment la littérature et le cinéma mettent-ils en scènele combat et la violence rapprochée, directe, qui l'accompagne ? Quelssont les moyens esthétiques mis en oeuvre pour sa représentation, ou aucontraire son occultation ? Quels choix, quelles censures, quellesdramatisations, ou quelles tentatives de justification morale, impose la miseen fiction des témoignages de violence vécue du côté des acteurs ?Telles sont les questions auxquelles ce colloque voudrait tenter de trouver uneréponse.

A l'écoute des spécialistes universitaires, notrerencontre donnera également la parole aux créateurs dont les oeuvres ont abordéla problématique de la représentation de la violence directe sur le champ debataille. Leur point de vue permettra de prendre la pleine mesure des différentsaspects esthétiques et éthiques qu'impliquent la mise en scène du geste detuer.  Une table ronde animée par Pierre Schoentjes réuniraGilbert Gatore, Laurent Mauvignier et Richard Millet du côté de la littérature,tandis que François Bernard interviendra pour aborder le cinéma.

DéborahLévy-Bertherat (ENS Paris)

et PierreSchoentjes (Université de Gand)

Programme

JEUDI 26 mars 2009

(salle Dussane)

9h15-9h30 Accueil MoniqueCANTO-SPERBER (Directrice de l'ENS)

9h30-9h45 IntroductionDéborah LEVY-BERTHERAT et Pierre SCHOENTJES

9h45-10h25 Pierre SCHOENTJES (Université de Gand)

Guerre juste et littérature : un soldat entue un autre.

10h45-12h05 Grande Guerre (présidenceAnnette BECKER, Université deParis X

et Pierre SCHOENTJES, Université de Gand)

10h45-11h25 Corinne FRANÇOIS-DENEVE (Université de Paris III)

La Grande Guerre : mise à mort, mise en scène contemporaines.

11h25-12h05 DéborahLEVY-BERTHERAT (ENS)

« Les hommes bons ne tuent pas » : violence guerrière, éthique et idéologie.

14h-15h20 Deuxième Guerre mondiale (présidenceMichel MURAT, ENS)

14h-14h40 YanHAMEL (TELUQ, Montréal)

« C'étaient des fascistes et ça changeait tout. »

14h40-15h20 Vicky COLIN (Universitéde Gand)

« Laguerre, un pays de fées perverti » : violence militaire et personnelle dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell.

15h40-17h Cinéma (présidenceJean-Loup BOURGET, ENS)

15h40-16h20 Alain KLEINBERGER (Université de Paris X)

« Butwar means death ». La mise à mort de l'ennemi dans un cinéma sous contraintes :le film de combat américain de la Seconde Guerre mondiale, 1942-1945.

16h20-17h LaurentVERAY (Université de Paris X)

Lareprésentation de l'acte de tuer dans quelques films américains sur la guerredu Vietnam.

19h Table ronde d'écrivains et de cinéastes (animée par Pierre SCHOENTJES)

François BERNARD

Gilbert GATORE

Laurent MAUVIGNIER

Richard MILLET

VENDREDI 27 mars 2009
(salle Dussane)

10h-12h Algérie (présidence Jean-Charles DARMON, ENS)

10h-10h40 Philip DINE (National University ofIreland)

Raconter des histoires de “là-bas”: la narration de laviolence directe dans la guerre d'Algérie.

10h40-11h20 Cathérine MILKOVITCH-RIOUX (Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand II)

La guerred'Algérie, ou la violence en miroir.

11h20-12h Benjamin STORA (Université de Paris XIII)

Les écritsdes femmes : fictions sur la guerre d'Algérie.

13h30-15h30 Rwanda (présidence Déborah LEVY-BERTHERAT, ENS)

13h30-14h10 Catherine COQUIO (Université de Poitiers)

La représentation des tueurs lors du génocide rwandais:sens et réalité d'une violence extrême, entre témoignage et fiction littéraire
(J. Hatzfeld, G. Gatore).

14h10-14h50 AnneleenSPIESSENS (Hogeschool Gand)

Raconter la violence et la cruauté. Les tueurs chezHatzfeld et Gatore se mettent en scène.

14h50-15h30 Jean-Pierre KAREGEYE (Université de Berkeley)

Jouissance et meurtre dans le roman africain sur lesdictatures et le génocide des Tutsi.

15h30 Clôture du colloque