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ITEM : Génèses théatrales (Olga Anokhina)

ITEM : Génèses théatrales (Olga Anokhina)

Publié le par François Lermigeaux

Séminaire général de l’ITEM 2004-2005

Genèses théâtrales

(coordonné par Dominique Budor et Almuth Grésillon)


Lundi 14 mars 2005, à 16 h

(29, rue d’Ulm, 75005 Paris, salle Jules Ferry au sous-sol).


De l’avant-texte à la scène.

Genèse du Molière de Boulgakov


Olga ANOKHINA, ITEM (CNRS/ENS)

Notre choix d’étudier le dossier génétique de la pièce Molière (La Cabale des dévots) de Mikhaïl A. Boulgakov a été doublement motivé. Nous avons été guidée, d’une part, par la richesse extraordinaire du dossier génétique composé de notes de lecture, de brouillons, de tapuscrits gardant l’intervention de la censure, d’une abondante correspondance liée à la pièce, de sténogrammes et de comptes rendus des répétitions… D’autre part, ce choix a été déterminé par le rôle que cette pièce a joué dans l’œuvre et dans la vie de l’écrivain ainsi que par les questions théoriques que pose à la critique génétique le « cas Boulgakov ».

Outre les problématiques, propres à toute genèse théâtrale, qui ont été soulevées par le séminaire général depuis le début de l’année, l’étude d’un dossier génétique de Boulgakov fait questionner le lien entre l’endogenèse et l’exogenèse, la relation entre l’auteur et la censure, le rôle des contraintes dans l’activité d’écriture et, enfin, sur un mode plus général, la relation entre l’artiste et le pouvoir. La plupart de ces problématiques ont souvent été approchées par les recherches en critique génétique et l’étude d’un dossier d’une seule œuvre nous montrera à quel point toutes ces questions restent pertinentes et méritent un retour à la réflexion théorique.

Dans le cadre de ce séminaire qui s’attache à étudier la variété des genèses théâtrales, le dossier de Molière nous renseigne plus particulièrement sur les difficultés de la genèse scénique, celle qui commence quand un texte écrit doit être porté à la scène. Ainsi, l’interaction entre écrivain et metteur en scène qui, dans d’autres cas, peut engendrer une collaboration fructueuse ou, du moins, constructive a causé ici une très grande souffrance chez tous les « acteurs » de cette genèse théâtrale : les metteurs en scène successifs, les interprètes qui ont changé à plusieurs reprises, Boulgakov lui-même.

ŒUVRES DE BOULGAKOV


  • M. A. Boulgakov, Œuvres, Pléiade, Gallimard, 2004.

  • M. A. Boulgakov, Écrits autobiographiques, Babel, 1997.

  • M. A. Boulgakov, Journal confisqué, Solin, 1992.

  • M. A. Boulgakov, Pièces, Moscou, 1962.

  • M. A. Boulgakov, Drames et comédies, Moscou, 1965.

  • M. A. Boulgakov, Pièces, Moscou, 1986.

  • M. A. Boulgakov, Œuvres choisies, Kiev, 1989.

  • M. A. Boulgakov, Œuvres, Moscou, 1990, t. III.

  • M. A. Boulgakov, Pièces des années 30, Saint-Pétersbourg, 1994.


SÉLECTION D’OUVRAGES DÉDIÉS À BOULGAKOV


  • M.-C. Autant-Mathieu, « Mikhaïl Boulgakov : mise en scène d’une parole confisquée », in Écrire pour le théâtre. Les enjeux de l’écriture dramatique, Paris, CNRS Éditions, 1995, pp. 145-160.

  • M.-C. Autant-Mathieu, Le théâtre de Mikhaïl Boulgakov, Lausanne, L’Âge d’homme, 2000.

  • E.S. Boulgakova, Le Journal d’Elena Boulgakova, Moscou, Knijnaja palata, collection « Iz rukopisnogo nasledija », 1990 (en russe).

  • Ph.-J. Catinchi, « Boulgakov face au diable », in Le Monde des livres, le 28 mai 2004.

  • V.V. Goudkova, Dramaturgie de M.A. Boulgakov sur la scène soviétique : les pièces Les Jours des Tourbine et Fuite (1950-1970), thèse de 3e cycle, Moscou, 1981 (en russe).

  • N. Gortchakov, « Molière », in Les Leçons de mise en scène de K.S. Stanislavski : les conversations et les notes des répétitions, Moscou, Isskoustvo, 1950 (en russe).

  • N. Gortchakov, Stanislavski directs, New York, Funk & Wagnalls compagny, 1954.

  • V. Loçev (éd.), Boulgakov inconnu, Moscou, Knijnaja palata, collection « Iz rukopisnogo nasledija », 1993 (en russe).

  • V. Loçev, Mikhaïl Boulgakov. Journal. Lettres 1914-1940, Moscou, Sovremennyj pisatel, collection « Velikie Moskvitchi », 1997 (en russe).

  • V.V. Novikov, Mikhail Boulgakov artiste, Moscou, Moscovskij rabotchij, 1996 (en russe).

  • A. Smelanski, Mikhaïl Boulgakov dans le théâtre d’art, Moscou, Isskoustvo, 1989 (en russe).

  • B. Sokolov, Encyclopédie boulgakovienne, Moscou, LOKID-MIF, 1996 (en russe).

  • B. Sokolov, Boulgakov. Encyclopédie, Moscou, Algorithme, 2003 (en russe).


RÉSUMÉ DE LA PIÈCE


Le soir même où Molière donne, pour la première fois, une représentation en présence du roi Louis XIV à Paris, il annonce à sa compagne, l’une des meilleures actrices du théâtre, Madeleine Béjart, qu’il est amoureux de sa sœur, Armande Béjart et qu’il est résolu à l’épouser. Saisie par la douleur et par l’amour toujours passionné qu’elle a éprouvé pour Molière depuis de nombreuses années, Madeleine n’a pas le courage de lui annoncer que, en réalité, Armande n’est pas sa sœur, mais sa fille (d’un premier lit). Elle ne confie ce lourd secret qu’à Lagrange, acteur, fidèle ami et biographe de Molière et de son théâtre. Or, cette déclaration est entendue par un jeune garçon de rue, prénommé Moirron, qui s’était caché dans les clavecins pour passer la nuit au théâtre. Avant de quitter le théâtre, Molière découvre le garçon et l’emmène vivre chez lui.


Plusieurs années s’écoulent. Molière est au sommet de sa gloire. Il vient d’écrire et de présenter Tartuffe devant le roi. L’Église et les aristocrates se sentent attaqués et ne pardonneront pas à Molière cette gifle. L’archevêque de Paris et la société Cabale des dévots décident de se venger.


Après s’être fâché avec Molière, son fils adoptif Moirron devenu acteur au Palais-Royal dénonce à la société Cabale des dévots le lourd secret entendu il y a longtemps. Lors de la confession, l’archevêque de Paris fait avouer à Madeleine Béjart sa véritable parenté avec Armande, devenue l’épouse de Molière. L’archevêque dénonce au roi l’inceste commis par Molière en affirmant que Molière s’était marié avec sa propre fille. Louis XIV punit le dramaturge en le privant de la protection royale dont il jouissait jusque-là. Sa pièce Tartuffe est interdite et il devient un hors-la-loi.


Abandonné de tous, menacé, Molière meurt d’une crise cardiaque pendant une représentation.