Questions de société
Italie : 25 000 enseignants sont sans affectation (Libération, 03/09/09)

Italie : 25 000 enseignants sont sans affectation (Libération, 03/09/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Italie : 25 000 enseignants sont sans affectation, Libération, 3 septembre 2009

http://www.liberation.fr/monde/0101588573-italie-25-000-enseignants-sont-sans-affectation

La rentrée scolaire s'annonce explosive en Italie, alors que plus de25.000 maîtres d'école et professeurs n'ont toujours pas d'affectationmoins de deux semaines avant le retour en classe et que desmanifestations de protestation, parfois insolites, se succèdent dans lepays.

A Rome, cinq enseignants contractuels ont improvisé mardi unstrip-tease devant un lycée de la capitale pour manifester ensous-vêtements contre leur statut de travailleur précaire.

Des suppressions de postes envisagées

Quelque 42.000 postes d'enseignants (sur 800.000) et 15.000 emploistechniques et administratifs seront supprimés à la rentrée, quis'étalera entre le 14 et 21 septembre.

Resteront sans affectation près de 8.000 professeurs et maîtresd'écoles titulaires ainsi que 18.000 enseignants contractuels, selonles premières estimations qui prennent en compte les départs enretraite.

Si l'harmonisation des postes, après la rentrée, pourrait permettreaux professeurs titulaires de recevoir une affectation de dernièreminute, seuls des remplacements pourront être proposés auxcontractuels, dont la majorité se retrouvera de fait au chômage.

« Pour la ministre de l'instruction, l'école n'est pas un bienpublic fondamental mais un ensemble de dépenses à réduire pour bouclerle budget », a déclaré à l'AFP Mimmo Pantaleo, secrétaire national dusyndicat national FLC-CGIL.

Des enseignements « moins riches et diversifiés »

« Les enseignements seront donc moins riches et diversifiés, lenombre d'élèves par classe sera toujours plus élevé et les financementspour équiper les écoles réduits », a-t-il poursuivi.

Ces réductions de postes correspondent à la mise en oeuvre d'undécret - promulgué en mars malgré une forte opposition d'étudiants, deparents d'élèves et de la gauche - qui prévoit une réduction desdépenses de l'instruction publique italienne de l'ordre de huitmilliards d'euros sur trois ans.

A Palerme (sud), huit enseignants et personnels contractuels mènentdepuis plusieurs jours une grève de la faim devant les bureaux desservices scolaires de la ville, un des enseignants ayant dû êtreconduit mercredi aux urgences après un malaise.

Près de Naples (sud), six enseignantes contractuelles occupent letoit des services scolaires de la province de Benevento depuis samedi,pour protester contre les 500 postes supprimés dans la province.

« L'Etat met en oeuvre le plus grand licenciement de masse del'histoire italienne dans le secteur où il faudrait investir le plus,c'est-à-dire dans l'éducation de nos enfants », a commenté mercrediDario Franceschini, secrétaire du PD, principal parti de l'opposition.

La ministre de l'instruction italienne, Mariastella Gelmini, arépondu qu'une « réponse serait donnée au plus vite aux enseignantsprécaires touchés par la réforme » et a promis de recevoir jeudi lessyndicats.

Des critères de recrutement modifiés

Les enseignants contractuels, qui attendent un poste fixe parfoisdepuis plus de dix ans, étaient environ 131.000 à la rentrée 2008.

Autre sujet de grogne pour les syndicats, la ministre a présenté lasemaine dernière une réforme de la formation des futurs enseignants,dont le nombre sera calculé chaque année sur la base des postesdisponibles.

Les critères de recrutement seront également modifiés, passant dequatre à cinq ans d'études universitaires pour enseigner au primaire età six années d'études, dont un stage pratique d'un an, pour lesecondaire, désaisissant les instituts de formation spécialisés pour lesecondaire du monopole de la formation des professeurs.

Le nombre d'élèves à la rentrée 2009 devrait être quasimentéquivalent à celui de la rentrée 2008, avec près de 6.778.000 élèvesinscrits en maternelle, au primaire et au secondaire, selon leschiffres du ministère.

(Source AFP)