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Interférences littéraires,  n° 3, novembre 2009 :

Interférences littéraires, n° 3, novembre 2009 :"Les écrivains et le discours de la guerre"

Publié le par Matthieu Vernet (Source : François-Xavier Lavenne)

Interférences Littéraires n° 3, nouvelle série, novembre 2009 :Les écrivains et le discours de la guerre

http://sites.uclouvain.be/interferences/index.php?option=com_content&view=article&id=103&Itemid=118

Interférences littéraires, revue en ligne de l'Institut de Littérature de l'Université catholique de Louvain (U.C.L. - Louvain-la-Neuve, Belgique), se fixe pour objectif d'interroger les multiples façons dont la littérature se donne à lire en interférence, voire comme interférence. Les productions littéraires de toutes époques et de toutes origines linguistiques et culturelles y sont étudiées dans leur connexion avec d'autres formes de discours et d'autres types de productions sémiotiques. C'est dans cette perspective que s'inscrit son troisième numéro intitulé les « Écrivains et le discours de la guerre ».

Les études réunies dans ce volume mettent en évidence les relations étroites qu'entretiennent la guerre et la littérature. D'un point de vue historique, elle est le premier sujet qui ait semblé digne de l'attention des poètes épiques et elle n'a cessé au fil des siècles d'interpeller les écrivains. La guerre appelle la parole, utilise la parole, passe par la parole. Elle n'est pas qu'objet du discours, elle tend aussi à le configurer en y imprimant ses codes, ses protocoles, ses grades, ses censures, enfin, sa propagande, ou a contrario, en suscitant elle-même un contre-discours de rupture provoqué, précisément, par l'événement de rupture qu'elle est dans son essence. La situation de guerre induit en outre une nouvelle situation d'écriture pour l'écrivain qui se voit sommé de répondre à la question d'Hölderlin : « À quoi bon des poètes en temps de détresse ? ». Quand elle n'est pas l'événement déclencheur qui le pousse à prendre la plume, elle est propice à l'engagement de l'écrivain.

 

L'espace qu'ouvre l'écriture est en effet essentiel pour dire, transmettre et interroger l'expérience de la guerre. Des textes fondateurs aux romans contemporains, il n'est pas d'écriture du conflit qui n'émane de la profonde nécessité métaphysique engendrée par la guerre. Le conflit qui rompt l'équilibre des sociétés et des vies humaines, qui confronte les individus à l'irrémédiable, ne cesse de fasciner l'homme. La voix de la guerre l'interroge, avec la dernière violence, quant à sa nature, à l'éthique de son agir, à son identité individuelle et collective. Le temps du conflit est, en particulier, celui où l'homme se confronte de la manière la plus concrète et la plus immédiate à l'angoisse de sa finitude. Il y est mis en présence du spectre angoissant de la rupture de sa propre vie, mais également de la fin du monde ou, du moins, de son monde, celui dans lequel s'enracinait son existence. Pendant la guerre, la mort cesse d'être une potentialité reléguée à un futur plus ou moins lointain pour devenir une réalité présente et pressante. Sur le champ de bataille, les cadavres en décomposition, qui sont d'ordinaire cachés, sont exposés au grand jour ; la mort s'y révèle sous ses aspects les plus lisibles, ceux que les sociétés tentent normalement de refouler. L'expérience de la guerre appelle ainsi, plus que toute autre, une réponse de l'imaginaire.

 

Toute écriture de la guerre est d'abord une lecture de la guerre, une interprétation de ce temps de crise dans la vie des sociétés et des individus, temps où l'Histoire avec sa grande hache croise, plus qu'à aucun autre moment, les histoires personnelles. Dès lors, comment l'écrivain situe-t-il son travail d'écriture face à la guerre ? Quels en sont les objectifs, avoués ou non ? Comment la parole émerge-t-elle du conflit, peut-elle être mobilisée par lui ou est-elle fracturée par sa violence pour ne plus laisser au survivant que le silence et le ressassement pour exprimer l'indicible du traumatisme vécu ? Ce faisceau de questionnements que la guerre pose à la littérature et que la littérature jette sur elle traverse les articles réunis dans ce numéro. Réalisé dans une perspective interdisciplinaire, il croise les approches littéraires, historiques et philosophiques ; l'étude de la réception comme celle de la poétique du sujet.

 

Sommaire du troisième numéro :

http://sites.uclouvain.be/interferences/index.php?option=com_content&view=article&id=372&Itemid=262

 

Les écrivains et le discours de la guerre

s. dir. François-Xavier Lavenne & Olivier Odaert

n° 3 - novembre 2009

 

François-Xavier Lavenne & Olivier Odaert,

Les écrivains au coeur des discours de la guerre

 

Tania Van Hemelryck,

La Chanson de Roland aux XIXe, XXe et XXIe siècles

De la glorification nationale à l'instrumentalisation idéologique

Marie Jennequin-Leroy

Fin d'un règne, fin d'un temps.

Les États bourguignons après la mort du Téméraire

 

Thierry Gillyboeuf et Ariane Lüthi

Tableaux et Aspects de la Guerre de Herman Melville

 

Olivier Parenteau

Un poète au-dessus de la mêlée :

Interrogation (1917) de Pierre Drieu La Rochelle

 

Laurence Olivier-Messonnier

Les Pieds Nickelés : une littérature de jeunesse populaire et cocardière

aux richesses insoupçonnées (1913-1917)

 

Laurent Deom

Le beau jeu de la guerre : l'esthétique du conflit chez Jean-Louis Foncine

 

Nicolas Mignon

Absurdité, fatalité et fraternité : les Grandes Guerres de Robert Vivier (1916-1984)

Philippe Beck

Les écrivains belges du front. Groupements, revues, littérature de guerre et antimilitarisme

 

Sophie Milquet

Le roman comme lieu de mémoire

L'esthétique des fosses communes dans l'oeuvre d'Agustin Gomez-Arcos

 

Georges Jacques

Le génocide rwandais et la distanciation romanesque

 

Thérèse Zhang Kai-Ying

Enfants-soldats d'Afrique

Imaginaires de guerre, images du continent et écriture de la dénonciation

 

Luciano Curreri

La guerre civile espagnole entre fiction et réalité