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Interculturalités!? Etat des lieux, malentendus, perspectives, théories et pratiques

Interculturalités!? Etat des lieux, malentendus, perspectives, théories et pratiques

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Esther van Rossen)

Le laboratoire Suds d'Amériques (ILEI - UVSQ) organise, du 12 au 14 septembre 2012, un colloque international intitulé : Interculturalités!? Etat des lieux, malentendus, perspectives, théories et pratiques.

L’interculturalité, sous des appellations diverses, est très souvent évoquée aussi bien dans les contextes de recherche (comme la base-line du laboratoire Suds d’Amériques pour le Contrat quinquennal en cours) que dans les projets pédagogiques ou les démarches institutionnelles. Les points d’exclamation et d’interrogation dont nous faisons suivre cette notion dans cet appel à propositions auront pour fonction de souligner que nous la manipulons comme un flacon de nitroglycérine extrêmement instable. En effet, cette notion pour le moins problématique se caractérise surtout par une absence de définition stable car en constante évolution et sujette à controverses.

D’un point de vue théorique, on pourra lors de ce colloque mettre en avant la problématique de la constitution des « cultures ». Plusieurs approches ont cours, dont les présupposés reflètent sans doute des finalités bien différentes : si Philippe Descola prolonge la vision structuraliste dans une anthropologie culturelle de la représentation, toute une école américaine plus pragmatique (Milton Bennett, Intercultural Communication Institute) cerne les pratiques et les compétences destinées à une communication interculturelle efficace dans le monde économique et entrepreneurial.

Le récent Musée du Quai Branly, s’il a délaissé les connotations du projet d’un « Musée des Arts Premiers », adopte le slogan « là où dialoguent les cultures ». Ce slogan indique que la pertinence « sociétale » de la notion d’interculturalité dans l'actualité semble aller de soi, de même que l’indiquent les débats sur l’intégration, le « vivre-ensemble », la mixité ou le droit à la différence, les chocs des civilisations, les transferts et les hybridités. Ces questions ont des prolongements pédagogiques car les enseignants de langues, littératures, civilisations et cultures, tout en enseignant certes les langues étrangères, fournissent les outils d’une « interculturalité » aux perspectives et caractéristiques diverses qui serait (mais l’est-elle ? Doit-elle l’être ? Dans quelle finalité épistémologique ou éthique ?) un horizon unanimement partagé malgré la multiplicité de ses définitions et représentations. Ces problématiques sont en outre au centre des présupposés et pratiques de l'Institut des Langues et des Etudes Internationales (ILEI) de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Partant d’un enseignement des langues dont les nécessités pédagogiques impliquent la dissémination de connaissances fixes, grammaticalement structurées, donnant l’illusion d’une permanence, les cultures peuvent être vues dans la tradition occidentale comme les produits achevés d’une longue histoire à un moment de laquelle elles seraient en sommes nées à elles-mêmes. Au terme de cette maturation laborieuse, chaque culture, sûre de son identité, parvenue au terme d’un processus historique à une paradoxale pureté virginale originelle, bien établie selon le schéma Herderien dans la forteresse de la langue qui la structure, des traditions populaires et de l’histoire d’un peuple qui se la transmet et s’y reconnaît, administré par un Etat-nation, pourrait envisager sereinement de s’intéresser à d’autres cultures, sans crainte de trouver dans cette ouverture à l’étrange étranger autre chose qu’une confirmation de sa belle identité, voire de sa splendide exception culturelle.

Au début de ce vingt-et-unième siècle, sommes-nous si éloignés de cette attitude qui resterait finalement assez colonialiste, ou du moins autocentrée ? Peut-on sérieusement imaginer ce schéma anthropomorphiste de cultures qui naîtraient, accéderaient à la maturité pour s’y complaire dans une illusion d’immuable permanence, sans envisager le déclin qui hantait pourtant déjà les penseurs des Lumières autrement que dans un Kulturkampf apocalyptique? Dans quelle mesure est-il légitime d’avancer, au contraire, que les cultures, même et surtout au moment où elles renforcent la conscience identitaire d’un groupe humain, baignent dans une interculturalité, ou, pour utiliser la terminologie de Wolfgang Welsch, plus précisément, une transculturalité (ce terme mettant l’accent sur la culture comme processus), tout en interrogeant les éléments convoqués (ainsi que les motivations à les convoquer) pour affirmer cette conscience identitaire) ? De là peuvent découler un certain nombre de questionnements sous-jacents, de notions à préciser—réflexion qui s’est amorcée dans un premier séminaire fondateur avec le CICC (Civilisations et identités culturelles comparées des sociétés européennes et occidentales, Université de Cergy-Pontoise) le 4 février 2011, suivi de plusieurs autres, dont un premier volet du colloque organisé par la Professeur Cynthia Eid à l’Université Antonine au Liban (2 – 3 mai 2012).

Ce colloque sur l’interculturalité se veut donc le couronnement d'un processus, tout en s'inscrivant dans une réflexion qui semble se généraliser en sciences humaines et sociales comme dans les sociétés. Notre angle de réflexion part des sciences humaines notamment par ses recoupements avec les sciences sociales sur ces questionnements, mais également par les différences de perspectives dont nous gagnons à être conscients. La méthodologie de recherche devrait innover par rapport à la forme traditionnelle du colloque, pour s'articuler autour de journées d'étude thématiques, préparées en amont par une documentation partagée.

Ce colloque de conclusion comportera plusieurs ateliers et tables-rondes permettant de présenter les synthèses des séminaires préparatoires, de la théorie aux applications pratiques et inversement, avec pour effet souhaitable une légitimation de la pertinence sociétale de la recherche en sciences humaines et sociales. Convergence de réflexions qui s’élaborent dans les différentes instances partenaires, cette rencontre sera l’occasion de faire interagir quelques figures centrales de ces différentes questions et des regards internationaux. Elle associera des conférences plénières de spécialistes reconnus et des ateliers permettant de faire émerger des regards innovants.

Le texte complet de  cet appel est disponible sur le site web du laboratoire :  Colloque Interculturalités !? 

La proposition pour participer au colloque (250 mots aprox), accompagnée d’un bref CV. doit être envoyée avant le  30 avril  2012.

Une publication est prévue pour 2013.