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Aromates, épices et imaginaire (Inter-Lignes 17)

Aromates, épices et imaginaire (Inter-Lignes 17)

Publié le par Romain Bionda (Source : Bernadette REY MIMOSO-RUIZ)

Inter-Lignes n° 17

Dossier : Aromates, Épices et Imaginaire

 

Consacrer un dossier aux aromates et aux épices revient à remonter le temps pour retrouver les mythes dont ils s’entourent, les rituels et les croyances qui les accompagnent depuis l’Antiquité. L’embaumement égyptien, les liens établis par Marcel Détienne entre mythologie et aromates, la course aux épices et les récits de voyage et de conquête sont autant d’éléments qui relient l’imaginaire à de mystérieuses fleurs, graines et rhizomes dont l’adjonction modifie saveurs et odeurs. Liés à l’évolution du cru vers le cuit, aromates et épices appartiennent au raffinement des cuisines concoctées par l’Orient et attisent d’autant l’imaginaire des Occidentaux qui ne disposent que d’herbes aromatiques et achètent à prix fort poivre, cannelle, safran, muscade…Rome en goûte les délices si l’on en croit Apicius, Venise a su y trouver sa fortune, d’autres, plus modestes, en font commerce. Espagnols, Portugais, Hollandais, Anglais, se lancent sur les mers et, en traçant la route des épices, ouvrent la voie à la colonisation, après que les Croisés ont rapporté le récit des parfums extraordinaires des mets orientaux. Les épices lointaines se mêlent aux viandes des tables royales, des seigneurs avec habileté et enchantent regards, odorat et goût : les sens en sont flattés et les parfums s’inscrivent dans la mémoire en preuve de puissance et de richesse. Plus modestement, lorsque les échanges commerciaux banaliseront leur présence, l’odeur de cannelle, de gingembre, de vanille restent associée à jamais au foyer maternel, au souvenir d’une femme, d’un moment gravé dans la mémoire sensitive.

Épices et aromates franchissent les barrières religieuses colorant les plats juifs, arabes ou chrétiens du Bassin méditerranéen, créant ainsi une communauté gustative à défaut d’une tolérance réciproque. Chacun d’eux se voit attribuer des propriétés curatives, érotiques ou esthétiques comme autant de secrets que l’on se transmet en silence, fruits d’une tradition indissociable d’un espace culturel. Le safran signe de noblesse quand il teinte les étoffes égyptiennes devient l’allié des blondes Vénitiennes ; le poivre, la muscade, la cannelle, noms aux résonances magiques évoquent des îles lointaines et des cieux éternellement bleus : l‘exotisme naît tout d’abord dans les assiettes en Occident…

Les traités culinaires du monde arabe, des rives méditerranéennes puis de toute l’Europe, la littérature de voyage, témoignent de leur rôle social et culturel et du raffinement d’une civilisation, mais aussi d’un appétit de conquête voire d’un appât du gain…avant de devenir sujet des tableaux des orientalistes, ou rêveries de Mardrus dans sa lecture des Mille et Une Nuits.

 

Divers axes de recherche se dessinent (mais ne sont pas limités aux propositions suivantes)

  • Dieux et épices dans l’Antiquité
  • La cuisine au Moyen-Âge (l’apport des Croisades, les traités ménagers…)
  • Les récits de voyage en quête des épices
  • Les symboliques des épices
  • Jardins épices et aromates
  • Épices et religion : le pain d’épices et la naissance du Messie
  • Littérature : aromates et épices dans la dynamique narrative
  • Les épices et aromates en peinture et dans les arts visuels

 

Bibliographie indicative

 

Anonyme, Le Mesnagier de Paris, Paris, Livre de Poche, coll. « Lettres gothiques, 1994.

Marcel Détienne, Les Jardins d’Adonis, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des Histoires », 1972.

·         Chitra-Banerjee Divakaruni, La maîtresse des épices, Marie-Odile Prosbt (trad.) Paris, Picquier, coll. « Poche », 2002.

Jean-Louis Flandrin & Jane Cobbi, Table d’hier, table d’ailleurs. Histoire et ethnologie du repas, Paris, Odile Jacob, 1999.

J-K Huysmans Le drageoir à épices, 1874 (poèmes).

Bruno Laurioux, Manger au Moyen-Âge. Pratiques et discours alimentaires en Europe au XIVe et XVe siècles, Paris, Fayard, coll. « Pluriel », 2013.

Farouk Mardam-Bey, La cuisine de Ziryab. Propos de tables, impressions de voyages et recettes pouvant servir d’initiation pratique à la gastronomie arabe, Odile Alliet (trad.), Aix-en-Porvence, Actes Sud, coll. « Sindbad, 2003.

Daniel Vaxelaire, Les Chasseurs d'épices (1995).

Lilia Zaouali, La Grande Cuisine Arabe du Moyen Âge, Officina Libraria, 2010.

 

Les textes ne dépasseront pas 8000 mots (notes, résumés et bibliographie inclus) et comprendront

  • un résumé en français, en anglais et si possible en espagnol (avec mots-clés)
  • une courte notice biographique de l’auteur (avec ses coordonnées)

 

 

Ils seront adressés avant le 10 juin 2016 à Bernadette Rey Mimoso-Ruiz :

bernadette.reymr@wanadoo.fr  bernadette.mimoso-ruiz@ict-toulouse.fr

Ou par voie postale 

Revue Inter-Lignes

Institut catholique de Toulouse

31, rue de la Fonderie BP 7012

F 31068 Toulouse cedex 7

 

Le comité de lecture se réunira le 10 juin 2016, date butoir de réception des articles, pour recueillir les propositions. Les réponses aux auteurs leur seront adressées à partir du 17 juin 2016.

La publication par les soins des éditions Artège aura lieu en octobre 2016.