Inter-Lignes, 6, 2011 : "Ville(s) et identité(s)"
ISSN 19596995
« Les villes sont des bibles de pierre »
Victor Hugo
L'Air, l'Eau, le Feu et la Terre, ces quatre éléments essentiels à la vie comme à l'imaginaire, se reconnaissent dans le concept de la ville. Résultat d'une nécessité historique (Athènes), commerciale (Ur), religieuse (Jérusalem, La Mecque), politique (Madrid, Brasilia), elle est toujours créée au bord d'un fleuve, à proximité d'un point d'eau ou sur la côte. Dépositaire du « feu sacré » et délimitant un territoire balisé, la ville s'organise dans la convergence du profane et du sacré, de l'activité mercantile et du culte d'un dieu. De cette fusion se dessinent ses contradictions, son organisation sociale, son aporie.
La ville, à l'opposé du village, rassemble une population nombreuse et comporte une organisation spécifique où se mêlent religieux, politique, juridique et économique, car née de la volonté de constituer une société organisée autour de richesses et d'en assurer la protection. Elle accueille ou repousse ceux qu'elle doit abriter, et dans les premiers temps, définit ses propres structures qui assurent son rayonnement et assoient son autorité.
Bâtie par l'homme, espace de civilisation et de société complexe, la ville construit, à son tour, les hommes qui l'habitent, leur donne des caractéristiques, des traditions qui leur sont propres et qui marquent leur identité, au même titre qu'ils ont créé la sienne. Phénomène de réflexivité et patiente élaboration des successions générationnelles, la ville devient pour l'étranger une curiosité où se mêlent crainte et séduction.
De la cité antique à la mégalopole, elle est à la fois objet d'art et sujet de réflexion, tour à tour célébrée, sacralisée ou au contraire, rejetée et diabolisée quand elle devient la concrétisation des vices de l'humanité. Elle forge les identités, parfois jusqu'à l'extrême, façonne la mémoire et fige le temps par la présence des monuments qu'elle détient, mais est aussi capable d'engloutir l'individu dans son tourbillon ou de le rejeter dans ses bas-fonds. Chacun de ces deux visages n'ont cessé de solliciter l'imaginaire pictural, littéraire, photographique et cinématographique, de nourrir la pensée philosophique et, par nature, l'architecture et la sociologie.
Ces quelques pistes ouvrent la voie à des travaux de natures diverses : artistiques, philosophiques, historiques, littéraires et cinématographiques ou encore sociologiques. Autant de disciplines aptes à analyser les liens qui unissent la ville à l'homme pour édifier son identité, la perturber, la détruire ou la reconstruire.
NB : Nous exclurons volontairement de cette publication, les villes « mythiques » qui n'ont d'autres preuves d'existence que celles apportées par le folklore (ville d'Ys), les récits fabuleux (les villes de l'Atlantide) ou fictionnels (Métropolis) qui relèvent d'une autre problématique qui fera l'objet d'un prochain numéro.
Sommaire
Présentation 6
La ville terrain de jeu des utopies
Stéphane LAPOUTGE 15
Paysage et identité. Brisbane une ville, un fleuve
Caroline ZIOLKO 31
La cité avec une empreinte divine : ou Cracovie et ses héros
Monika SALMON-SIAMA 45
Imaginaire social et identité urbaine à propos de la Casbah d'Alger
Djamel BENKRID 63
Imaginaires de la ville de Tanger
Mokhtar BELARBI 77
Saint-Pétersbourg ou l'identité détournée :
Tribunal d'honneur de Dominique Fernandez.
Bernadette REY MIMOSO-RUIZ 93
La ville des autres : une lecture du Rouge et le Noir
Pierre VINCLAIR 111
Parcours sacré et villes profanes dans Pèlerinage d'un artiste amoureux d'Abdelkébir Khatibi
Hassan MOUSTIR 127
Marrakech, le départ de Daniel Sibony : la ville, l'identité et l'écriture
Adina BALINT-BABOS 141
Jean Lahougue ou les variations architecturales
Marie-Anne MACÉ 157
Tahar Ben Jelloun : pour une identité méditerranéenne
Jamal EL QASRI 175
Recension 189
La part de l'oeil. Une ethnologie du Maghreb de France de Slimane Touhami
Les traductions des résumés sont dues, en majorité, à Karine Placquet et Peter Tosney pour l'anglais et à Marie-Christine Seguin pour l'espagnol.
Le numéro est disponible sur demande adressée à
Inter-Lignes
I.C.T.
31, rue de la Fonderie
31000 Toulouse
chèque à l'ordre de l'Institut catholique de Toulouse : 15 € (port inclus)