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Incorporations à la puissance deux. Le corps social et ses phénotypes littéraires

Incorporations à la puissance deux. Le corps social et ses phénotypes littéraires

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Cécile Soudan)

Colloque international organisé par Karin Peters (JGU Mainz/FMSH), Laurence Giavarini (Université de Bourgogne/Grihl), Sophie Houdard (Sorbonne nouvelle-Paris 3/Grihl) et Dinah Ribard (EHESS-CRH/Grihl)

 

Dans le discours de la sociologie française, le concept d’incorporation est un fil récurrent depuis les débuts de l’Année sociologique. Pour l’époque moderne,ce cadre théorique qui était lié à l’intérêt des sociologues pour les processus de socialisation, a ainsi servi à mettre au centre de la réflexion sur les sociétés un principe de contrôle (soit un contrôle des corps, soit un contrôle des affects), contrôle effectué par l’ordre politique et « vécu » par les membres de la société. Plus récemment, cette question a été reprise dans les sciences politiques, les sciences de la culture et les disciplines historiques. Conçue comme une pratique symbolisante, la notion d’incorporation est presque devenue un topos des discours sur la façon dont agit le politique.

Mais qu’en est-il du point de vue des écrits littéraires ? Jon Beasley-Murray montre dans Posthegemony que chaque habitus entraîné produit simultanément de la résistance. Selon lui, dans le processus de soumission des individus à  l’ordre social, un « surplus affectif » rend l’incorporation efficace, mais le même surplus travaille aussi contre elle. Il s’agit donc paradoxalement d’une vertu et d’une énergie propre de l’affect qui arrive à déborder le principe de contrôle. Nous nous proposons donc de réfléchir aux formes que peut prendre le « surplus affectif » dans le domaine de la représentation, littéraire ou autre. Car la littérature, les spectacles, les écrits, voire toute production sémiotique, circulent entre des incorporations et leurs effets contraires : en tant que représentations, elles produisent peut-être cet intervalle.

Par ailleurs, toute pratique symbolisante produit des phénotypes affectifs (Böhme) qui signalent tant les formes de soumission idéologiques que les modes du surplus affectif. Notre colloque sera consacré à réintroduire du politique, dans le cadre d’une réflexion sur l’incorporation, à l’intérieur des perspectives philosophiques et morales récentes sur l’éthique de la littérature. Sans prétendre construire une description nouvelle d’un moment historique en particulier ou un grand récit de l’incorporation sociale sous l’ancien régime (et surtout sans répéter les résultats bien établis de la recherche sur l’histoire du corps), les communications et les discussions devront plutôt permettre d’élaborer de nouvelles questions de recherche : comment penser l’incorporation sociale du point de vue de la littérature ? quel rapport notamment peut-on éventuellement établir entre incorporation, affect et codification littéraire ou poétique ? Enfin quelles relations établir entre représentation, figuration et affect ?

Programme

Vendredi, 26 juin 2015 : (Salle Lombard, EHESS, 96 boulevard Raspail)

09:00 : Accueil des participants.  Introduction

09:30 - 11:00 (Nicolas Schapira, discutant)

Christian Jouhaud : Le corps au contact du pouvoir

Timo Kehren : La fin du grand récit. Le chronotope picaresque face à l’Espagne impériale

11:00 Pause café

11:15 - 12:45 (Mathilde Bombart, discutante)

Vanessa Schlüter : Gaspara Stampa – le corps de la poète et le corps poétique

Louise Piguet : « Je lui dis cela sans réflexion »: le pré-discursif dans l’instruction spirituelle de Mme Guyon

12:45 Dejeuner (Buffet)

14:00 - 15:30 (Sophie Houdard, discutante)
Karin Peters : Modèles affectifs et figurations féminines chez Juan del Encina et Garcilaso de la Vega

Laurence Giavarini : Corps de bergers : lire Norbert Elias avec L’Astrée d’Honoré d’Urfé

15:30 Pause café

16:00 - 17:30 (Alain Viala, discutant)

Léo Stambul : La domination du sublime dans les Réflexions critiques sur Longin de Boileau

Marie Glon : Incorporer la danse en passant par l'écrit. Le projet des "danses gravées" au XVIIIe siècle

 

Samedi, 27 juin 2015 :(Salle 7, EHESS, 105 boulevard Raspail)

09:00 - 10:30 (Alain Cantillon, discutant)

Gesine Hindemith : L’affect final : le suicide politique dans les tragédies de Vittorio Alfieri
Stephan Leopold : Corps, voix, pouvoir. L’incorporation de la souveraineté chez Racine

10:30 Pause café

10:45 - 12:15 (Julien Goeury, discutant)

Dinah Ribard : Corps au travail

Lisa Zeller : L’incorporation de la modernité – incipit et explicit : Les Crimes de l’amour de D. A. F. de Sade et Les Soldats de lumière de Malika El Aroud

12:15 Discussion finale