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Appels à contributions
Imagination environnementale (La Licorne)

Imagination environnementale (La Licorne)

Publié le par Florian Pennanech (Source : Lambert Barthélémy)

La revue La Licorne (Presses Universitaires de Rennes) consacrera son numéro de printemps 2012 à « L’imagination environnementale (art, littérature, cinéma) ». Les contributions, qui ne devront pas dépasser 30000 signes et dont il est souhaitable qu’elles développent une approche synthétique plutôt que monographique, pourront indifféremment concerner les domaines littéraire, artistique, cinématographique ou philosophique. Vous êtes invités à faire parvenir vos propositions à Lambert Barthélémy (lambert.barthelemy@libertysurf.fr) avant le 15 juillet 2010. Les articles seront à remettre pour le 15 avril 2011.

Argument :

Il s’agit de proposer une description et une analyse transversale de l’émergence, depuis trois ou quatre décennies, d’une « imagination environnementale » (Lawrence Buell), laquelle ne constitue pas un simple avatar récent de la pensée romantique de la nature, mais infléchit sensiblement le sens de notre relation à la nature tout en modifiant en profondeur les formes artistiques. En tant qu’imagination de la crise écologique, elle nous demande non seulement de réfléchir à nos pratiques environnementales et de valider un certain nombre de propositions éthiques relatives à l’habitation du monde par l’homme, de manifester par là un souci de préservation, mieux : de (re)valorisation de la nature dans un contexte culturel très largement déterminé par sa dégradation avancée et consentie, voire, selon le mot de Fredric Jameson, par sa disparition « pour de bon » ; mais également de bien vouloir reconsidérer quelques unes des conceptions que nous tenons pour acquises concernant, notamment et pêle-mêle, la nature de la représentation, celle du matériau, l’espace de production et l’espace d’exposition de l’oeuvre, l’acte de réception, le personnage, ou le canon. Double souci, donc, éthique et esthétique qui anime ce « retour » de la nature sur la scène artistique et littéraire. Retour, parce qu’elle en avait très largement disparu depuis la grande crise mimétique de la modernité ; mais retour transfiguré, puisque la nature ne nous revient pas de la même façon : là (dans la fiction narrative) où elle était principalement cantonnée dans une fonction de décor, dans un rôle d’arrière-plan plus ou moins spécifié par la bienveillance descriptive de l’auteur, sur le fond duquel pouvaient se déployer les syncopes échevelées d’une narrativité toute puissante, elle se fait soudain elle-même personnage, concurrence avec vigueur l’activisme humain, organise largement le développement de la fiction, en devient le sujet dynamique ; là (dans les arts plastiques) où elle était presque exclusivement traitée de façon plane (tableau), elle est désormais enjeu de sculpture, selon les modalités du monumental ou de l’éphémère, et de pratiques combinatoires de nature évolutive (installations, environnements…) ; là (en musique) où elle n’avait aucun droit de cité, elle jouit désormais, la devant à John Cage, d’une légitimité entière, laquelle ne s’appuie pas sur une compétence imitative (à la manière de la sixième symphonie, dite « pastorale », de Beethoven, par exemple), mais vaut de façon pleine et déconditionnée.

Il y va donc, essentiellement, de la volonté de questionner des formes ; mais ce questionnement voisinera volontiers avec un travail d’investigation philosophique qui pourrait se pencher sur les différents types d’éthique environnementaliste qui se sont développés depuis les années 60, ainsi que sur la valeur des propositions concrètes de l’écologie politique : qui pourrait retracer l’histoire et dégager les enjeux théoriques et pratiques de la pensée environnementaliste.