Actualité
Appels à contributions
Images (auto)biographiques

Images (auto)biographiques

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Mahigan Lepage)

COLLOQUE « IMAGES (AUTO)BIOGRAPHIQUES »

74e CONGRÈS DE L'ACFAS, UNIVERSITÉ McGILL
MONTRÉAL, 15 ET 16 MAI 2006


Problématique

Si les travaux consacrés à l'écriture de soi et de l'autre sont légion depuis quelque temps, l'image (auto)biographique demeure pour sa part assez peu étudiée. Pourtant, les (auto)portraits, littéraires comme visuels, représentent une composante majeure des divers genres et médiations biographiques et autobiographiques. C'est cette "terra quasi incognita" que nous voudrions explorer, grâce à l'apport de chercheurs venus d'horizons disciplinaires divers (études littéraires, études filmiques, histoire de l'art, "cultural analysis", etc.).

Dessin de la vie aussi bien qu'écriture de la vie (selon le double sens de l'étymon "graphein"), la biographie et l'autobiographie semblent subir d'office l'attrait de la représentation iconique. Riche et ancienne, d'ailleurs, est la métaphore qui associe le biographe au peintre (on la retrouve chez M. Schwob, notamment). Dès l'Antiquité, les auteurs de tombeaux et autres hagiographes ménagent une place non négligeable à l'aspect physique du louangé. Au XVIIe siècle, le portrait littéraire mondain fait de l'image du corps son principal substrat biographique. Au XIXe siècle, la photographie vient remplacer les gravures qui ornaient déjà les livres biographiques et les mémoires. Au courant du XXe siècle, elle deviendra pratiquement un diktat du genre et se multipliera sans retenue dans une certaine biographie à l'anglo-saxonne. Le retour au sujet et au réel amorcé par la littérature au début des années 1980 signera l'apparition de variations et d'agencements inédits. D'une part, des auteurs comme A. Buisine font du portrait littéraire d'écrivain la pierre de touche de la vie et de l'oeuvre du biographé. D'autre part, dessins (A. Savinio, F. Pajak), portraits photographiques (P. Michon, J. Prieur), autoportraits photographiques (A. Ernaux, D. Noguez) sont tantôt reproduits en encart, tantôt intégrés au discours (auto)biographique, avec une ardeur toute nouvelle.

Symétriquement, l'image paraît souvent céder à l'attrait du biographique. Du portrait peint à la "photobiographie" (l'autobiographie en photographies G. Mora, C. Nori), en passant par le "biopic" (le film biographique) et la bande dessinée autobiographique (F. Neaud, M. Satrapi), les médias à prédominance visuelle s'attachent de diverses manières, à chaque époque, à la transposition du vécu.

Par ailleurs, d'un point de vue iconologique, l'image autobiographique renvoie à la notion avancée par L.H. Rugg : "authorship of self-image". Rois, politiciens, écrivains et autres sont bien souvent les premiers auteurs de leur image publique, qu'ils façonnent et développent plus ou moins à leur guise, qui en positif (Ph. Sollers dans toute sa visibilité), qui en négatif (R. Ducharme dans son invisibilité). Ainsi un auteur comme M. Jouhandeau a-t-il pu se dire le sculpteur de son propre visage, comme si l'(auto)portrait était avant tout une construction du modèle lui-même.

Il s'agit, en dernière analyse, de s'interroger sur la pertinence de l'image pour "traduire" la réalité du vécu. Qu'elle côtoie ou investisse le texte dans la biographie et l'autobiographie, ou qu'elle prenne en charge l'essentiel du bios dans les médias à prédominance visuelle, une question demeure : jusqu'à quel point l'autobiographique et l'altrobiographique sont-ils compatibles avec l'iconicité? Plusieurs théoriciens, dont Ch. Grivel et certains collaborateurs des _Cahiers de la photographie_ (1984, no 13 : "La photobiographie"), écartent la possibilité même d'une (auto)biographie en images. Inversement, un (auto)portrait littéraire ou visuel, en raison de sa tabularité et de la stase temporelle plus ou moins marquée qu'il provoque, ne saurait prétendre embrasser tout le "module existentiel fondamental" (D. Madelénat) que constitue une vie humaine de la naissance à la mort. En conséquence, la notion même d'"image (auto)biographique" serait-elle une contradiction dans les termes?

On voit bien les problèmes que soulève d'emblée l'étude de l'(auto)portrait (auto)biographique. En amont, on questionne son "réalisme" (puisqu'il serait toujours préconstruit) ; en aval, son potentiel narratif (puisqu'il serait contraire à la linéarité de l'existence). Pour tenter de cerner cette problématique, voire de redéfinir la relation entre l'image et l'écriture de la vie, nous entendons initier une réflexion théorique sur le concept d'"image (auto)biographique" par le biais de l'analyse des divers avatars de l'(auto)portrait dans des oeuvres littéraires et visuelles à incidence (auto)biographique.

Trois axes de recherche se dégagent de la problématique :

1) l'étude de l'(auto)portrait sous toutes ses formes dans le texte (auto)biographique
2) l'étude de l'(auto)biographique dans les médias à prédominance visuelle (peinture, photographie, cinéma, vidéo, bande dessinée, voire sculpture, installation et autres)
3) l'étude de cas significatifs de construction, très souvent intermédiatique (dans la photographie publicitaire, les journaux, la télévision, les magazines, l'autobiographie, etc.), de l'image de soi.


Propositions

Chaque participant du colloque aura 20 minutes pour prononcer sa conférence. Nous invitons les chercheurs intéressés par la problématique à nous soumettre une proposition du communication titrée, comptant entre 250 et 300 mots, au plus tard le 20 décembre 2005. La proposition doit être accompagnée des informations suivantes :

-nom et prénom
-fonction
-institution d'attache
-adresse postale
-adresse électronique
-numéro de téléphone.

Veuillez envoyer le tout par fichier électronique, en document attaché et sous format Word, aux deux organisateurs du colloque simultanément :

-Robert DION, professeur
Département d'études littéraires
Université du Québec à Montréal
dion.robert@uqam.ca

-Mahigan LEPAGE, étudiant
Département d'études littéraires
Université du Québec à Montréal
mahiganl@yahoo.ca

  • Responsable :
    Robert Dion
  • Adresse :
    Université McGill, Montréal