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Identité et centralité : ce que l'Europe dit d'elle même.

Identité et centralité : ce que l'Europe dit d'elle même.

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Katja Beckel)

Sam 4 avr (10h-13h) et (15h-18h)
Salle André François Poncet, Maison de l'Europe, 35 rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris

Rencontres organisées avec le soutien de la Maison de l'Amérique latine, la Maison
Heinrich Heine et la Maison de l'Europe.


L'identité fait aujourd'hui question dans des champs aussi diversque la subjectivité, la sexualité, la culture, la nation. Elle faitaussi retour sur le mode d'affirmations identitaires défensives quiprétendent clore les interrogations. Afin de poser philosophiquementles débats dans l'espace public, le Collège international dephilosophie organise au long de l'année 2008-2009 un programme derencontres autour de la question Changer l'identité ?
Un samedi par mois, de 10 heures à 13 heures, un directeur de programmedu CIPh ou une personnalité invitée convie deux ou trois conférenciersà exposer leur point de vue, puis à dialoguer entre eux et avec lepublic, sur un thème lié à cette question.

Samedi 4 avril
de 10h à 13h : Maison de l'Europe

Identité et centralité : ce que l'Europe dit d'elle-même.
Comment déplacer la perspective ?
Sous la responsabilité de Ghislaine Glasson Deschaumes, directrice et fondatrice de la revue Transeuropéennes.

Aujourd'hui, l'Europe se projette dans le monde à partir d'un discoursde centralité, elle tisse avec ses voisins des rapports quis'inscrivent dans une logique centre-périphérie. En 1993, l'Europeétait une question, elle était un cap invitant vers « un autre cap »(Derrida). Cet espace de réflexion ouvert avec la chute du Mur a étérefermé par les institutions européennes et les gouvernements desanciens États membres. À nul moment, la chance n'a été offerte aux paysissus de l'ancien bloc de l'est de se mettre en traduction, de relierleur passé au présent européen.
La tabula rasa auxquels ils ont été invités au nom de latransition démocratique « vers l'Europe » a laissé des sociétésamnésiques, qui refoulent une part de leur vécu et de leur histoire.
L'horizon de l'Europe comme projet s'est défait à Sarajevo et dans les guerres d'ex-Yougoslavie.
Il ne s'est pas redessiné avec l'élargissement.
Cette centralité est au coeur de la production identitaire dans lediscours européen. Comment décentrer cette perspective, comment dégagerl'Europe de sa tentation identitaire ?

Avec la participation de :
Denis Guénoun, professeur à l'Université Paris 4 Sorbonne
Kalypso Nikolaïdis, directrice du Centre d'études européennes, Oxford University



Samedi 4 avril : Maison de l'Europe
de 15h à 18h (horaire exceptionnel)

Traductions des frontières, translations de l'identité

Sous la responsabilité de Rada Ivekovic

L'« identité » est quelque chose de provisoire qui tente inlassablementde s'imposer comme fixe, stable et immuable. Or une identité estconstruite, déconstruite, reconstruite. Les identités, figées oufluides, ne se pensent que dans le cadre de frontières qui lesdélimitent et qui répondent à leur description même: une frontière estelle-même quelque chose de provisoire qui tente de s'imposer commefixe, stable et immuable. Tracer des frontières, édifier des identitésest à la fois une stratégie de pouvoir et de subjectivation enrésistance ; elles apparaissent – bien que différemment – aussi biendans les tentatives de dépossession de soi que dans cellesd'affirmation du sujet. Les frontières ainsi que les identités neconcernent pas seulement des territoires géographiques, mais égalementd'autres espaces et dimensions, ainsi que le temps, l'esprit et laraison. Elles sont des opérateurs politiques. « Soft » ou « hard », lesfrontières et les identités traversent les individus, lescollectivités, les embrassent et les dépassent, et invitent à la traduction, à la translation, au transfert.J'appelle alors «traduction» la négociation de la violence nécessairepour changer d'identité, s'y arracher, s'en construire une, ériger ouabattre des frontières.
Traduction contextuelle, s'entend, et non seulement textuelle. La traduction est une traversée des frontières révélant le partage de la raisonqui, lui, appelle la traduction. Cette dernière est à la foisinévitable et impossible. Nous essayerons également de poursuivre lamétaphore langagière pour tout ce qu'elle peut apporter de double sens.

Avec la participation de :
Ilma Rakusa, écrivaine et traductrice, Zurich.
Stephen Wright, ancien directeur de programme au CIPh, critique d'art et chercheur à l'Institutnational d'histoire de l'art à Paris.

Programmation coordonnée par Pierre Lauret