Essai
Nouvelle parution
I. Kertész, Le dossier K.

I. Kertész, Le dossier K.

Publié le par Marc Escola

Dossier K.

Imre Kertész

Editeur : Actes Sud
Publication :4/1/2008

Traduit du hongrois par Nathalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba

Prix éditeur : 19 euros -

Nombre de pages : 208 pages

ISBN : 9782742772384

Après qu'Imre Kertész eut reçu, en 2002, le prix Nobel de littérature, quantité de rumeurs circulèrent au sujet de son existence.

La plupart confondaient la vie du héros d'Etre sans destin avec celle de son auteur. Voilà pourquoi, dans Dossier K. , Imre Kertész révèle ce que son oeuvre occulte. Lors d'un dialogue avec un ami (ou alter ego), l'enjeu devient palpable : la vérité autobiographique existe-t-elle ? Néanmoins, pour le lecteur, la découverte est immense - l'humour et le détachement de l'auteur invitent à le rencontrer sous un autre jour, presque intimement.

Tout en suivant la chronologie d'une vie meurtrie puis ressuscitée, ce "roman platonicien" s'arrête sur des expériences essentielles, celles qui sont à l'origine de l'oeuvre littéraire d'Imre Kertész.


La critique sur [evene.fr], par Thomas Flamerion

ImreKertész en réfère à Platon, son autobiographie dialogique est “unvéritable roman”. Celui de sa vie, celle qui se dessine au détour desréponses qu'il adresse à un interlocuteur, sorte de double à la foispertinent, curieux, parfois complaisant ou provocant. La connivence etles pirouettes rhétoriques amusent, surprennent, habitués que l'on està plus d'austérité chez l'écrivain hongrois. Tant bien que mal, autravers de questions sans réponse et des couloirs de la pensée, Kertészparcourt une vie en quatre temps : sa jeunesse déchirée entre desparents divorcés sous l'occupation nazie, l'internement à Buchenwald,puis l'entre-deux-dictatures - indescriptible mélange d'insouciance etd'angoisse -, enfin l'oppression communiste, aliénante. Il explique laconfiance, cette “magie quotidienne du mal” qui semble l'avoir sauvé.Signe de la providence ? L'écrivain affirme que Dieu est mort. Restentdes souvenirs qui appartiennent à un homme qu'il n'est plus, dit-il, àun romancier qui écrivit le controversé ‘Etre sans destin'.
Sur ladéportation, Kertész élude, le plus souvent. Prudemment, il revient surla question du ressentiment contre les origines, transposé sur l'imagepaternelle. Assimiler Auschwitz au père, l'idée est troublante, Kertészla rejette sur un de ses personnages... Habile esquive d'un écrivainpassé maître dans l'art de porter le masque de la fiction pourdissimuler ses propres plaies. “L'autobiographie se souvient tandis que la fiction crée un monde”,explique-t-il. Son monde, ses souvenirs, il dit les préserver tout ens'oubliant lorsqu'il crée. La manoeuvre semble périlleuse, elle restefloue, et entoure ce ‘Dossier K.' d'une brume persistante. Kertész veutsortir la réalité de la pénombre, pour en parcourir l'absurdité. C'estavec élégance et espièglerie qu'il nous guide et nous perd, qu'illibère des bribes de sa mémoire et le fruit de ses réflexions, alorsqu'au loin, résonnent les accords d'une symphonie de Mahler.