Hoda Charaoui, Out-el-Kouloub, Doria Shafik : genre et littérature francophone en Égypte coloniale (1925 - 1953)
Séminaire Rapports sociaux de sexe dans le champ culturel
Le séminaire de recherches, organisé par Brigitte Rollet, se tient un vendredi par mois, de 18 à 20h, à l'ULIP (University of London Institute in Paris) dans la salle de recherches (4 ème étage), 9- 11 rue de Constantine, 75007 Paris (métro Invalides ou Assemblée Nationale).
Elodie GADEN (Université Stendhal - Grenoble 3 )
Hoda Charaoui, Out-el-Kouloub, Doria Shafik : genre et littérature francophone en Égypte coloniale (1925 - 1953)
Out-el-Kouloub, Hoda Charaoui et Doria Shafik sont trois Égyptiennes qui menèrent un combat social, politique et artistique pour faire advenir la femme sur le devant de la scène. Hoda Charaoui fut la première à enlever publiquement son voile à Alexandrie au retour d'une conférence internationale sur les droits des femmes ; Out-el-Kouloub fut la première à décrire dans ses romans la vie des harems, en prenant le contre-pied des textes orientalistes, et à livrer une fine analyse de la psychologie des femmes arabo-musulmanes ; Hoda Charaoui et Doria Shafik furent les premières à créer des revues féministes d'intérêt sociologique et artistique - L'Égyptienne (de 1925 à 1940) et La Femme nouvelle (de 1947 à 1953) - pour mettre au cause tant l'oppression des femmes que celle des peuples colonisés.
La période qui s'étend de 1925 (date de création de la revue L'Egyptienne) à 1953 (date de fin de publication de La Femme Nouvelle) voit ainsi naître conjointement en Égypte la montée des nationalismes et le début de l'expression des femmes dans la mesure où « le problème de l'aliénation d'une culture cristallise celui de l'aliénation d'un sexe». À cet égard, la revue constitue le lieu possible d'une voie féminine en quête de légitimité.
À partir des oeuvres à la fois romanesque, poétique et journalistique de ces trois grandes figures féminines, on peut interroger le rapport entre genre et colonialisme dans une Égypte colonisée par un Empire britannique perçu comme trop oppressant. Il faudrait également à cette occasion s'intéresser au rôle joué par une langue française choisie par toutes ces femmes pour donner voie à des aspirations sociales nouvelles.