Collectif
Nouvelle parution
Histoire de la librairie française.

Histoire de la librairie française.

Publié le par Marc Escola

Histoire de la librairie française
Patricia Sorel , Frédérique Leblanc , Jean-François Loisy

Paru le : 01/11/2008
Editeur : Cercle de La Librairie
ISBN : 978-2-7654-0966-3
EAN : 9782765409663
Nb. de pages : 719 pages

Prix éditeur : 159,00€

Table des matières:

LIBRAIRE : VERS L'AUTONOMIE D'UN METIER (1810-1945)
Le commerce des livres sous contrôle (1810-1881)
La librairie : un monde contrasté (1810-1914)
La librairie dans la tourmente (1914-1945)

LA LIBRAIRIE : NOUVEAUX CONCURRENTS, NOUVELLES FORMES DE COMMERCE (1945-2007)
De la reconstruction à l'émergence d'une nouvelle dynamique interne (1945-1981)
La librairie face aux transformations du commerce et aux mutations sociales (1981-2007)
Un métier complexe avec sa propre logique (1945-2007)

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Dans le Monde des livres du 25/12/8, on pouvait lire un article sur cet ouvrage:

La mémoire vivante des marchands de livres

LE MONDE DES LIVRES | 25.12.08 | 17h16  •  Mis à jour le 25.12.08 | 17h16










La librairie estavant tout un commerce, et ses animateurs des travailleursindépendants, jaloux de leur autonomie. S'il fallait résumer deuxsiècles d'histoire de la librairie française, tel serait le traitcaractéristique de cette profession : le goût de l'indépendance.

Orcelle-ci semble aujourd'hui compromise. En 1980, dix-huit mois avantl'adoption de la loi Lang sur le prix unique du livre, le quotidien Libération croyait pouvoir affirmer : "La petite librairie sent le cadavre."Presque trente ans plus tard, précisément grâce à cette loi, force estde constater qu'elle vit encore. Mais pour combien de temps ?

Alors que le marché du livre est à l'aube d'une deses plus importantes mutations : la transformation des livres enfichiers numériques, Pascal Fouché, directeur éditorial de cette monumentale Histoire de la librairie française, explique que ces mutations technologiques pourraient bien renvoyer les libraires à la case départ : "On peut se demander si la librairie ne pourrait pas se dématérialiser comme les livres. Le terme d'édition pourrait alors englober la librairie, revenant à la situation d'Ancien Régime,mais avec cette fois la primauté de l'éditeur." Avant la Révolutionfrançaise, en effet, les métiers de libraire, d'éditeur et d'imprimeurétaient confondus.

Napoléon a joué un rôle majeur dansla naissance de la librairie moderne. Par le décret du 5 février 1810"contenant règlement sur l'imprimerie et la librairie", il crée unbrevet qui fixe les codes du métier jusqu'en 1870. Les libraires, ces"marchands de livres", sont clairement distingués des imprimeurs, surlesquels l'Etat pèse de tout son poids. Vingt-six des cinquante et unarticles du décret de 1810 sont consacrés aux délits et aux punitionsque peuvent encourir les professionnels du livre, contre cinq encadrantle métier de libraire. Le texte opère une différence nette entrel'auteur et les diffuseurs d'idées que sont les libraires et lesimprimeurs. C'est sur ces derniers que le pouvoir exerce le contrôle leplus vigilant. Il fixe leur nombre, alors que les libraires sont soumisà la libre concurrence.

Tout au long des XIXe et XXesiècles, pourtant, les libraires n'ont cessé de dénoncer les multiplesconcurrences "déloyales" dont ils s'estimaient victimes. A commencerpar celle des cabinets de lecture, ces "boutiques à lire" où lesclients consultent les livres sans les acheter. Mais aussi celle descolporteurs, des bouquinistes ou encore de la vente directe par leséditeurs. De même, le chemin de fer est stigmatisé : il permet aulecteur de province de s'approvisionner à Paris. Idem avec le sport,qui détourne de la lecture...

Après 1945, ce discours se focalisesur de nouveaux dangers. Sont visés les clubs de livres, la vente parcorrespondance, les drugstores, les grandes enseignes culturelles (laFnac de la rue de Rennes, à Paris, ouvre en 1974), les supermarchés,les journaux qui vendent des livres à leurs lecteurs, et enfin lesnouveaux médias - la télévision et Internet.

Mais les librairesne sont pas seulement des commerçants qui se lamentent devant lesméfaits de la concurrence. Cette plongée dans la librairie française,qui rassemble des documents rares sur l'état de la profession enprovince et à l'étranger, met aussi en avant le rôle de grandes figureséprises de liberté comme Adrienne Monnier, Silvio Trentin, Alexandre Loewy ou François Maspero. Un chapitre passionnant est également consacré à la librairie militante et à son déclin.

Pendantla seconde guerre mondiale, alors que des éditeurs connus n'ont pashésité à collaborer, beaucoup de libraires ont joué un rôle actif dansla Résistance. Ainsi Jeanne Wagner, qui tenait la librairie rue Bonaparte où Geneviève de Gaulle-Anthonioz a été arrêtée en 1943 avec des membres du mouvement Défense de la France, n'est pas revenue du camp de Ravensbrück.

Apropos du conflit algérien, la mémoire collective a conservé lesouvenir des libraires militants qui faisaient "la guerre à la guerre",mais l'étude de la période montre que d'autres libraires, plus nombreuxencore, ont penché en faveur de l'Algérie française.

"Un métier qui n'a pas de mémoire ne peut pas se projeter dans l'avenir", estime Jean-Marie Ozanne.Le patron de la librairie Folies d'encre, à Montreuil, est l'un dessoixante-quatorze coauteurs de cette somme jusqu'ici sans équivalent,et qui devrait permettre aux libraires d'être plus forts pour affronterles défis à venir."

Alain Beuve-Méry