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Héros voyageurs et constructions identitaires

Héros voyageurs et constructions identitaires

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Mireille Courrént)

HÉROS VOYAGEURS ET CONSTRUCTIONS IDENTITAIRES

 

« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » : la citation s’impose comme une évidence, tant le vers de Joachim Du Bellay appartient à notre mémoire collective. Les héros sont des voyageurs, des aventuriers de l’impossible, pourtant de même que le poète français exprime ensuite la douleur de l’éloignement, l’Odyssée débute en rappelant l’infortune d’Ulysse : « Il ne restait que lui à toujours désirer le retour et sa femme… ». Le paradoxe de l’épopée veut que des autres déjà rentrés, il n’y a rien de plus à dire, et que seul le nom d’Ulysse résonne.

Le voyage construit donc une figure possible du héros, alternative au thème de « la belle mort » développé quant à lui dans l’Iliade. Le monde romain n’est pas en reste, grâce à Virgile ; le voyage est alors sans retour et le point d’arrivée, l’accomplissement d’un destin.

Les noms se bousculent, Héraclès, Thésée, Jason, Enée, Persée, par exemple pour les hommes. Et les femmes ? Hélène, Iphigénie, Médée ? La liste n’est pas aisée à établir car les voyages sont de nature diverse et tous n’ont pas les mêmes effets sur le voyageur, sur ses hôtes, ses rencontres et sur la construction identitaire de chacun.

En octobre 2011 la Fondation Hardt et l’Université de Genève proposaient un colloque sur le thème « créer une identité dans l’Antiquité : quand ? comment ? pourquoi ? » dans une perspective historique : identité des cités, des ethnies ou groupes religieux, des catégories sociales ou professionnelles. Florence Dupont, quant à elle, interroge l’identité romaine dans son dernier ouvrage Rome, la ville sans origine.

En faisant appel en priorité aux sources littéraires et à l’iconographie, nous proposons de renouveler les questions historiques qui se pressent derrière la construction de la figure héroïque, modèle ou repoussoir d’une cité, d’un peuple. Interroger le héros voyageur, les soubresauts du récit, la description des rencontres, identifier les effets comiques, ou les écarts d’être et de faire permettront d’approfondir notre compréhension des phénomènes identitaires et d’aborder la récupération du thème du héros voyageur dans les périodes ultérieures en Europe.

Dans ce colloque, les communications porteront sur les grandes figures héroïques transmises par le mythe, la littérature et l’iconographie de l’Antiquité classique et sur les rapports qu’elles entretiennent avec le voyage et la construction identitaire.

            Il s’agira d’abord de cerner la notion même de héros depuis l’épopée, en essayant de comprendre comment se construit une figure héroïque et dans quelle mesure le voyage est constitutif de son statut, et par là de son identité. On pourra se demander alors quels types de voyage  sont mis en scène (voyage initiatique, conquête, exil, fuite…) et quels sont les plus efficients.

            Un deuxième axe de réflexion portera sur la construction identitaire à la fois de l’hôte qui reçoit le héros ou de l’autre qui le côtoie. Forge-t-il sa propre image en rejetant celle du héros ou, au contraire, en se l’appropriant ? Comment l’arrivée du héros ou sa compagnie permet-elle de confirmer ou de transformer l’identité de celui qui lui fait face ? Dans quelles conditions l’expérience du héros profite-t-elle aussi à sa communauté d’origine ?

            Enfin, on soulèvera le problème de la réception, du détournement et de la réutilisation de la figure du héros voyageur dans les siècles postérieurs à l’Antiquité classique. A un moment où, avec les progrès techniques, le voyage n’est plus pensé de la même façon, que devient le héros voyageur ? Quel rôle lui fait-on encore jouer ? Est-il encore impliqué dans un processus de construction identitaire ?

 

            Le colloque se tiendra à l’Université de Perpignan Via-Domitia, les 22 et 23 novembre 2012, sous l'égide des Equipes de Recherche VECT (EA 2983) et CRHiSM (EA 2984). Les propositions doivent être envoyées accompagnées d’un titre provisoire avant le 31 mars 2012.

Organisateurs :

-M. COURRENT, MCF de philologie classique, VECT (courrent@univ-perp.fr).

-G. JAY-ROBERT, MCF de langue et littérature grecques, VECT (jayrober@univ-perp.fr).

-C. JUBIER-GALINIER, CRHiSM, MCF histoire de l’art et archéologie grecques, CRHiSM (cecile.galinier@univ-perp.fr).