Agenda
Événements & colloques
Harem et hammam : les romancières maghrébines contemporaines et La Femme Orientaliste

Harem et hammam : les romancières maghrébines contemporaines et La Femme Orientaliste

Publié le par Natalie Maroun (Source : Organisatrice)

La prochaine séance (double) du séminaire aura lieu le vendredi 25 février janvier de 18h à 20h30 avec

Christine Detrez (ENS Lyon) et Abdoulaye Imorou (Cergy Pontoise)

Christine Detrez (ENS Lyon): Harem et hammam : les romancières maghrébines contemporaines et La Femme Orientaliste

Quand on leur demande pourquoi elles écrivent, nombreuses sont les romancières algériennes et marocaines qui répondent qu'il s'agit pour elles de récupérer la parole, de prendre la « main » sur une représentation longtemps imposée de l'extérieur, celle de la femme orientale, qu'il s'agisse de peintures ou de littératures. Mais paradoxalement, cette image fait désormais partie de leur héritage, voire a façonné les vocations littéraires de celles qui ont été scolarisées en France, ou à l'école française. C'est à partir d'une enquête menée auprès d'une soixantaine de romancières contemporaines, publiant en France, en Algérie et au Maroc que seront explorées les façons dont, entre refus et appropriations, détournements et subversions, ces romancières composent aujourd'hui avec ces stéréotypes, mais également avec ceux auxquels les confrontent les maisons d'édition, notamment françaises, et les critiques littéraires.

Abdoulaye Imorou (Université de Cergy Pontoise): Eternel féminin et littérature post-coloniale : continuité ou rupture ?

Un certain nombre de productions post-coloniales se livrent à une déconstruction de figures types. La sentence qui affirme qu'en Afrique un vieillard qui meurt c'est une bibliothèque qui brûle a ainsi cédé à la plume de Alain mabanckou. Dans le même ordre d'idée, ni le fou, ni l'aveugle ne sont plus systématiquement clairvoyants. Cette déconstruction des figures archétypales semble viser à libérer l'individu de tout déterminisme en suggérant qu'il n'y a pas de qualité - ni de défaut - qui soit l'apanage exclusif d'un type particulier. Or, les mêmes productions continuent d'user de la figure de l'éternel féminin, même si, le plus souvent, elles n'en conservent que les caractéristiques jugées positives. Dans Fury, par exemple, Neela Mahendra est la lumière par laquelle Malik Solanka parvient à échapper à ses démons. Ailleurs, les femmes représentent le seul espoir qui reste à l'Afrique : « Toloki remarque que partout où ils s'arrêtent, les femmes ne sont jamais sans rien faire. Partout, elles font quelque chose de leurs mains, la cuisine, le raccommodage. […] Les hommes de leur côté, se perdent dans des mesquineries, et dans leur suffisance ».

Cette communication se propose de questionner les usages post-coloniaux de l'éternel féminin. Si la figure est conservée, les implications, les significations, les non-dits restent-ils les mêmes ? Cet usage de l'éternel féminin ne risque-t-il pas de charger les seules femmes du poids de l'avenir à construire et de précipiter - voire de justifier - chez les hommes la fuite des responsabilités ? Comment cette figure se situe-t-elle par rapport aux autres figures de la femme ou encore aux usages qui en étaient faits à l'époque coloniale ?

Entrée libre dans la limite des places disponibles
ULIP, 9-11 rue de Constantine, métro/RER Invalides ou Assemblée Nationale