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Groupe Mu. Quarante ans de recherche collective

Groupe Mu. Quarante ans de recherche collective

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Maria Giulia Dondero)

« La rhétorique du Groupe Mu est sans conteste l'une de grandes rhétoriques de ce siècle, au même titre que celles de Fontanier et de Du Marsais, par l'intégration de la vision nouvelle, structurale, du langage naturel à la vieille problématique du style et de ses figures » Michel Meyer

Argument

Les travaux du Groupe µ ont toujours été considérés comme fondamentaux dans différents champs de la recherche en sciences humaines et du langage (sémiotique, sémiotique visuelle, rhétorique, analyse de la littérature, etc.), tant pour leurs propositions théoriques innovatrices que pour les méthodologies qu'ils induisent. Parmi les premières, il faut mentionner, non seulement la redéfinition de la rhétorique classique à partir de la sémantique structurale, mais aussi l'un des rares modèles systématiques d'une sémiotique des images qui existent à ce jour. D'un point de vue méthodologique, il suffit ici de mettre en avant le caractère hybride de l'analyse par le moyen de l'exemplum, qui permet de se situer entre le textualisme et le cognitivisme.

Ayant tôt jeté un pont entre sciences du sens et rhétorique, le Groupe de Liège a progressivement introduit des préoccupations esthétiques, socio-communicationnelles et cognitives fécondes dans une théorie sémiotique qui, jusque là, était restée surtout formelle. Entre le pragmatisme philosophique peircien et l'idéalisme structuraliste européen, il fraie ainsi une troisième voie aux études sur le sens et la signification, en proposant des positions épistémologiques jamais réductionnistes.

La courageuse ouverture qui caractérise les théories sémiotiques du Groupe µ provient sans nul doute de la multidisciplinarité de ce dernier. Car si, comme on le dit fréquemment, la sémiotique a pour vocation de faire dialoguer les sciences humaines entre elles, c'est par sa propre pratique que le Groupe l'a démontré : en effet, tout au long de son travail, il a su intégrer un faisceau très ample de questionnements, sans se retrancher derrière des prises de positions protectionnistes. Cette ouverture provient aussi, assurément, de la spécificité la plus connue de ce Bourbaki des sciences humaines : le caractère collectif de sa démarche. Cette collégialité n'est pas seulement une stimulante méthode : c'est aussi et surtout le reflet d'une large ouverture d'esprit : au sein du Groupe, s'est élaboré une alliance féconde entre style de travail et accueil à l'altérité. On note d'ailleurs que le Groupe a souvent constitué un point d'articulation pour des écoles sémiotiques qui n'ont que très peu dialogué entre elles : la sémiotique liégeoise n'a-t-elle pas construit des relations avec la sémiotique d'Eco, avec l'école canadienne, et avec celle de Greimas ?

En raison de ce rôle joué de premier plan par le Groupe µ, un colloque consacré à son activité au long de quarante années (colloque qui ne saurait avoir lieu que dans la ville éponyme du Groupe de Liège) devrait aussi permettre une réflexion sur l'avenir de la sémiotique ainsi que de la rhétorique moderne, sur leur état de santé, sur les convergences et les divergences qui les construisent.

Sections  :

— Transformations d'un parcours

— Interdisciplinarité, intersémioticité

— La vocation collective de la recherche sémiotique

— La rhétorique de l'argumentation : une possible convergence ?

— Les dimensions du rhétorique