Questions de société
Grève à durée indéterminée à l'École Normale Supérieure (Sud Étudiant - 03/03/11)

Grève à durée indéterminée à l'École Normale Supérieure (Sud Étudiant - 03/03/11)

Publié le par Bérenger Boulay

Grève à durée indéterminée à l'École Normale Supérieure

Sud Étudiant - 03 mars 2011

Depuis huit semaines, les personnels précaires de la cantine de l'ENS de Paris sont en grève reconductible pour protester contre leurs conditions de travail et réclamer leur titularisation ainsi que des augmentations de salaire et l'ouverture d'enquêtes sur des cas de harcèlements, parfois accompagnés de licenciements abusifs.

Ces salarié-e-s accumulent depuis plusieurs années les C.D.D. (plus de six ans pour certain-e-s) tout en assurant au sein de l'établissement des fonctions pérennes. Leurs salaires sont scandaleusement bas et n'ont connu aucune évolution, alors même que les réductions d'effectifs entraînent chaque année un accroissement de la charge de travail, encore accentué par certaines ambitions de la Directrice de l'établissement. Depuis plusieurs années en effet, l'ENS est très soucieuse de sa visibilité internationale, accueille de plus en plus d'étudiant-e-s et n'hésite pas à sacrifier des postes de titulaires nécessaires en cuisine, ménage, etc., pour les remplacer par des postes supplémentaires de professeurs, en recourant à l'externalisation ou aux C.D.D. à répétition pour les tâches les moins « nobles ». De façon générale, la gestion de l'établissement est catastrophique depuis quelques années, c'est pourquoi de nombreux/ses précaires de tous les services, et même des titulaires, ont protesté et protestent encore contre la politique de « prestige » de l'établissement et les dégâts qu'elle provoque au quotidien.

Face à un mouvement social en cours depuis maintenant 4 mois, la Direction refuse d'entendre les revendications et méprise ouvertement les grévistes ainsi que les étudiant-e-s solidaires. Le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sollicité à de nombreuses reprises refuse lui aussi de prendre en compte la situation et ne daigne même pas recevoir une délégation. La Direction tout comme le Ministère choisissent donc de laisser pourrir le mouvement, et le chemin pris par l'administration de l'École est celui de la censure et de la répression.

En effet, depuis l'annulation injustifiée de la conférence de Stéphane Hessel qui devait avoir lieu le 18 janvier, et contre les activités du Collectif Palestine ENS autant que contre le mouvement social, la Direction souhaite interdire toute manifestation « à caractère politique » au sein de l'établissement (conférences, réunions, etc.), au mépris des libertés d'expression et de réunion. Cette censure politique est déjà condamnée par la justice, puisque suite à l'interdiction sans motif de la tenue dans l'École d'un cycle de conférences consacré à la question israelo-palestinienne organisé par des élèves, le Tribunal Administratif, auprès de qui avait été présentée une requête, a jugé que : « La directrice de l'ENS, dans l'exercice de ses fonctions a porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de réunion qui constitue une liberté fondamentale ». Ces agissements sont dans la droite ligne de la politique de la Direction qui depuis des années bafoue le droit syndical, notamment en refusant l'octroi de locaux et de matériel. Une prochaine conférence de presse intersyndicale sur la précarité dans la fonction publique, prévue à l'ENS le 9 mars, est elle aussi menacée.

Solidaires Fonction Publique et SUD-Étudiant soutiennent les personnels, élèves et professeurs engagé-e-s dans cette action, et condamnent les atteintes aux libertés d'expression et de réunion ainsi qu'au droit syndical en cours à l'ENS.