Questions de société
Grand emprunt: sous couvert

Grand emprunt: sous couvert "d'excellence", une catastrophe imminente, par H. Audier (SLR 12/04/10)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur SLR, le lundi 12 avril 2010:

Grand emprunt : sous couvert « d'excellence », une catastrophe imminente

Par Henri Audier

Nous allons vers une catastrophe annoncée et imminente, en comparaison de laquelle la LRU n'est qu'une bluette : la mise en oeuvre du grand emprunt avec les campus dit « d'excellence » et les procédures complémentaires, tout aussi pernicieuses, sur la recherche.

Le premier chamboulement de nos secteurs (Pacte, ANR, AERES, LRU) avait principalement pour but de démolir les organismes. La phase actuelle, le deuxième chamboulement, correspond à une prise en main directe du pouvoir sur toutes les orientations stratégiques. Pour ce, le gouvernement se sert des structures qu'il a lui-même créé comme tremplin pour aller beaucoup plus loin, quitte ensuite à les amoindrir.

Ainsi l'ANR visait à enlever aux établissements le financement des laboratoires, tout en orientant la recherche par thèmes. Aujourd'hui, l'ANR garde les « projets blancs » pour que les établissements restent affaiblis, mais le rôle d'orientation passe aux Alliances qui coiffent les organismes.

Le grand emprunt est une étape décisive de ce pilotage utilitariste de la recherche. Il se fixe 5 priorités « rentables », les finance par appel d'offre de comités nommés Cunégonde, Nicéphore ou Théodule, et compense les dépenses de l'emprunt en prélevant sur tous, par le budget, les sommes ainsi alouées. Et ce dans le contexte de diminution des emplois de titulaires qui est programmé.

Pour les universités, cela se traduit par la multiplication des fondations, donc par un affaiblissement du rôle des CA et CS, et avec un fonctionnement presque exclusif sur appels d'offre extérieurs. Mais cela va beaucoup plus loin. Les « campus d'excellence », au mieux, se surimposeront aux universités et aux PRES, les cliveront en leur sein, au pire. Plusieurs rapports commandités par la ministre s'en prennent ouvertement à l'actuel mode de gouvernance des universités, trop démocratique ( !!!), et aux « PRES-Titanic ». Une LRU2, bien pire encore que la première, est en route.

S'il est bien de résister sur un certain nombre de problèmes, la PES pour les uns, la mastérisation pour d'autres, il conviendrait de s'opposer plus fortement à ce processus quasi-totalitaire. Ce d'autant que, risquant d'être battue en 2012, la droite va accélérer le processus de façon à le rendre difficilement réversible.

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