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Grammaires de l'écoute. Sur la mémoire après le trauma (Paris 8, en ligne)

Grammaires de l'écoute. Sur la mémoire après le trauma (Paris 8, en ligne)

Publié le par Université de Lausanne (Source : LLCP-Paris 8)

Séminaire de la Chaire Internationale de Philosophie Contemporaine de l’Université Paris 8
(en anglais)
 
María del Rosario Acosta López (Université de Californie à Riverside)
Grammars of Listening : On Memory After Trauma

Mercredis 16h00-18h00. 8 séances : 10 Mars - 12 Mai 2021 (pause les 28 Avril et 5 Mai)
Wed. 4:00-6:00 pm. 8 sessions : March 10 - May 12 2021 (break on April 28 and May 5)

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ID de réunion / Meeting ID  : 988 3917 1696
Mot de passe / Passcode : PHILO

 

Ce séminaire s’interroge sur les types de "grammaires" qu’il faudrait inaugurer pour rendre audible ce qui, autrement, reste inaudible et inouï, conséquence de ce que nous analyserons comme des "formes traumatisantes de violence" - dans leur capacité à silencier, à effacer, à cacher et à nier leurs propres effets bouleversants. Par "grammaires", nous entendons les cadres de sens au sens large - qui prennent ici tout leur sens en termes de sens et de signification, conceptuelle et autre. Par conséquent, s’interroger sur ces grammaires, c’est se demander comment redistribuer radicalement le sens afin de subvertir les cadres qui décident à l’avance de ce qui "mérite" d’être audible, mémorisable, critiquable - ou non. En espagnol, je les appelle "gramáticas de lo inaudito", car le mot "inaudito" désigne à la fois ce qui n’a pas été entendu et ce qui est inouï, c’est-à-dire ce qui n’a pas (encore) été rendu audible et ce qui est éthiquement inacceptable. Le séminaire retracera le lien étroit entre les deux : c’est précisément parce que la violence traumatique inaugure des formes de dommages sans précédent - des formes de dommages absolument inouïes et qui défient donc notre imagination éthique de manière radicale - que nous ne disposons pas encore des grammaires pour les aborder correctement et les rendre audibles, encore moins intelligibles ou même crédibles. Nous aborderons le sujet en nous interrogeant d’abord sur le "traumatisme" d’un point de vue philosophique, en nous interrogeant sur le type de défis qu’il pose à nos conceptions de l’expérience, pour ensuite nous interroger sur les conditions de possibilité de sa représentation, de sa mémorisation et de son indexation historique - c’est-à-dire sur les conditions de possibilité d’une forme d’écoute plus radicale. L’art jouera un rôle essentiel dans ce contexte, et nous étudierons comment les œuvres d’art résistent à l’oubli et inaugurent des grammaires qui rendent audible ce qui a été rendu inaudito (nous apporterons des exemples d’Amérique latine, dans des contextes de violence politique où nous trouvons des formes radicales de silence et d’effacement).

This seminar inquires into the kinds of “grammars” that would need to be inaugurated in order to render audible what otherwise remains unheard and unheard-of as a consequence of what we will analyze as “traumatic forms of violence” – in their capacity to silence, erase, hide and deny their own shattering effects. By “grammars” we will understand frameworks of sense broadly speaking – taking sense here both in terms of the sensible as well as in terms of meaning, conceptual and otherwise. Accordingly, to ask about these grammars is to ask how to radically redistribute sense in order to subvert the frameworks that decide in advance what “deserves” to be audible, memorable, grievable—or not. In Spanish I call them “gramáticas de lo inaudito,” since the word “inaudito” points both to the unheard and the unheard-of, namely, what hasn’t (yet) been rendered audible and what is ethically unacceptable. The seminar will trace the close connection between the two : it is precisely because traumatic violence inaugurates unprecedented forms of harm – forms of harm absolutely unheard of and which thus challenge our ethical imagination in radical ways – that we do not yet have the grammars to approach them properly and make them audible, much less intelligible or even believable. We will approach the subject by asking first about “trauma” from a philosophical perspective, inquiring into the kind of challenges it poses to our conceptions of experience, in order then to move into questions around the possibilities of its representation, memorialization and historical indexation – that is, into the conditions of possibility of more radical form of listening. Art will play an essential role in this context, and we will study ways in which works of art resist oblivion and inaugurate grammars that make audible what has been rendered inaudito (we will bring in examples from Latin America, in contexts of political violence where we find radical forms of silencing and erasure).

María del Rosario Acosta López est Professeure titulaire du Département d’Études hispaniques de l’Université de Californie à Riverside depuis 2019. Elle est Docteure de philosophie de l’Université nationale de Colombie et était Professeure Assistante de l’Université des Andes à Bogota avant d’enseigner aux États-Unis en tant que Professeure Assistante de philosophie à l’Université DePaul. Elle enseigne et mène des recherches sur l’esthétique, la théorie critique, la philosophie politique et, plus récemment, sur les études décoloniales, en mettant l’accent sur les questions de mémoire et de traumatisme dans les Amériques. Acosta dirige également des ateliers sur la mémoire libératrice, s’occupe des questions de mémoire historique dans des contextes de justice transitionnelle et a travaillé avec des survivants de la violence politique, en Colombie avec des communautés survivant à la violence paramilitaire et plus récemment à Chicago avec des survivants de la torture policière.
Ses publications les plus récentes sont consacrées à l’esthétique de F. Schiller, l’esthétique de la résistance dans l’art latino-américain, les perspectives décoloniales sur la mémoire et l’histoire ainsi que sur l’injustice et la violence épistémiques. Elle travaille actuellement à la révision finale de son prochain livre, Gramáticas de lo inaudito : pensar la memoria después del trauma (Herder, 2022), et à l’édition de deux livres à paraître, l’un en espagnol sur la communauté chez Hegel, Nancy, Esposito et Agamben (Narrativas de la comunidad : de Hegel a los pensadores impolíticos), un autre en anglais, The Unstoppable Murmur of Being-Together, co-écrit avec Jean-Luc Nancy et le Groupe sur le droit et la violence. Un livre sur le projet politico-esthétique de Schiller, provisoirement intitulé Aesthetics as Critique, est également en préparation.

María del Rosario Acosta López is Full Professor at the Department of Hispanic Studies in UC Riverside since 2019. She obtained her PhD in Philosophy in the National University in Colombia and was Associate Professor of Philosophy at Los Andes University in Bogota before moving to the United States as Associate Professor of Philosophy at DePaul University. She conducts research on Aesthetics, Critical Theory, Political Philosophy, and more recently on Decolonial studies, with emphasis on questions of memory and trauma in the Americas. Acosta also conducts workshops on liberatory memory, is involved with historical memory issues in transitional justice contexts, and has worked with survivors of political violence, in Colombia with communities surviving paramilitary violence, and more recently in Chicago with police torture survivors.
Her most recent publications are devoted to F. Schiller’s aesthetics, aesthetics of resistance in Latin American art, decolonial perspectives on memory and history, and epistemic injustice and epistemic violence. She is currently working on the final revisions of her next book, Gramáticas de lo inaudito : pensar la memoria después del trauma (Herder, 2022), and on the final editions of two forthcoming books, one in Spanish on community in Hegel, Nancy, Esposito and Agamben (Narrativas de la comunidad : de Hegel a los pensadores impolíticos), and one in English, The Unstoppable Murmur of Being-Together, co-authored with Jean-Luc Nancy and the Group on Law and Violence. A book on Schiller’s aesthetical-political project, provisionally titled Aesthetics as Critique, is also in preparation.

Lectures principales / Main readings  :

  • Acosta López, M.R. “Gramáticas de lo inaudito as Decolonial Grammars : Notes for a Decolonization of Memory,” in Alejandro Vallega (ed.) Philosophy and Liberation in Latin America, a Primary Source Reader (London : Bloomsbury, forthcoming).
  • Freud, S. “Beyond the Pleasure Principle,” in The Standard Edition of the Works of Sigmund Freud, vol. 18 (London : Hogarth, 1953).
  • Benjamin, W. “The Storyteller”, Illuminations : Essays and Reflections (NY : Schocken, 1969) : 83- 110.
  • Hannah Arendt, Origins of Totalitarianism, Chapter 12 and 13 (Harcourt, 1973) : 389-480.
  • Cavarero, A. Relating Narratives. Storytelling and Selfhood (NY : Routledge, 2000), “The Vocal Body,” Qui parle, 21(1) (2012) : 71-83 and Horrorism : Naming Contemporary Violence (NY : Columbia UP, 2009) (selections).
  • Dorfman, A. Death and the Maiden (New York : Penguin Books, 1991) [“Being Robbed of One’s Voice : On Listening and Political Violence in Adriana Cavarero” in Political Bodies : Writings on Adriana Cavarero’s Political Thought, P. Landerreche Cardillo and R. Silverbloom eds. (Albany : SUNY Press, forthcoming).]
  • Llosa, C. La teta asustada (film) [Theidon, K. “The milk of sorrow,” Canadian Women Studies, 27:1 (2019) : 8-16.]
  • García Márquez, G. One Hundred Years of Solitude (selected fragment) [Acosta López, M.R. “One Hundred Years of Forgotteness : Aesth-Ethics of Memory in Latin America,” Philosophical Readings, Special Issue on Philosophy in Colombia, XI:3 (2019) 163-171.]
  • Acosta López, M.R. “Art as Resistance to Erasure : on Fragmentos by Doris Salcedo and Duelos by Clemencia Echeverri”, in Lina Britto and Ricardo López-Pedreros, Colombia Revisited (2 vols) (NY : Routledge, forthcoming).
  • Encina, P. Hamaca Paraguaya (film) [Acosta López, M.R. “Hamaca Paraguaya de Paz Encina (notas sobre la resistencia de la memoria)”.]