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Appels à contributions
Germanica N° 57

Germanica N° 57 "Ordre et désordrer à table"

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Bernard Bach)

Université Lille3

Appel à contribution Germanica N°57 "Ordre et désordre à table"

 

La société allemande du troisième millénaire est une société d’abondance, l’offre alimentaire y est pléthorique, elle compte quelques 170.000 produits[1]. L’environnement social, les tendances à la mode, l’idéal de sveltesse, l’alimentation biologique, la responsabilité écologique, le souci de la santé du corps, agissent sur les comportements alimentaires, sur le rapport qu’entretiennent les Allemands avec la nourriture. Ce que les hommes mangent, la manière dont ils préparent les aliments, les moments où ils mangent, le fait de manger seul ou avec d’autres est déterminé par des facteurs psychologiques, sociaux, économiques, culturels. Les rythmes de vie de la société contemporaine, l’exigence de mobilité professionnelle, l’omniprésence des moyens de communication contribuent, eux aussi, à modifier la culture alimentaire des contemporains.

En dépit des évolutions sociétales et de l’accélération des rythmes de vie, l’acte de se nourrir, le repas, continue de tenir une place essentielle dans la vie. Au cours du repas tandis que mets et mots circulent, ce sont aussi les codes culturels d’une société ou d’un milieu qui se transmettent. Dans les scènes de repas le rapport des personnages à la nourriture révèle toujours plus que ce qui est représenté. Se nourrir n’est pas seulement un besoin élémentaire, c’est l’expression première du désir, qui humanise la relation à la nourriture et donne le goût de la vie.

Dans tous les genres littéraires le rapport à la nourriture, sous les formes les plus variées, recèle non seulement une valeur matérielle mais aussi métaphorique. L’acte de manger ensemble oscille en permanence entre le besoin de se maintenir en vie et l’expression symbolique des formes du vivre ensemble. Manger est un acte individuel mais aussi collectif, intime mais aussi social, physique, mais aussi symbolique. Si dans la littérature allemande contemporaine la représentation des scènes de repas semble en perte de vitesse[2], la thématique du rapport à la nourriture sous les modes du rapport au corps, à la santé, à l’esthétique, à l’interdit alimentaire, au jeûne, reste bien présente.

Dans la production littéraire des trente dernières années, on explorera les représentations du « manger ensemble ». Le repas partagé est un acte social, il obéit à des règles. On sera attentif à l’ordonnancement des personnages autour d’une table, aux relations ouvertes ou cachées qui peuvent se tisser autour de la table, aux attitudes qui peuvent exprimer des conventions culturelles : politesse, distance, respect, reconnaissance, mais aussi aux différences sexuées dans les comportements alimentaires. Le motif du repas, notamment en tête à tête, peut signifier les rapports entre deux personnes. Les multiples facettes d’une relation de couple, l’attirance sexuelle, la séduction, la résistance, la sublimation, peuvent s’exprimer sur le mode alimentaire. La représentation des habitudes alimentaires peut aussi viser les appartenances culturelles. On ne négligera pas l’exploration de la littérature interculturelle riche de ce point de vue.

Dans l’analyse du rapport à la nourriture, on sera attentif aux techniques et stratégies narratives, à l’usage des métaphores, au mode d’écriture. On envisagera l’acte de manger non seulement comme l’expression de rapports de pouvoir, mais aussi comme l’expression d’appartenances sociales, culturelles, sexuelles, religieuses. On n’oubliera pas les tabous, les interdits alimentaires, les rapports perturbés à la nourriture, l’anorexie, la boulimie. On explorera ce qui apparaît comme de nouvelles habitudes alimentaires dans la société contemporaine.

Il s’agirait en somme d’envisager la représentation du rapport à la nourriture et des pratiques alimentaires sous leurs dimensions culturelle, sociale, humaine, esthétique, spirituelle, symbolique, rituelle, religieuse, et de préciser ce qu’elles révèlent des changements sociaux qui affectent la société allemande contemporaine et des valeurs dominantes de l’époque.

 

Les propositions de contribution (une quinzaine de lignes), accompagnées d’une bio-bibliographie, sont à envoyer à Bernard Bach (bernard.bach@univ-lille3.fr) et Annick Carlier (annick.carlier@univ-lille3.fr) pour le 30 décembre 2014 au plus tard. Les propositions envoyées seront soumises au conseil de rédaction qui décidera de l’acceptation.

La publication du numéro est prévue pour décembre 2015, les manuscrits devront parvenir au conseil de rédaction au plus tard au 15 septembre 2015.