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Genèse du roman moderne dans le domaine du savoir

Genèse du roman moderne dans le domaine du savoir

Publié le par Jean-Louis Jeannelle (Source : orla.smyth@wanadoo.fr)

Le groupe d'études inter-universitaire
Genèse du Roman moderne dans le Domaine du Savoir



vous invite à une journée d'études que aura lieu le 15 novembre 2002 à l'Université du Havre sur le thème:

Roman et savoirs : les changements épistémologiques et l'émergence des sciences humaines 1650-1850

En tant qu'artefact discursif, le roman développe ses techniques de représentation dans une période où le domaine du savoir subit une réorganisation interne profonde. Alors que s'effectue le passage de la philosophie naturelle vers les sciences de la vie et enfin aux sciences dites dures et aux nouvelles sciences humaines, ce qui constitue la réalité intelligible - ses éléments constitutifs ainsi que les lois qui la régissent - fait l'objet d'un important travail de redéfinition. C'est la représentation de ces changements qui s'infiltre dans le domaine culturel par le biais de textes narratifs adressés à des communautés de lecteurs. A chaque étape de leur dissémination, ces narrations cherchent simultanément à solliciter, et à créer, un consensus. Dans notre monde post-structuraliste ou postmoderne c'est le scepticisme épistémologique qui a suscité l'intérêt des historiens de la culture ainsi que celui des littéraires, un scepticisme qui constitue l'arrière-fond de ces changements, qui survit pour hanter les grands systèmes philosophiques du XVIIe siècle et qui fait son retour triomphal par son expression matérialiste et empiriste au XVIIIe. C'est dans ce contexte que la distinction entre la représentation "factuelle" et "fictive" a été interrogée avec le plus de pertinence. Lors de cette journée d'étude nous nous proposons d'approfondir l'enquête sur l'intelligibilité narrative, sur sa construction et ses implications, en examinant les différentes modalités de la représentation du réel, aussi bien dans des textes qui se veulent "factuels" que dans ceux qui se proposent en tant que fictions. Nous nous pencherons également sur la manière dont le "fait" comme le "fictif" dépendent, pour être intelligibles, des paradigmes existants lors même qu'ils ont pour but d'innover et d'effectuer des changements.



Le roman moderne, la forme narrative qui au moment même où elle brouille ou essaie de brouiller la distinction entre le fictif et le réel, abandonne l'idéal pour se consacrer au réel, occupe une place de première importance dans ce contexte. De par son exclusion de la classification générique classique et humaniste et sa particularité en tant que forme narrative en prose, le roman s'avère particulièrement poreux et sensible au champ discursif en mouvement dans lequel il est produit, diffusé et lu. Si dans la période couverte par nos analyses, on assiste à la désagrégation de la « littérature » en tant que « totalité du savoir » ou « ensemble des activités de l'esprit » et la spécialisation des différents domaines de savoir, on sait par ailleurs que ces changements s'effectuent en parallèle avec la mutation du roman, longtemps décrié, vers le centre du domaine « littéraire »[i]. La légitimité du roman dépend de plus en plus de son statut d'un discours particulièrement apte à analyser la nature humaine et l'expérience du fait social. Néanmoins, en France comme en Angleterre, ne décèle-t-on pas aussi une revendication d'autonomie par rapport aux exigences des savoirs attenants ? L'évolution du roman ne doit-elle pas être historicisée relativement à l'ensemble des transformations épistémologiques qui l'accompagnent? Comment comprendre la dynamique de l'échange réciproque qui régit la représentation narrative de l'individu et de l'environnement pendant cette période formatrice? Si "l'effet du réel" dépend d'une codification, comment comprendre l'ensemble des rapports entre les différents domaines du savoir selon les termes de cette codification?



Intervenants : James Livesey (Trinity College Dublin), Jan Herman et Mladen Kozul (Université Catholique de Louvain), Jean-Pierre Cléro (Université de Rouen), Anne Fastrup (Université de Copenhague)

Une table ronde est prévue pour un débat sur les modalités d'une collaboration entre chercheurs et groupes de recherches européens dont l'objet d'étude est le roman du XVIIIe siècle.


Pour des informations supplémentaires veuillez adresser un courrier à

Jeffrey Hopes: Jeffrey.hopes@univ-lemans.fr

ou Orla Smyth: Orla.Smyth@univ-lehavre.fr